Par Mohamed Néjib HACHANA*
La décision politique aux Etats-Unis d’Amérique avec ses deux volets, intérieure (économie, sécurité, santé…) et extérieure (relations étrangères) n’est pas l’apanage du Président qui n’intervient dans la mise au point de cette décision, mais il est, essentiellement, un exécutant d’une vision politique, économique, militaire, sécuritaire, culturelle et médiatique, conçue par un groupe invisible (Establishment) qui veille à la pérennité de l’Etat américains et à sa préservation de tout dérapage quelque sa soit sa nature ou sa gravité.
Ce même Establishment intervient dans les moments adéquats pour rectifier le tir et sauvegarder l’Etat et son prestige contre tout danger intérieur et extérieur sans tenir compte du nom du vainqueur dans n’importe quelle élection présidentielle.
Ce modèle américain de gouvernance n’est pas nouveau puisqu’il a été créé par les pères fondateurs des USA en tant que régime fédéral basé sur la puissance et l’immunité de l’unité fédérale américaine garanties par un régime réunissant tous les immigrés fondateurs de l’Etat américain sous le même toit afin de sauvegarder la sécurité nationale et de sécuriser les intérêts de l’Amérique et la prospérité du peuple américain, ce qui est considéré comme étant le dénominateur commun pour la garantie de l’union du peuple américain et de la pérennité de l’Etat américain avec toutes les composantes constituant sa force, mais également ses faiblesses car les origines sont éparses aussi bien pour celles religieuses que civilisationnelles et ethniques ce qui constitue autant de facteurs de risques de dislocation à la première erreur , à la première secousse ou encore à la première brèche.
Et concernant ce Conseil ou cet Etat profond qu’on surnomme aux USA, l’Establishment, on y trouve, entre autres, l’Oligarchie financière ou Wall Street, le complexe industriel et militaire, les sociétés de pétrole et de gaz, l’Eglise, le Groupement des sociétés de technologie, le Congrès, les Think Tanks, les anciens de l’état-major militaire et anciens hauts responsables, les Universités et leurs experts académiciens, la société civile, l’information et l’administration profonde, plus particulièrement le conseil de sécurité nationale, le Pentagone, le département fédéral, le Trésor, le ministère de la Justice et l’Agence nationale des renseignements au nombre de 18 agences.
Mais il y a d’autres parties au sein de ce conseil non apparent qui dirige les affaires américaines et celles du monde entier. Et tout Président qui dévie de l’itinéraire qui lui est tracé par l’Establishment ou qui ne s’astreint pas aux objectifs ou encore qui commet des dérapages menant à l’inconnu sera puni sans pitié soit en le destituant avant la fin de son mandat et ou en le privant d’un éventuel renouvellement.
Et sur cette base, l’élite anonyme restreinte, tenante du pouvoir de décision, entreprend les procédures nécessaires pour la campagne électorale à travers la machine médiatique propagandiste dans le cadre de l’opération démocratique savamment ficelée
Et l’élection américaine de cette année 2020 ne déroge pas aux règles suscitées tout en se distinguant par ces points :
-Ce scrutin se déroule dans une période de Covid-19 accentuée avec près de 100 mille nouvelles contaminations par jour et une hausse du nombre des décès
-Suite à cette pandémie sanitaire, il a été convenu d’adopter le vote par correspondance et à distance, ce qui adonné plus de 100 millions de votants anticipés dont 64 millions par voie postale, et causé de nombreuses polémiques concernant les dépouillements et les résultats, notamment de la part des Républicains.
-Ces élections englobent, également, l’élection du tiers des membres du Sénat (35 sénateurs) sur un nombre total de 100, et 11 gouverneurs d’Etats sans oublier le renouvellement d’une partie de la Chambre des représentants.
Ces élections sont le centre d’intérêt du monde entier, ce qui est naturel, mais cette fois-ci, avec des attentes diverses au niveau des résultats au vu de la personnalité du président Trump et sa manière de diriger les relations étrangères américaines avec les pays amis, alliés et ennemis.
Ces élections ont débouché sur une victoire du candidat démocrate Biden dont l’annonce a été faite officiellement, mais le président sortant continue à s’entêter et à rejeter les résultats en contestant l’issue des dépouillements dans 4 ou 5 Etats, à savoir la Pennsylvanie, la Géorgie, le Michigan et la Caroline du Nord tout en affirmant qu’il se dirigerait cers des recours auprès des tribunaux.
On craignait de longs délais avant l’annonce officielle du nom du 46ème président des USA, mais comme l’on s’y attendait l’Etat profond a vite fait de remettre les choses dans l’ordre et en finir avec cette problématique dans les plus brefs délais possibles afin de sauver l’image de marque du pays et de sa démocratie.
*Ancien ambassadeur et vice-président du Centre International Hédi Nouira de prospective et d’études sur le développement (CIPED).