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Kaïs Saïed est resté fidèle à son statut d’enseignant débitant son cours d’une manière robotique tout en restant flou quant aux projets et promesses
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Nabil Karoui n’a pas été brillant, mais il a été fidèle à son esprit pratique et pragmatique avec des idées et des propositions claires et concrètes
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Chaker Besbès a failli à son rôle de neutralité en tolérant des dépassements de temps à son « professeur » et en veillant à ce qu’il ne reste pas hors-sujet
Les dés sont jetés, au niveau de la campagne électorale, bien évidemment. Maintenant, c’est aux Tunisiennes et Tunisiens d’aller voter en masse le dimanche 13 octobre 2019 lors de la finale du second tour de l’élection présidentielle anticipée.
En effet, avec la tenue du face-à-face, ce soir du vendredi 11 octobre entre Nabil Karoui et Kaïs Saïed, la campagne, qui n’a jamais eu lieu, pour le second tour a été clôturée en un jour. Que peut-on retenir de cet « examen » final ?
Tout d’abord, nous tenons à faire remarquer que Chaker Besbès, qui a été étudiant chez Kaïs Saïed, mérite au moins un carton jaune pour avoir toléré, à plusieurs reprises le dépassement de temps réservé à son « professeur » qui le flattait en rappelant que le journaliste est un « homme de droit » !
Dans le même ordre d’idées, si Asma Bettaïeb s’est montrée respectueuse de son rôle de neutralité, il n’en a pas été de même pour son collègue qui a toujours tenté de recadrer son « professeur » afin qu’il ne reste pas hors du sujet comme il l’a été dans la plupart de ses réponses, alors qu’il n’avait pas à intervenir et qu’il devait laisser le candidat disposer de ses 120 secondes comme il l’entend. Après tout, Kaïs Saïed est majeur et vacciné et n’avait pas besoin des rappels à l’ordre par le journaliste.
Revenons au contenu et au fond. Une remarque générale s’impose en toute objectivité puisque tous ceux qui ont suivi le face-à-face l’ont remarqué. Le candidat Kaïs Saïed est resté fidèle à son statut d’enseignant universitaire qui donne un cours, d’une manière robotique dans un amphi. Pas de promesses, pas de prises de positions franches et tranchées, pas d’idées concrètes et pratiques concernant les différentes problématiques qui pourraient se poser à lui en tant que président de la République.
On a eu droit à des généralités, à des théories et à une répétition de son concept fétiche consistant en une refonte totale de la vie politique avec le pouvoir participatif et local tout en plaçant les jeunes au cœur du débat dans le sens où, d’après lui, le jeune doit s’exprimer et décider de son propre sort alors que les responsables doivent juste obéir. Pour être indulgent, on va dire que c’est du « romantisme » et de l’adolescence politique pour ne pas dire de la naïveté.
Ensuite, en refusant, catégoriquement, de faire des promesses, Kaïs Saïed a choisi la solution de facilité et prouvé qu’il s’agit juste d’un choix parce qu’il n’a aucun programme pour aucune question.
En face, Nabil Karoui n’a pas été brillant, certes, mais il a été bon dans l’ensemble dans le sens où il s’est montré pratique, pragmatiques avec des concepts réalistes et des solutions envisageables pour les différents problèmes de l’heure dans les divers secteurs.
Toutefois et comme tout est relatif, force est de reconnaître que le chef du parti de Qalb Tounès a été de loin meilleur que son adversaire qui, d’ailleurs, a cafouillé à la fin et s’est montré incapable de répondre à la remarque de son rival qui a eu l’honnêteté de reconnaître la propreté et le haut degré intellectuel de Kaïs Saïed mais tout en lui faisant remarquer que son projet est irréalisable sur le terrain, une fois arrivé au palais de Carthage.
Bien entendu, notre lecture ne va pas plaire aux « ultras » de Kaïs Saïed qui, sans se soucier de la prestation des deux candidats, lors de ce face-à-face, sont plus que convaincus que leur « poulain » va gagner. Et c’est légitime !…
Pour notre part, nous avons fait notre lecture-analyse première, avec argumentation à l’appui. Et nous défions quiconque de nous expliciter le projet et le programme de gouvernance de Kaïs Saïed. Bien entendu, le dernier mot revient aux électeurs tunisiens pour décider du nom de la personne appelée à devenir leur président.
Alors, quelque soit votre candidat choisi, l’essentiel est d’aller voter en masse, ce dimanche 13 octobre.
Noureddine HLAOUI