-
Il a la possibilité de prendre des risques que la majorité des hommes politiques ne pourraient pas.
Dans un post rendu public sur sa page Facebook, Olfa Rhymy Abdelwahed apporte un témoignage significatif sur la valeur et les compétences de Marouane Abassi, gouverneur de la Banque Centrale de Tunisie et sur ce qu’il peut faire pour le sauvetage de la Tunisie en cette conjoncture.
Au vu de la pertinence du contenu de ce témoignage, nous le reproduisons en intégralité :
« J’ai l’intime conviction que cet homme est l’une des issues les plus viables pour le président de la République.
Monsieur Marouane Abassi a insisté pour préserver l’indépendance de la BCT. En aucun cas, il ne s’est laissé manipuleré ou intimider. Droit dans ses bottes, il n’a de loyauté que pour son pays. M.A entretient d’excellentes relations avec les instances monétaires mondiales, d’où sa capacité de nous sortir d’affaires sans dégâts.
Cet homme est un grand défenseur des relations gagnant-gagnant avec nos voisins immédiats. Loin des manigances et des turpitudes politiques, cette grande compétence n’a de soucis que pour son pays. Il a déjà fait beaucoup. Le président le sait et l’apprécie.
Voici un article que j’ai publié en 2019 sur le Huffington post.Je réitère le souhait de le voir aux côtés du président à servir notre pays.
…
Mi-figue, mi -raisin, je suivais hier soir les débats politiques qui, sporadiques et absurdes, partaient dans tous les sens, quand une info est tombée, relatée par beaucoup de médias sans pour autant soulever l’intérêt qu il faut.
Et là une citation de Camille Claudel me vint à l »esprit
« Là où ils iront, j’irai, là où ils n’iront pas j’irai aussi »
Il s’agit de la décision de la Banque Centrale de transmettre à la justice les transferts s de fonds louches.
Loin de moi l’intention de rendre des jugements à la place de la cour de justice , mais cette démarche m’a interpellée car elle déclare la fin de la récréation pour ceux qui ont cru que la révolution leur a permis l’expropriation du pays de ses lois, ses législations et de son éthique dans une impunité totale doublée d’ une frilosité affligeante de quelque responsables appartenants à la préhistoire, où l’interférence de la chose politique dans les stratégies économiques et monétaire était justement monnaie courante -pour rester dans les sous –
C’est aussi la déclaration de la restauration du pays de droit et la fin d’une ère de chaos et d’immunité gagnée par des allégeances douteuses.
C’est à mon sens la fin d’une Tunisie -paradis fiscal ou plaque tournante des hors – la loi de tous genres.
La citation de Camille Claudel m’a fait réfléchir sur l’action de son gouverneur. Ce garçon droit dans ses bottes. Cette compétence tunisienne hors pair, n’ayons pas peur des mots
Ce Sisyphe des temps Tunisie à qui nous demandons de faire remonter le pays de la pente, tout en nous appliquant, coeurs et âmes, à le faire sombrer.
Nous lui demandons de redresser le dinar, de faire reculer l’inflation et de redresser la balance commerciale en refusant de bosser et créer des richesses, en prenant des créneaux économiques vitaux en otage, en barrant des routes, en fermant des usines pour un oui ou pour un non. En optant pour la paralysie du pays comme forme de militantisme.
En mettant le pays, consciemment ou inconsciemment à la merci de tous les aléas et à la solde des puissances mal factrices.
Je suis admirative devant ce jeune gouverneur qui a quitté un poste des plus prestigieux pour se battre sur tous les fronts.
Des lois rigides jusqu’à cette nouvelle race de Tunisiens qui se plaisent dans la stagnation, en passant par des politiques amateurs et arrivistes.
Il a le courage de ses idées mais aussi de celui qui n’a rien à perdre mais surtout rien à gagner, sauf peut-être, le sauvetage in-extremis de la Tunisie.
« Il a résisté aux appels du FMI concernant une nouvelle hausse des taux. Il a aussi défié les prévisions sombres et réussi à maintenir le taux d’inflation à 7.5 %. Ce sont là des réalisations importantes dans le contexte tunisien « , lit-on dans un article de Bloomberg publié le 24 décembre 2018.
Je ne suis pas très forte en chiffres, mais je retiens que cet homme, réputé pour sa distance vis à vis des partis politiques, a réussi à acquérir un nouveau statut de la Banque Centrale. Cette indépendance lui donne une bonne marge de manoeuvre qui a, entre autres, permis la traduction en justice dont j ai parlé au tout début.
Marouane Abassi aura comme l’a très bien expliqué Sarah Yates, chercheuse pour le Fond Carnegie pour la paix, la possibilité de prendre des risques que la majorité des hommes politiques ne pourraient pas.
Monsieur Abassi a tranché définitivement avec l’esprit de fatalité de son prédécesseur et continue à chercher des solutions. C’est un chercheur et un trouveur aussi. La diaspora vous le dira.
Mais aussi nos voisins, pays frères, amis et limitrophes.
Je ne vais pas m’étaler davantage sur les qualités de l’homme. Mais son courage vis à vis de notre nonchalance et notre inconséquence m’impressionne et sa volonté d’écarter les politiques de son cheminement me touche, car jamais vue auparavant.
Et si on laissait ce garçon travailler ?
Et si on faisait encore mieux, si nous nous mettons nous mêmes à bosser ?
Il y va de notre survie !
Pour finir, Marouane Abassi a été désigné en octobre 2019 à Washington, meilleur gouverneur de banque centrale dans la zone Mena..
Monsieur le président ne laissez pas passer cette chance ».