TUNIS – UNIVERNEWS – Les prix des légumes et fruits ont pris la pente ascendante durant les mois de juillet et août 2023, entraînant méfiance et inquiétude des consommateurs qui ne savent plus, aujourd’hui, où donner de la tête devant la hausse vertigineuse des prix et la détérioration de leur pouvoir d’achat.
Interrogé, Anouar Harathi, membre du bureau exécutif de l’UTAP, chargé du commerce intérieur, de distribution et de commerce du Maghreb a annoncé, dans son interview accordée à Universnews, que la situation devrait s’inverser dans les prochains jours et que les prix des légumes repartiront à la baisse à partir du mois de septembre 2023. Il a expliqué que la hausse des prix n’a concerné que les piments contrairement aux pommes de terres, aux tomates et aux oignons où les prix sont légèrement en baisse en comparaison avec la même période de l’année dernière.
D’importantes pertes post-récolte
Il a précisé que l’évolution des prix des légumes durant les mois de juillet et août de cette année est provisoire, et elle est due en grande partie à la hausse inédite des températures qui atteste du changement climatique, citant à titre d’exemple l’oignon dont les prix n’ont pas augmenté parce qu’il s’agit d’un produit qui supporte la chaleur. De même pour les tomates et les pommes de terre.
Le membre du bureau exécutif de l’UTAP a également assuré que la hausse des températures qu’a connues le pays depuis le mois de juin dernier a endommagé une grande partie des zones cultivées et des récoltes, que ce soit lors de la distribution des produits ou lors de leur exposition au marché de gros.
Malgré cette situation, Anouar Harathi n’a pas caché son optimisme par rapport à la prochaine période, avant d’assurer que des grandes surfaces agricoles consacrées aux grandes cultures sont en train d’être cultivées, ce qui va entrainer une baisse automatique des prix, selon ses dires.
Outre la hausse des températures, il a noté un déséquilibre entre l’offre et la demande et le manque d’équipements de stockage et de conservation des produits agricoles, avant d’ajouter que les installations de stockage réfrigéré sont indispensables dans les marchés pour minimiser les pertes post-récolte.
Poursuivant ses idées, il a appelé à équiper le marché de gros d’équipements de stockage réfrigéré et adaptés surtout pour les produits agricoles qui ne supportent pas la chaleur comme le piment.
Aucun secteur n’est épargné
Le membre de l’UTAP a, sous un autre angle, assuré que la hausse des prix n’a pas touché uniquement les légumes mais aussi les fruits, les vêtements, les produits alimentaires de base, les viandes, les poulets et n’a épargné presqu’aucun secteur. Et d’expliquer que la hausse des prix de change du dollar ou de l’euro contre le dinar a également un impact direct et automatique sur l’augmentation des prix à l’échelle nationale surtout sur les prix des produits chimiques et des médicaments. Mis à part cet effet de change, il a cité la montée en flèche du coût de la main d’œuvre. « Avant la Révolution, un ouvrier travaillant dans le secteur agricole est payé pour 180 dinars par mois ou 300 dinars dans les meilleurs des cas alors qu’aujourd’hui il est payé 500 dinars », a-t-il dit.
Sur le même sujet, il a démenti le fait que la marge bénéficiaire de l’agriculteur a augmenté, ces dernières années suite à la hausse des prix. « La marge des bénéfices de l’agriculteur est la même et n’a pas beaucoup augmenté par rapport aux années dernières mais les la cherté des prix des engins, du matériel agricole, des produits chimiques, la spéculation, les circuits parallèles et l’absence de contrôle rigoureux au niveau de la production et des circuits de distribution ont fortement contribué à la hausse ».
Appel à produire en grandes quantités
Interrogé sur le rôle de l’UTAP dans l’ajustement des prix de vente des fruits et des légumes, Harathi a déclaré qu’une feuille de route a été déjà préparée au niveau de l’Union et envoyée à tous les ministères concernés, mais en vain. Aucune réponse n’est parvenue jusqu’à présent. « Ils ont fait la sourde oreille », a-t-il dit.
Il a toutefois précisé qu’à partir de l’année 2022, le gouvernement a commencé à accorder plus d’intérêt au secteur de l’agriculture ce qui a poussé l’Union à exposer de nouveau sa vision : « Nous avons sollicité des réunions pour discuter nos propositions par rapport aux circuits de distribution et aux pistes permettant de promouvoir ce secteur promoteur et principal contributeur au PIB. L’agriculture est le garant de la sécurité alimentaire du pays, et elle a une grande influence sur le développement économique et social du pays », a-t-il soutenu.
Pour freiner cette hausse au niveau des prix, il a assuré que la seule piste est l’encouragement à la production : « C’est le seul moyen pour faire baisser les prix. Nous sommes appelés à produire davantage et avec de grandes quantités », a-t-il dit, avant d’appeler à fournir des superficies plus grandes pour les cultures et à prendre les précautions nécessaires pour empêcher la destruction des récoltes.
« Sans agriculture, nous ne pouvons rien faire ! C’est notre identité et notre indépendance qui va garantir un avenir meilleur pour les générations futures », a-t-il conclu.
B.B.R.