Par Abdelaziz Kacem
De tout temps, en période de crise, les perroquets du salafisme invoquent l’imparable ordonnance d’Allah. Par un anthropomorphisme imbécile, ces tarés font réagir Dieu à nos turpitudes, comme réagirait, la Toute-Puissance en moins, un dévot fanatique. Il se met en colère, punit le fautif et casse la vaisselle.
Depuis l’annonce officielle de la pandémie, on a commencé par ressasser le verset 51 de la sourate IX (Le Repentir) : « Dis : Il ne nous arrivera que ce que Dieu nous a assigné ». Donc, pas de panique ! Toute précaution serait, même, un défi blasphématoire à la volonté divine.
Mais le danger se précise. Un chapelet de versets isolés de leur contextesuggère que le corona virus, est un avant-goût de l’apocalypse. Et seul le repentir serait à même de calmer l’ire céleste. Ceci est, dans le meilleur des cas, un avertissement solennel. Regardez, nous disent-ils, le châtiment que Dieu inflige aux Chinois : Ils persécutent les Ouïgours, en faisant raser la barbe fleurie des bons musulmans et enlever le niqab muselière de leurs pieuses femmes. Dieu leur a alors imposé, à tous, le port d’un masque-burqa.Il en sera de même pour les musulmans désobéissants.
L’obscurantisme n’a pas besoin d’une autre illustration, sinon que cela me rappelle le tremblement de terre survenu, le 21 mai 2003, à la wilaya de Boumerdès, en Algérie : 2266 morts et plus de dix mille blessés. Les mosquées, à l’époque, avaient attribué la Sainte Colère au fait que nombre d’Algériennes étaient « safirat ». Un journal satirique de la place, au nom de la sécurité nationale, enjoignit aux femmes de porter le voile antisismique.
Il n’en n’a pas été toujours ainsi.Du fondateur du Mutazilisme, Wasil ibn Ata (700-748), à Averroès (1126-1198), en passant par Abou Bakr al-Razi, le Rhazès des Latins (854-925), et bien d’autres, l’islam a connu très tôt ses philosophes des Lumières.
Enfin Ibn Taymiyya (1263-1328) vint.Cela fait sept siècles qu’il a cadenassé l’islam, bloquant l’entrée de la moindre pensée rationnelle dans la pratique de la foi. C’est à ce funeste « Takfiri » que tous les islamistes, du wahhabisme aux Frères musulmans, se réfèrent.
Les ignorants d’antan étaient modestes. Ceux d’aujourd’hui sont des mutants arrogants, nocifs. Ils savent lire.Ils sont même diplômés. C’est là l’un des aspects les plus tragiques du fiasco de notre système éducatif.