TUNIS – UNIVERSNEWS (Education) – Les enfants sont fréquemment confrontés à des formes atroces de violence, d’exploitation et de maltraitance à travers le monde. Malheureusement, la maltraitance infantile se produit aux quatre coins du monde et le plus souvent dans des environnements censés être sécurisants, au sein du domicile familial, à l’école ou en ligne. La maltraitance infantile est souvent, mais pas toujours, détectable. Cependant, les facteurs de risque de maltraitance sont généralement plus difficiles à repérer. Il existe quatre catégories de facteurs de risque qui peuvent augmenter la probabilité qu’un enfant soit victime de maltraitance, de négligence ou de mauvais traitements. Ces quatre catégories de vulnérabilité concernent : L’enfant lui-même, les parents/tuteurs, la dynamique relationnelle et les facteurs sociétaux.
Comment reconnaître les signes de maltraitance infantile
L’automutilation, un comportement de défi, une tentative de suicide , l’absence de scolarité, le retrait social (amis-familles ) ou des activités sociales, le changement drastique des performances scolaires ou des activités parascolaires, le changement de comportement, l’agressivité, la colère, l’hostilité ou l’hyperactivité, sont quelques exemples qui pourraient indiquer une maltraitance. Selon l’OMS, cette maltraitance infantile peut entraîner des conséquences durables qui perdurent à l’âge adulte. Elles peuvent être physiques mais également émotionnelles, psychologiques, comportementales ou cognitives et avoir des effets néfastes sur l’estime de soi, la scolarité, les relations futures et le travail. Les conséquences de la maltraitance sont généralement intergénérationnelles car ceux qui en sont victimes sont plus susceptibles de causer du tort à autrui à l’avenir. Par conséquent, des interventions visant à prévenir la maltraitance des enfants doivent s’efforcer de briser les cycles de longue date de maltraitance
86% des Tunisiens ont été témoins ou victimes de pratiques disciplinaires violentes
Une nouvelle étude sur les pratiques disciplinaires envers 1002 enfants qui ne dépassent pas les 18 ans en Tunisie met en lumière des tendances préoccupantes et des perceptions enracinées. Les résultats montrent que 86% des Tunisiens ont été témoins ou victimes de pratiques disciplinaires violentes, qu’elles soient physiques ou psychologiques. Par ailleurs, 65% des répondants ont déclaré avoir eux-mêmes appliqué des pratiques disciplinaires violentes.
Ces résultats soulignent également que 64% des répondants considèrent que les parents ont le droit de punir leurs enfants, tandis que 34% s’y opposent. La violence est souvent perçue comme une réponse aux « fautes graves », mais des pratiques non violentes telles que la privation de loisirs ou d’argent de poche sont également privilégiées. La majorité des répondants reconnaît les effets négatifs des violences physiques et psychologiques sur les enfants.
En revanche, l’étude révèle un faible niveau de connaissance des structures de protection de l’enfance : seulement 31% des répondants connaissent un service dédié pour signaler ou intervenir en cas de violence contre les enfants. De plus, le fait que tant d’enfants soient victimes de violences engendre, dans une spirale infernale, d’autres actes de violences, dont des enfants qui en agressent d’autres à l’école. Il n’est d’ailleurs pas rare de voir, devant les portes des écoles, des enfants qui se disputent violemment. Un enfant violenté va développer des mécanismes psychiques pour se défendre. Il deviendra à son tour violent, ou encore isolé et asocial, indique l’étude
Fessées, gifles, disputes… Les châtiments corporels n’améliorent pas le comportement
Les chercheurs ont constaté que la violence éducative (fessées, claques…) n’était pas associée à une amélioration du comportement chez l’enfant. Deuzio, avoir subi de la violence éducative durant l’enfance constitue, selon les chercheurs, un facteur de risque pour les troubles de comportement à l’âge adulte .Tertio, l’impact négatif de la violence éducative sur le comportement de l’enfant était d’autant plus élevé que les fessées et les claques étaient fréquentes… Les parents qui frappent leurs enfants pensent bien faire, ils pensent agir pour améliorer leur comportement : mais en réalité, des dizaines d’études scientifiques démontrent que non seulement ce n’est pas une méthode efficace, et que la violence éducative entraîne même une dégradation de ce comportement sur le long terme, analysent les chercheurs qui concluent qu’il n’y a strictement aucune preuve que la violence éducative soit bénéfique pour les enfants. Concrètement, cela signifie que les parents n’ont plus le droit de frapper, de fesser, de gifler, de pincer, de tirer les oreilles ou les cheveux, de donner des coups de pied, de secouer, de saisir brutalement, de bousculer ou encore de pousser un enfant.
77% des Tunisiens sont favorables à une loi pour protéger les enfants des violences éducatives
La prise en charge de la maltraitance à enfant et de toute forme de violence dans la famille implique des professionnels de disciplines différentes ou un bilan d’évaluation pluridisciplinaire est réalisé sur le plan médical, psychologique, psychiatrique et social. Bien que 77% des Tunisiens soient favorables à une loi pour protéger les enfants des violences éducatives, les discussions qualitatives ont montré une préférence pour des mesures comme le suivi psychologique ou les travaux d’intérêt général, plutôt que des sanctions pénales.
Ce phénomène nécessite une information large, une participation communautaire, une politique engagée et un suivi épidémiologique. La prévention est un axe central de la stratégie nationale d’où la nécessité d’agir en amont pour prévenir les situations de violence et intervenir rapidement auprès des enfants en situation de risque. Cette approche signifie la détection des cas et l’intervention précoce, des soins constants aux victimes et aux familles dans lesquelles la maltraitance s’est produite et la prévention de la violence. (M.S)