Comme prévu et annoncé, le nouveau projet politique, dit de Youssef Chahed, a fini par voir le jour en ce dimanche 27 janvier 2019 lors d’un meeting populaire tenu dans la ville de Monastir, désormais symbole du bourguibisme, au milieu d’un foule estimée aux alentours de cinq mille personnes. Certains disent qu’en réalité, il y avait près de 2500 présents. D’autres vont jusqu’à prétendre qu’ils étaient huit mille !
Puis, surprise, la dénomination du nouveau parti s’est transformée en « Tahia Tounes ». Slim Azzabi a beau dire que ce nom, du reste fort controversé, provient de la volonté de la base, mais cette appellation figurait, déjà parmi trois propositions soumises au vote par SMS aux présents sur les lieux. Or, des témoins affirment que de nombreux participants, emmenés par bus des différents coins du pays, ne savaient même pas pourquoi ils se trouvaient sous la tente géante !
Bref, le choix de cette appellation a soulevé un tollé général aussi bien chez la classe politique que parmi les internautes à travers les réseaux sociaux. Et à part, bien entendu, les fans de Chahed and Co, la critique était générale de cette appropriation de ce slogan, crié par toutes les Tunisiennes et les Tunisiens, par une formation politique.
Chacun et chacune à sa manière, ils étaient nombreux à tourner en dérision le nom du parti et le manque flagrant d’imagination. On citera parmi ces critiques, l’ancienne ministre de la Jeunesse, Majdouline Cherni, la députée et dirigeante au sein de Nidaa Tounes, Wafa Makhlouf, le chroniqueur maître de la satire, Haythem Mekki, Radhia Jerbi présidente de l’Union nationale des femmes tunisiennes et le responsable de la communication au sein de la centrale syndicale, Ghassen Ksibi.
On parle d’un nouveau parti…. Or, à 90 pour cent, il est composé par les mêmes noms de Nidaa et qui appartiennent, en réalité à divers courants de destouriens, de RCDistes, de syndicalistes… Il se fonde sur les mêmes principes : rassemblement de la famille centriste, moderniste, progressiste, démocratique avec le référentiel bourguibien….
Mais cette fois-ci avec les implications condamnables des rouages de l’appareil de l’Etat dans le sens où les membres du gouvernement usaient de leur influence et leur autorité morale pour intimider les responsables régionaux, conseillers municipaux, délégués, omdas, etc., à venir assister aux meetings.
Quant à Youssef Chahed, présent-absent, aux meetings, il est « dignement » représenté par ceux qui chapeautent les réunions et à leur tête Slim Azzabi. Ce dernier, qui a volé la vedette à Mustapha Ben Ahmed, véritable initiateur de la Coalition nationale, s’est montré, en fin de compte, trop limité et sans imagination.
Au meeting de clôture, Azzabi lisait son texte à partir d’une feuille. Pire encore, il a répété, une dizaine de fois « Youssef Chahed », « le chef du gouvernement ». Il est allé jusqu’à mimer le slogan, vidé ensuite de tout son sens, « entre la corruption et la Tunisie, j’ai choisi la Tunisie » ou encore, « tous nous serons debout pour la Tunisie »…
Cela nous rappelle, les ministres et autres responsables du temps de Ben Ali qui, lorsqu’ils ne savaient pas quoi dire, ils lançaient le terme magique, à savoir : « Comme a dit l’artisan du changement ». D’ailleurs, le terme « Tahia Tounes « a été recommandé, pour la première fois, par Ben Ali qui, un certain 7 novembre 1987 du haut du balcon du ministère de l’Intérieur, avait recommandé à la foule, qui scandait « yahia Ben Ali », de crier plutôt : « Tahia Tounes » !!!…
Quant au contenu et au programme de ce nouveau parti, on n’en sait absolument rien du tout, à part les slogans rabâchés par toutes les formations se disant de la « famille moderniste, centriste,…….. »
En tout état de cause, l’impression générale veut que ce parti a été fondé grâce à des moyens, moralement, illégaux dans la mesure où il a été conçu à partir de la Kasbah et par la garde rapprochée du chef du gouvernement ». Une première dans les annales politiques. Peut-être à l’échelle mondiale !
D’ailleurs, Slim Azzabi, lors de son passage à Midi show, prié de dire quelles sont les réalisations du chef du gouvernement, il s’est contenté de dire qu’il « est jeune, propre, qu’il lutte contre la corruption, et …plus rien ».
La logique des choses veut qu’un leader politique forme un parti et fait tout pour arriver au pouvoir par les urnes en vue d’appliquer son programme. Or, Youssef Chahed est actuellement au pouvoir et gère les affaires du pays depuis près de deux ans et demi, sans qu’on constate le moindre fait saillant. Et même les prémices d’améliorations dont il se targue, auraient pu être réalisées par un autre chef de gouvernement sachant qu’il est là où il est à La Kasbah par accident et par la volonté de BCE.
Car, constitutionnellement parlant, rien ne lui permettait d’être nommé en tant que chef du gouvernement. Il s’agit là d’une vérité que personne ne peut contester.
Dans le même ordre d’idées, il est significatif de voir un témoignage, résumant l’impression d’un grand nombre de politiciens et d’observateurs, fait par un politique chevronné et une compétence reconnue, en la personne de Yacine Brahim qui a dit en substance, tout récemment :
«Chahed a créé la mentalité des vendus. C’est un chef de gouvernement qui fait des holdups sur les partis politiques en s’accaparant leurs compétences, il les nomme en pensant que c’est lui qui le fait alors que ce sont les partis politiques qui les ont proposés, sous le couvert de l’union nationale et de l’intérêt de la patrie. C’est un chef de gouvernement désigné par le président de la République, issu d’un parti politique, et qui sans le chef de l’Etat, il n’existe pas !».
Et de marteler : « Qu’était Youssef Chahed ? On était ensemble dans le même parti politique, il était incapable de faire un programme politique, économique et social. Il n’a aucune expérience dans la direction et s’est retrouvé propulsé au rang de chef du gouvernement grâce à Béji Caïd Essebsi qui l’a nommé à ce poste… ».
Maintenant que le parti est né, la porte est ouverte à tous les pronostics. C’est-à-dire qu’il peut percer comme il peut sombrer. Sauf que si la nouvelle formation politique a pu voir le jour, c’est en grande partie par la faute de Hafedh Caïd Essebsi et de son père, Béji Caïd Essebsi, président de la République.
En effet, tant que HCE refuse de quitter la barque de Nidaa, ce parti va se vider encore de ceux qui résistent encore la famille démocrate restera divisée et Y.C. en profitera pour dire qu’il est le champion des Tunisiens qui mènent le combat
A-t-on oublié que Hafedh Caïd Essebsi a failli faire voler en éclats Nidaa lorsqu’il était promu à présider sa liste à Tunis. Et, à ce moment-là, BCE avait compris le message et a fait écarter son fils de ladite liste.
La grande question qui se pose, désormais, est la suivante : Quand les Caïd Essebsi, père et fils, comprendront-ils que pour sauver ce qui reste des « meubles », il est impératif de faire partir HCE ?
C’est une condition sine qua non pour préserver des chances et contrecarrer les visées de l’Islam politique !…A bon entendeur, salut !
Anouar Ben Taïeb