- J’appelle à à des investigations approfondies afin de jeter la lumière sur ces revers et d’en déterminer les responsabilités.
- Un emprunt d’un milliard de dollars situe le coût additionnel à 3300 millions de dinars d’intérêts supplémentaires, avec cette notation
- Ces revers successifs sont une pure démolition des efforts menés depuis 1994 afin de doter le pays d’une notation lui permettant d’accéder au marché financier international
TUNIS – UNIVERSNEWS – Face à la dégradation de la note souveraine de la Tunisie à Caa2 a, carrément, ahuri et estomaqué, des anciens responsables –surtout financiers- qui avaient porté haut l’étendard de la Tunisie.
L’un de ces éminences grises de la finance tunisienne est Taoufik Baccar qui peut se prévaloir d’avoir fait monter la note de la Tunisie à A- lorsqu’il avait occupé des postes de responsabilités, en particulier, en 2007. Il a réagi avec véhémence, dans un post sur sa page Facebook, en appelant à délimiter les responsabilités.
« Pour avoir été responsable à des degrés divers de la notation souveraine du pays et de ses sorties sur le marché financier international tout au long de mes fonctions de ministre du Développement, puis de ministre des Finances et, enfin, de gouverneur de la Banque centrale (BCT)… Pour avoir pu avec des cadres dévoués de la BCT dont je cite Habib Sfar, feu Brahim Hajji, Mohammed Salah Souilem, Samir Brahimi, Badreddine Barkia… améliorer la notation souveraine du pays jusqu’à la porter au grade À-… Et pour avoir réalisé les meilleures performances de l’histoire des émissions tunisiennes sur le marché financier international et en particulier en 2007 lors de la sortie sur le marché japonais du Samouraï, sortie qui a été sanctionnée par une marge très réduite de 0.75% pour une maturité de vingt ans… Je déplore la dernière dégradation de la notation souveraine du pays par l’Agence de notation Moody’s, -la 9ème intervenue depuis 2011- sans aucune réaction conséquente de la part des autorités et je considère que ces revers successifs sont une pure démolition des efforts menés depuis 1994 afin de doter le pays d’une notation lui permettant d’accéder au marché financier international. Il s’agit là d’un véritable crime à l’égard de l’économie du pays, de ses finances publiques et de la souveraineté financière de la Tunisie, car, personnellement, j’ai toujours préféré rendre compte aux marchés qu’aux institutions financières dont l’agenda n’est pas toujours transparent.
J’appelle à cet égard à des investigations approfondies afin de jeter la lumière sur ces revers et d’en déterminer les responsabilités.
J’ai, à plusieurs reprises, attiré l’attention sur les mauvaises politiques publiques qui ont des graves conséquences sur la situation économique et financière du pays. A ce titre une évaluation approximative du coût additionnel d’un emprunt d’un milliard de dollars dû à la baisse de la notation du pays comparativement aux conditions du dernier emprunt contracté avant 2001, c’est à dire celui de 2007, situe ce coût additionnel à 3300 millions de dinars d’intérêts supplémentaires, en supposant évidemment que le pays puisse encore lever des fonds sur le marché .
Je dois rappeler à cet égard que j’ai attiré l’attention des autorités, depuis plusieurs années sur l’importance de ces questions allant jusqu’à proposer dans mon dernier livre «Miroir et Horizon: rêver la Tunisie», une stratégie afin d’amorcer le processus de reconquête de la notation souveraine du pays, un processus qui sera long et qui requiert des préalables ».