- Notre projet est fait avec les Tunisiens et non pour eux, car des partis politiques qui se font autour d’une personne n’ont plus d’avenir !…
- La scène politique prévalant actuellement peut être comparée à une mauvaise pièce de théâtre jouée sans public.
Fondé en avril 2018, l’association « 3ich Tounsi », se voulait comme étant à but non lucratif. Son objectif annoncé, au départ, était de faire reprendre espoir aux citoyens tunisiens après tant d’années dures à vivre, plus particulièrement après 2011.
Mais une année après, que de chemin parcouru. « 3ich Tounsi », n’est plus cette initiative aux contours flous. C’est devenu un vrai projet de société aux dents longues et aux desseins de plus en plus clairs et précis.
Et comme dit le proverbe, l’appétit vient en mangeant, le collectif a grandi. Ses ambitions avec. Et il ne cache plus ses velléités quant à un avenir politique dans le sens pur et dur du terme. Pour faire le point de la situation, nous avons pris attache avec Selim Ben Hassen, président de « 3ich Tounsi, un homme de 39 ans, passionné par ce qu’il fait, mais à l’esprit pragmatique et carré. Il sait, surtout, ce qu’il veut et où il va. Interview…
Univers News : Comment est né le collectif « 3ich Tounsi » et pourquoi ?
Selim ben Hassen : Ayant fait des études en droit et affaires publiques, je me suis toujours intéressé à tout ce qui touche mes compatriotes tout en réfléchissant à ce qui peut bien changer en mieux le cours de leur vie. Un changement qui devrait être obtenu, non pas par la révolution, mais par les réformes et les actions collectives.
Pour concrétiser ces idées et les mettre en pratique, j’ai procédé, non pas par les études théoriques, mais par l’écoute des gens. Ainsi, j’ai passé cinq ans à écouter les gens et à les comprendre.
Et le résultat ? Qu’avez-vous compris ?
Le constat criard que j’ai observé est qu’il y a deux Tunisie. Une majorité de Tunisiens qui ont des difficultés pour vivre et d’autres qui profitent de la situation, de la faiblesse de l’Etat et des services publics. Il s’agit, donc, de retrouver un Etat fort au service des citoyens. Sans lobbies et sans clientélisme et loin de l’idée du « prestige de l’Etat ».
Après avoir écouté et compris, nous sommes passés à l’action en décidant de créer « 3ich Tounsi ». J’ai donc mis au point ce projet dont je suis le fondateur et l’auteur du concept. Mais j’ai tenu à me tenir, relativement, en retrait afin que le produit soit mis en avant.
Nous avons dit aux Tunisiens : Nous allons faire les choses avec vous et non pour vous. Et ils ont apprécié, car ils en ont marre des partis politiques qui se font autour d’une personne et se mobilisent pour lui.
Par contre, nous proposons des idées et un projet concret. En quelque sorte, nous offrons aux Tunisiens une aventure collective ?
Et le groupe de votre projet, comment s’est-il formé ?
Sur le chemin de notre aventure, nous avons rencontré beaucoup de gens qui croient en notre projet. Maintenant que nous sommes davantage médiatisés, les gens focalisent sur deux ou trois personnalités, mais en réalité, nous sommes beaucoup plus nombreux.
Il y a certes, un noyau dur de cinq personnes, en l’occurrence, Selim Ben Hassen, Aïda Dogui, Anas Soltani, Safouane Trabelsi et Olfa Terras, mais nous avons, aussi, environ 1500 personnes qui agissent sur le terrain à travers les 24 gouvernorats du pays et auprès de nos ressortissants à l’étranger.
Comment vous êtes perçus par les gens ? Et quels sont vos projets futurs ?
Sincèrement, nous sommes convaincus que les gens voient en nous une bouffée d’oxygène dans un climat de désespoir dans le sens où nous leurs tenons un discours et un langage de Tunisiens à Tunisiens pour discuter de notre avenir commun et d’essayer d’y trouver les solutions idoines.
Nos projets ? Nous allons avancer. D’ailleurs, nous avons tellement avancé et bien avancé que ce n’est plus le moment de s’arrêter ou de reculer. Ainsi, on a relevé une douzaine de points soumis aux Tunisiens par le biais de notre feuille de route qui a récolté, déjà, plus de 300 mille signatures. On va les laisser continuer à choisir.
Et si d’ici la fin du mois de juin prochain, ils seront, au moins, 400 mille signataires, nous nous transformerons, carrément, en initiative politique.
C’est-à-dire ?
Et bien, le projet sera politique avec une probable participation aux prochains rendez-vous, notamment ceux électoraux, sachant que nous sommes conscients des difficultés qui nous attendent, à commencer par les polémiques, les diffamations et autres dénigrements qui ont déjà démarré. Mais nous tenons à faire savoir que nous sommes parés à toutes les éventualités avec des plans bien étudiés.
Pour terminer, comment qualifiez-vous la situation politique actuelle en Tunisie ?
Je qualifierais la scène politique prévalant actuellement d’une mauvaise pièce de théâtre jouée sans public. Et j’ajouterai que cela ne fait pas honneur à la Tunisie qui ne mérite pas cela. Et c’est, justement, pour cela que nous sommes là…
Entretien conduit par : Noureddine HLAOUI