Par Abdelaziz Kacem
Moncef Baâti, ambassadeur de Tunisie, représentant permanent auprès des Nations Unies à New York, vient d’être limogé et rappelé séance tenante au bercail.
Dans un communiqué, le ministère des Affaires étrangères précise que cette sanction est motivée par des « considérations purement professionnelles liées à la faiblesse du rendement » de l’intéressé et à son« absence de coordination et d’interaction » avec le Département.
Nous en déduisons, nous qui sommes rompus à l’explication de texte, qu’il était, d’un côté, négligent et peu productif, et que, de l’autre, il n’en faisait qu’à sa tête, enfreignant « les positions de principe de la Tunisie » et portant préjudice à ses intérêts.
Faute grave s’il en est. Mais la vérité est tout autre. Le destitué est un diplomate chevronné et unanimement respecté. Ses pairs ainsi que tous ceux qui le connaissent sont sidérés. Son cas a alerté la presse internationale. Le Monde et Le Figaro lient sa disgrâce à son zèle dans les tractations qu’il menait au sein du Conseil de Sécurité en faveur d’une résolution défavorable au « Deal du siècle ».
Un « courroux américain » manifesté, à cet égard, avec agitation du bâton et de la carotte, aurait eu raison d’un représentant insigne d’une Tunisie, de moins en moins, en possession des moyens de sa politique. Mahmoud Abbas, en route pour New York, ne fera pas escale à Tunis.
L’histoire de la diplomatie tunisienne compte d’autres ambassadeurs qui ont déplu à nos amis américains. Ils ont été rappelés sans tapage et sans préjudice pour leur carrière. D’aucuns ont même été promus à un grade supérieur. Je pense à l’un d’eux : le regretté, l’illustre Mahmoud Mestiri, jugé trop actif au sein des 77.
Concernant M. Moncef Baâti, était-il nécessaire d’ajouter la diffamation à l’injustice ? Le ministère des Affaires étrangères a bel et bien perdu une occasion de se taire.
Certaines sanctions sont plus infâmantes pour ceux qui les infligent que pour ceux qui les subissent.
A.K