Par Khélil LAJIMI*
TUNIS – UNIVERSNEWS Les assemblées générales du FMI et de la BM (Banque mondiale) se tiennent cette semaine (du 9 au 15 octobre) à Marrakech. Les autorités marocaines ont fourni de gros efforts pour maintenir cet évènement suite au tremblement de terre qui a frappé le pays le mois dernier. Il faut dire que ce genre d’évènement dynamise fortement l’économie locale qui en a bien besoin pour redémarrer. D’un autre côté, la ville de Marrakech sera sous la lumière de l’actualité économique internationale pendant toute la semaine.
Les prévisions de la croissance mondiale révisées à la baisse.
Lors de la conférence de presse sur ces nouvelles prévisions, ce matin, la question qui revient est : les possibles répercussions économiques de la situation de guerre en Israël. Le conseiller économique du FMI, Pierre-Olivier Gourinchas s’est montré très prudent. Je le cite : «Il est encore trop tôt pour faire des évaluations de l’impact dans la région et au-delà. Le FMI suit de près l’évolution des prix du pétrole, qui ont grimpé de 4% en deux jours.
Une hausse de 10% entraine une baisse de 0,15 point de croissance et une hausse de 0,4% d’inflation ». Donc le prix du pétrole sera l’indicateur-clé scruté par les responsables économiques du monde entier. Nos responsables aux ministères des finances et, au développement et à la planification devraient par souci de prudence réviser le budget 2024 en tenant compte d’une forte hausse du prix du baril. Mais pas uniquement, car les prix des autres « commodities » (matières premières telles que : le blé, les huiles végétales et le phosphate) seront aussi à la hausse.
La menace géopolitique
L’évolution de la guerre en Israël sera déterminante pour l’économie mondiale. Le risque majeur qui se présente est un enlisement et un élargissement de la guerre. Il suffit de s’imaginer un instant les blocus du détroit d’Hormuz, par où transite quotidiennement 30% de la production mondiale de pétrole, et du canal de Suez, par où passe 10% des marchandises mondiales. Rappelons-nous en 2021 quand le navire « Ever Given » s’est échoué et a bloqué le canal pendant six jours pour un coût total de l’ordre de 10 milliards de dollars.
La croissance chinoise inquiète
Le FMI confirme le ralentissement de la Chine, avec une croissance attendue pour cette année à 5 % et à 4,2 % en 2024. Un scénario revu à la baisse par rapport au début de l’année. «La Chine doit faire face à des vents contraires croissants dus à la crise immobilière et à l’affaiblissement de la confiance», toujours selon Pierre-Olivier Gourinchas.
Les quatre risques qui pèsent sur la croissance mondiale
La prudence est de mise lors de la conférence de presse de ce matin. En effet, les prévisions risquent d’être totalement erronées car elles ont été déterminées avant le début de la guerre en Israël. Il y a une grande incertitude géopolitique qui est venue se greffer aux incertitudes existantes.
Les experts du FMI recensent quatre gros risques sur la croissance mondiale :
Le premier lié à la Chine, en cas d’aggravation de la crise immobilière, constitue un «risque important pour l’économie mondiale» ;
Le deuxième concerne les prix des matières premières qui pourraient devenir plus volatils en raison du regain des tensions géopolitiques et des perturbations liées au changement climatique. Depuis juin, les prix du pétrole ont augmenté d’environ 25 % et les prix alimentaires sont à un niveau élevé, qui pourrait empirer en cas d’aggravation de la situation en Ukraine ;
Troisièmement, l’inflation qui reste encore trop élevée, surtout les anticipations qui pourraient nécessiter un resserrement monétaire ou du moins éviter un relâchement précipité des banques centrales ;
Et enfin le risque budgétaire face à une envolée de l’endettement et des coûts de financement. Ce qui nécessite un pilotage fin sur les fronts monétaire et budgétaire.
K.L.
*Ancien ministre
Bravo si khalil , excellent article , malheureusement la situation de nos PME est critique je pense qu’il nous faut un plan Marshall pour relancer l économie nationale .