Tourisme tunisien: un redémarrage oui… mais comment ?!!

TUNIS – UNIVERSNEWS – Le tourisme est un écosystème interdépendant. A la base, il y a les agences de voyages, puis les tour-opérateurs et à destination les prestataires avec en tête de liste les réceptifs. Depuis des années, tout l’écosystème se trouve à l’arrêt, sans que les uns et les autres ne s’en sortent mieux.

Pourtant la Tunisie, comme l’a précisé Hakim Tounsi, le patron du tour-opérateur « Authentique Tunisie » ne manque pas de compétences qu’il nomme « les Commerciaux Seniors ». Ils sont une bonne dizaine sans les citer. Ils ne parlent jamais de théorie. Ils parlent de concret et de vécu, chiffres à l’appui. Quel bonheur de débattre des analyses avec eux. Ils savent ce que signifie l’Open Sky, ils connaissent les nuances de marché en marché. Ils connaissent l’historique qui justifie le présent et savent peser l’impact des actions et le timing nécessaire pour chaque retombée.

Le PDG « Authentique Tunisie » a suggéré à plusieurs ministres tunisiens du tourisme de constituer un comité consultatif incontournable composé par cette élite de compétences de commerciaux Séniors pour leurs soumettre systématiquement pour avis et validation les actions à entreprendre. Il n’est jamais trop tard. Le tourisme tunisien peut se relever et performer.

Selon lui, le tourisme tunisien peine à s’en sortir de sa crise et à se réveiller .Cette crise va sans doute entraîner une remise en question de la relation producteur et distributeur et à un retour de l’investissement qui reste pour sa part tributaire d’une entente équitable gagnant/gagnant de l’Etat avec les patrons du secteur. Il faut sortir du statu quo et trancher pour tourner la page du passé. Il vaut mieux un mauvais arrangement et classer les dossiers que de perdre un temps précieux, qui dure depuis la révolution de 2011, où chacun rumine de son côté en regardant l’économie nationale et son secteur du tourisme s’enfoncer d’année en année. Il faut repartir sur de nouvelles bases et rétablir un climat de confiance sans lequel l’économie nationale ne pourra jamais se relever. Pour cela il faut des développeurs expérimentés et aguerris.

Il faut des têtes qui savent lire les chiffres et des mains qui, sans haine ni esprit revanchard, ne tremblent pas devant des décisions dures mais nécessaires à prendre et sans plus de délais. C’est comme si on voulait gagner au loto sans jouer pour acheter un ticket.

Investir dans le tour-operating

Le problème de la compétitivité est actuellement le principal enjeu auquel est confronté le développement touristique en Tunisie, au vu de la concurrence de destinations telles que le Maroc, la Turquie ou l’Égypte. Le développement touristique ne franchira une nouvelle étape qu’à partir du moment où un certain nombre de choix d’investissements par le secteur privé seront réalisés notamment dans le tour-operating. En Tunisie, précise Hakim Tounsi « nos hommes d’affaires séniors continuent à tourner le dos à l’investissement dans le tour operating pour aller chercher les clients nécessaires à notre tourisme et à notre pays. Si chaque groupement financier des Seniors du secteur du tourisme sans les citer investissait un million d’euros, c’est à dire trois fois plus que rien, dans le tour operating en Europe de l’Ouest comme de l’Est, le tourisme tunisien se redresserait et performerait à nouveau en très peu de temps. Aujourd’hui nous comptons 100% sur les tour-opérateurs étrangers pour remplir nos hôtels et pour commercialiser nos produits touristiques. Aucun avion n’atterrit à Tozeur ou à Tabarka et on veut développer le tourisme saharien et le tourisme vert. Est-ce normal ? Qu’en pensent les grands patrons du secteur du tourisme quand on sait que chaque hôtel vaut des dizaines et des dizaines de milliards et qu’une insuffisance du taux d’occupation leur induit des pertes abyssales? Faut-il réduire l’emprise des voyagistes européens et casser un modèle que le tourisme tunisien a lui-même construit en son âme et conscience en 4 décennies ?

Miser sur l’aérien

Le développement de la capacité aérienne avec une desserte adéquate et intelligente du territoire national restent un prérequis incontournable à tout scénario crédible de redressement du secteur.  « Notre pays, comme le souligne, le patron d’Authentique Tunisie a un déficit grave en termes de capacité aérienne pour permettre à son tourisme de redémarrer. Tous les experts sont unanimes là-dessus. Les engagements du secteur du tourisme se comptent par milliers de milliards de dinars et notre système, public et privés réunis, est incapable d’investir pour la mise à disposition de 4 ou 5 avions. Qui est mieux concerné que les ténors du secteur du tourisme en Tunisie pour s’inquiéter de la capacité aérienne nécessaire pour le tourisme en leur disant : vous voulez sauver vos entreprises et le secteur du tourisme ? Il est incontournable de maîtriser l’AIR de Tunisie tout en ayant une présence directe dans les marchés émetteurs majeurs. Il faut investir vite pour plus de capacité aérienne vers la Tunisie et plus de tour-opérateurs tunisiens. Il faut réagir et mener une guerre pour survivre professionnellement. Qu’on soit bien clairs, je ne suis pas contre l’Open SKY, je dis simplement qu’il est nécessaire et insuffisant. »

M.S.