Par Abdelaziz KACEM
J’aime les années bissextiles ! Bienvenue, donc, à l’An 2020 après J.-C. L’hypocrite nomenklatura, bien tartuffiée, continuera, seule au monde, à l’appeler « année administrative ». Ici même, sur Univers News, il y a douze mois, j’écrivais : L’ADMINISTRATION N’EST PAS LA SŒUR JUMELLE DE JÉSUS-CHRIST. Elle lui est antérieure de bien des millénaires. La fêter ainsi, lavée de tout soupçon christique, rien que pour ne pas effaroucher notre chatouilleuse islamité, relève d’un sacré crétinisme.
Toujours est-il que l’An IX de la « révolution » (en minuscule, cela s’entend) s’en va, assuré d’avoir ajouté sa peine à celles d’une Tunisie, depuis lors, sans joie. Rien de neuf, en somme, sauf à battre les cartes, pour d’exténuantes et infécondes élections. N’ayons pas peur des mots. Peuple et populace ont élu « démocratiquement » leurs représentants et leurs « représailles ». Nous autres, chantres de la modernité, nous sommes lamentablement éliminés de la course.
Nous avons assisté, en rangs dispersés, à l’effondrement de bien des espoirs, bien des projets, bien des rampes de décollage, les nôtres. Deux grosses raisons à cette déconfiture : la haine que nous portons, les uns contre les autres, et la piètre présentation de nos vérités, face à la redoutable efficacité des mensonges et chimères prônés par les parties adverses.
Il n’est pire calamité pour un intellectuel, poète de surcroît, que de céder au prosaïsme, de rigueur, désormais, dans la formulation de ses vœux. Toutes les religions, superstition oblige, se fondent en comprécations et déprécations. Nous y excellons, nous autres. En imprécations, surtout. Vœux de bonheur, pour les uns, souhaits de malheurs pour les autres. Nous envoyons, à tout instant, au Destinataire Suprême, des milliards de prières et de supplications quotidiennes, qui restent lettre morte, ou sont négativement exaucées. Voué aux enfers, l’Occident mécréant résiste. Regardez où en est le monde islamique, en dépit de ses formules propitiatoires les plus élaborées …
Je sacrifie à la tradition, en toute connaissance de cause.
Naguère, j’y invoquais le rêve, l’envol, l’épanouissement, les fleurs, l’amour… Aujourd’hui, en prévision des pénuries et aggravations à venir, je ne puis que souhaiter, aux ami(e)s, de la santé, la santé, au sens élémentaire et encore de la résilience. Puissiez-vous, Tunisiens et Tunisiennes, mes chers compatriotes, ménager vos ceintures, vous aurez encore à vous les serrer.
Le pays ? Que puis-je lui souhaiter ? En peu de mots : moins de culte et plus de culture. Puisse la Tunisie, qui en a vu d’autres, la Tunisie éternelle, ré-enfanter ses sauveurs, ses reconstructeurs, des garçons et des filles qu’elle aura baignés de lumière et dotés, à nouveau, des charismes perdus.
A.K