TUNIS – UNIVERSNEWS – Le conflit entre les syndicats sécuritaires et le ministère de l’Intérieur provoque des craintes chez le citoyen. Cette fronde est inquiétante et montre combien le sentiment de puissance peut conduire certains à une dérive qui risque de faire beaucoup trop de mal à pays qui vit au rythme des crises à succession.
Comment peut-on croire qu’en Tunisie que des sécuritaires puissent se considérer plus fort que le ministère de tutelle et qu’ils donnent la pire image de ce pays qu’ils doivent, en principe, protéger et vénérer. Mais, les syndicats sécuritaires ont choisi de passer le Rubicon et opté pour la fronde dans laquelle il est certain qu’ils seront les perdants.
L’affaire de l’appareil secret d’Ennahdha n’est pas encore réglée et il semble que son ombre plane sur ce qui se passe, aujourd’hui. Certes, ce qui se passe est, encore une fois, l’une des séquelles du règne du mouvement islamiste, depuis plus de dix ans, mais, comme on connait la structure du pouvoir en Tunisie, il sera impossible que ce parti maléfique puisse reprendre le pouvoir un jour, même s’il utilise la dizaine de milliers de sécuritaires qu’il a recrutés, après « la révolution ». Et, pour le ministre de l’Intérieur, c’est l’heure de faire le ménage, et de débarrasser les forces sécuritaires des infiltrés, avant qu’il ne soit trop tard.
La porte-parole du ministère de l’Intérieur, Fadhila Khélifi, a évoqué la question de la fronde des syndicats sécuritaire qu’elle a décrite comme des atteintes à la sécurité. Elle a souligné que le ministère ne tolérera pas et ne lésinera pas sur l’imposition du respect des exigences de la mission des sécuritaires et le respect des institutions, soulignant en même temps que le ministère accepte le travail syndical dans le cadre du respect de la loi et des constantes du travail de sécurité.
Elle a déclaré qu’un certain nombre d’unités sécuritaires avaient été autorisées à intervenir et à retirer 31 tentes des syndicats de sécurité installées devant les locaux de la sécurité, dans diverses régions du pays après l’échec des négociations avec elles pour les lever pacifiquement. Elle a expliqué qu’ils ont cherché l’escalade dans les protestations contre ce qui ces syndicats jugent une restriction de leur travail par l’autorité de tutelle à un moment où les critiques se poursuivent, l’accusant de commettre de nombreuses transgressions.
Elle a souligné qu’il y avait eu de nombreux abus de la part des syndicalistes en sit-in contre les unités de sécurité qui ont ôté les tentes, notamment dans la région de Sfax, où les syndicalistes ont utilisé des gaz paralysants, et qu’à leur tour, les membres des unités sécuritaires concernées ont répondu en utilisant des gaz lacrymogènes.
Jeudi, lors d’une conférence de presse, le ministre de l’Intérieur Taoufik Charfeddine a critiqué les syndicats de sécurité, les accusant de commettre de nombreux abus. De son côté, le président de la République, Kaïs Saïed, sentant le danger des syndicats sécuritaires, avait appelé, le 10 août dernier, à les unir en une seule structure, suite à la polémique qui a accompagné le retrait de sécuritaires affiliés aux structures syndicales du spectacle de Lotfi Abdelli au Festival de Sfax.
Saïed a souligné que le droit syndicat des sécuritaires est un droit constitutionnellement reconnu, mais, sans le droit de grève, selon la nouvelle constitution. A cet effet, il avait considéré que le refus de sécuriser une manifestation est une grève déguisée et un manquement au devoir professionnel, selon sa déclaration.
F.S.