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«L’AMT a prouvé son alignement politique en s’acharnant à faire retourner Béchir El Akremi à son poste. C’est son seul souci… »
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« En consultant les dossiers de l’assassinat de Chokri Belaïd et Mohamed Brahmi, j’ai constaté des manquements et des violations graves dans les procédures… »
Le premier président de la Cour de cassation, président de l’Instance provisoire de contrôle de la constitutionnalité des projets de lois et membre du Conseil supérieur de la magistrature (CSM),
Taieb Rached, a été, dans la soirée d’hier lundi 23 novembre 2020, l’hôte de l’émission «Rendez-vous 9», sur Attessiâ TV, pour revenir sur la bataille qu’il livre à l’ancien procureur de la République près le Tribunal de première de Tunis, Béchir Akremi.
« Il ne faut pas parler d’accusations, a indiqué d’entrée M. Rached, mais de simples allégations faites par Béchir Akremi, avant d’enchaîner qu’il y oppose des faits concrets preuves à l’appui. En effet, plus de 80% des biens énumérés dans le rapport dressé à mon encontre par Béchir Akremi, ne sont pas les miens… ».
« Il parle d’un terrain agricole de 45ha alors qu’il s’agissait d’un lopin de terre agricole d’un seul hectare acquis depuis 2001 et cédé en 2006. Affirme le premier président de la Cour de cassation avant d’assurer qu’il avait déclaré mes biens à l’INLUCC et qu’il n’a rien à cacher », assure le magistrat.
Evoquant la fameuse immunité judiciaire que M. Akremi tient à lui enlever, Taïeb Rached l a affirmé qu’il est allé voir le juge d’instruction en tant que citoyen lambda. Je ne me suis jamais accroché à cette immunité. « Et puis ce n’est à Béchir El Akremi, qui a soulevé l’affaire de demander la levée de l’immunité, mais c’est plutôt au juge d’instruction d’en décider, ou pas ».
Répondant aux questions relatives aux accusations portées à l’encontre d’Akremi dans les affaires des assassinats de Chokri Belaïd et Mohamed Brahmi, il a souligné qu’en consultant les dossiers, il a remarqué des manquements et des violations de procédures à propos desquelles il a attiré l’attention de la justice. Le juge a, dans ce sens, précisé que l’inspection générale a pris en charge le dossier depuis le 28 octobre dernier, à la suite de sa plainte.
Le président de la Cour de cassation s’étonne que Béchir Akremi n’ait jamais été inquiété alors qu’il fait l’objet de nombreuses suspicions, s’étonnant qu’il.
a indiqué que les violations sont l’objet de quinze plaintes et d’une autre au pénal, précisant qu’elles pourraient être à l’origine du limogeage de Béchir Akremi. Il a ensuite affirmé Il a expliqué que l’affaire portée contre lui par le comité de défense de Nabil Karoui après sa libération est aberrante, notant que la pression sur la justice constatée depuis des années est nocive et que la libération de quiconque ne doit pas être accompagnée d’interprétations et d’accusations. « Laissons les juges faire leur travail, la justice ne doit pas être mêlée à la politique. On m’accuse quand on arrête, puis on m’accuse encore quand on libère. Cela devient difficile à supporter. Un juge doit pouvoir travailler sans pressions », a-t-il poursuivi.
Taieb Rached a affirmé que la tradition et la logique veulent que les divergences entre les juges ne doivent pas être étalées au grand public et que des parties ont fait exprès de les ébruiter pour servir certains intérêts.
Il a reconnu, également, que c’est le «mouvement dans le corps des magistrats qui a provoqué de nombreux remous et entraîné des menaces de la part de celui qui a demandé la levée de l’immunité. Celui-là (Béchir Akremi) avait beaucoup regretté que l’homme d’affaires Chafik Jerraya fasse l’objet de poursuites, certaines personnes se considèrent au-dessus de la loi » a-t-il ajouté.
Revenant sur la mutation de la juge Ichraf Chebil, épouse du chef de l’Etat, il a assuré que sa mutation a eu lieu conformément aux règles d’usage, mais jamais en tant qu’une vengeance vis-à-vis du président de la République.
Le président de la Cour de cassation a accusé, ensuite l’Association des magistrats tunisiens (AMT) de servir des agendas politiques en usant de fortes pressions et de tentatives d’éviction à l’égard du nouveau procureur de la république. « L’AMT a prouvé que son unique problème reste la mise à l’écart de Béchir El Akremi qu’elle a comparé à un séisme le jour de la prise de cette décision par le CSM.
Taieb Rached a enfin appelé le chef de l’État, le chef du gouvernement, le ministre de la Justice et les partis politiques à tout mettre en œuvre pour que la magistrature regagne ses titres de noblesse et son prestige tout en offrant aux juges les conditions nécessaires pour exercer la profession dans les meilleures conditions possibles.
Noureddine HLAOUI