Alors que la lire Turque est en chute libre, la plupart des Turcs ont du mal à joindre les deux bouts et les sondages montrent que le parti AKP d’Erdogan perd constamment des voix, ont déclaré les responsables de l’opposition après leur réunion du 17 novembre. Selon-eux, Erdogan ne peut plus gérer le pays qui a besoin d’élections d’urgence.
Kemal Kilicdaroglu, chef de l’Alliance nationale du Parti républicain du peuple (CHP) a indiqué dans un communiqué de presse qu’Erdogan ne pouvait plus gouverner un pays dont l’économie est vacillante. Se référant aux difficultés financières rencontrées dans de nombreux segments de la société (commerçants, agriculteurs, retraités, fonctionnaires …) Kilicdaroglu a ajouté : « Chaque jour de retard dans la tenue des élections augmente les coûts pour la société ».
Réagissant à ces déclarations, le président autocratique de la Turquie, s’est adressé le même jour au groupe parlementaire de son parti, a rejeté l’idée d’élections anticipées qui, selon lui, se tiendront en juin 2023 et a ajouté : « Ceux qui guident le CHP jouent un jeu qui leur est apparemment bénéfique, mais qui est également tout aussi néfaste pour notre pays. S’ils gagnent, la Turquie sera entraînée dans le chaos avec une fin incertaine ».
Interrogé sur la menace de chaos au cas où Erdogan perdrait les élections, le politologue français Tanju Tosun a déclaré : « Erdogan utilise un langage stratégique pour à la fois consolider ses propres électeurs et d’un autre coté garder ceux qui seraient susceptibles de quitter l’AKP en leur adressant un discours négatif. Les électeurs répondront-ils à cette stratégie ? Je ne pense pas ».
En effet, un sondage d’opinion réalisé dans 27 provinces turques a montré que si la Turquie organisait des élections ce dimanche, l’Alliance nationale du Parti républicain du peuple (CHP) et le Bon Parti (IYI) obtiendraient 38,9 % des voix, tandis que l’AKP (parti au pouvoir) et le Parti du mouvement nationaliste (MHP) obtiendraient 34,1 % des voix.
Selon les résultats de l’enquête, les problèmes les plus urgents de la Turquie sont la crise économique et le chômage. De plus, 55% des personnes interrogées ont tenu Recep Tayyip Erdogan pour responsable de la mauvaise situation économique dont fait face la Turquie.
Plusieurs syndicats et confédérations syndicales et professionnelles ont organisé une grande manifestation à Ankara le 14 novembre avec le slogan « nous ne pouvons pas gagner notre vie ».
Jeudi dernier, la lire a atteint une baisse historique en tombant à 11,3 contre le dollar et l’euro après que la Banque centrale ai décidé d’une baisse des taux, que les marchés internationaux considéraient comme dangereuse pour l’économie de marché turque.
Ces dernières années, Erdogan semble suivre une stratégie de situations de crises continues. Lorsqu’il a été élu Premier ministre en 2003, il a engagé plusieurs réformes libérales, poussé les efforts pour l’adhésion de la Turquie à l’Union européenne, restauré la liberté de religion en supprimant l’interdiction du foulard dans le secteur public, réformé les services publics et lancé un ambitieux programme de logement.
La politique étrangère d’Erdogan, inspirée par son conseiller en politique étrangère et plus tard le ministre des Affaires étrangères Ahmet Davutoglu, était basée sur le principe du « zéro problème avec les pays voisins ».
Cependant, alors qu’il gagnait de plus en plus de pouvoir, Erdogan montra son vrai caractère. Il a retiré de son cercle toute personne qui n’était pas d’accord avec ses plans et a commencé à agir comme un véritable autocrate.
Il a également impliqué la Turquie dans de nombreux conflits : la Syrie, la Libye, dans le Haut-Karabakh. Il s’est également confronté avec les États-Unis, la France, Israël, la Grèce, Chypre, la Russie, l’Égypte, etc. Maintenant, au lieu de « zéro problème », Erdogan a presque des problèmes avec tout le monde…