Pour l’Histoire, Jamel Khasshokgi, opposant au régime de la péninsule arabique a été dupé, exécuté, au fait on ne sait pas comment, avant d’être déchiqueté, et vaporisé, puisque son corps a disparu dans la nature.
Le crapuleux assassinat du dissident Jamel Khasshokgi dans un consulat saoudien en Turquie, a procuré à tout le monde bien de grains à moudre au début du mois d’octobre à peine couché. Mais quelque temps après, moins d’un trimestre, l’ouragan provoqué par sa disparition s’est très vite essoufflé, intérêts économiques obligent. Les maîtres du monde, l’oncle Sam, le pays où les droits de l’homme sont nés, et beaucoup d’autres puissances occidentales du vieux continent, fièrement ambassadrices des valeurs de paix se sont presque tue, révélant au monde une image ignoble de l’insolence de la realpolitik, et, soit-dit en passant, leur ‘complaisance’, et leur silence abandonnent d’une manière indirecte les militants des droits de l’homme aux bouchers à la main des régimes totalitaires et à la folie des tyrans.
Pour l’histoire aussi, Jamel Khasshokgi, n’est pas le premier ‘rebelle’ que le régime wahhabite fait disparaître. Bien d’autres avant lui, se sont fait taire d’une manière ou d’une autre. La liste des personnes victimes dont la monarchie qui de tout temps viole les droits de l’homme, s’est débarrassée est assez longue, et en voici quelques noms des plus célèbres : commençons par Nasser Saïd le fondateur de l’Union populaire de la péninsule arabique, opposant, connu depuis les années 50 du siècle dernier disparu à Beyrouth en 19779 sans la moindre trace. Citons aussi le prince Sultan Ben Turki, kidnappé à Genève en 2003 et rentré en Arabie après l’avoir anesthésié. Un autre prince, Turki Ben Bandar Al Saoud, ancien chef de police, n’a plus donné de ses nouvelles depuis 2015. Un autre membre de la famille royale, sans grand grade s’est lui aussi volatilisé depuis 2015 pour ses idées contraires à la politique de Mohamed Ben Salmane. On ne peut pas passer sous silence le calvaire de la militante Loujain AlHathloul, célèbre pour sa prise de position en faveur de la femme saoudienne notamment dans l’affaire du permis de conduire. Arrêtée et libérée plusieurs fois depuis 2014, elle est emprisonnée depuis mai 2018, pour une histoire montée de toutes pièces. Et la liste est longue puisqu’ils sont au moins une centaine de personnes à connaître ces adversités…
Que peut-on attendre de tous ces pays donneurs de leçons au monde en matière de l’homme ? Au fait, au fond ils ne sont que des membres abstraits d’une chorale dont la voix est à peine perceptible et qui simule les blâmes et les accusations. Ceux-là mêmes, n’ont-ils pas, pour des sacs innombrables de dollars, anéanti des pays entiers, et ramené à l’âge de pierre des peuples qui vivaient bien, et se limiter avec beaucoup de feinte et de déguisement à fabuler une colère ou une déception. Il y a, de par le monde, des millions de gens comme Khasshokgi, et franchement ils ne doivent pas se sentir bien dans leur peau car ils ne sont plus à l’abri de toute agression. Grâce à la comédie, grâce à la fausseté de l’occident les opposants pacifiques aux régimes totalitaires, ils seront condamnés à ne plus donner leurs opinions pour dénoncer les oppressions, ni même pour critiquer le moindre régime. Il y va de leur avenir attendu ce silence face à ce qui semble être clair comme l’eau de roche, un lâche crime d’Etat. Les uns, pour leurs comptes bancaires, et les autres, par peur pour leur intégrité physique, n’osent plus élever la voix.
Voilà où va le monde, voilà comment se comportent les nations sensées protégées les Droits de l’Homme. La honte, car les pays sectaires, totalitaires, absolus… ne doivent qu’apprécier encore plus ce silence comploteur et synonyme d’entente secrète.
Mohamed Ali Ezzine