-
Chahed ignore que l’égalité des salaires entre l’homme et la femme existe déjà dans la Constitution
-
Objectifs : Mainmise sur les 3 pouvoirs à Carthage, à La Kasbah et au Bardo
-
Pourquoi cette persistance à zapper la vrai nature des amendements qu’il voulait introduire à la loi électorale
Youssef Chahed, chef du gouvernement, candidat à l’élection présidentielle anticipée après avoir délégué ses pouvoirs provisoirement, au ministre de la Fonction publique et, surtout, président du Conseil national de Tahya Tounès, a fait sa première sortie en tant que candidat, mardi 27 août 2019, avec Elyès Gharbi lors de l’émission de Midi Show sur les ondes de Mosaïque Fm.
Qua peut-on recueillir de cette interview d’une cinquantaine de minutes ? Tout d’abord, M ? Chahed a répété, presque mot à mot, ce qu’il répété à plusieurs reprises à propos de son bilan. Ainsi, une dizaine de minutes durant, on a eu droit aux inévitables affirmations suivantes :
« J’ai trouvé la Tunisie au bord de la faillite et je l’ai sauvée de la banqueroute en stoppant l’hémorragie… J’ai réduit la menace terroriste alors que le pays sortait de nombreux attentats meurtriers… J’ai redressé le dinar et réduit l’inflation… J’ai lancé la guerre contre la corruption… J’ai su manœuvrer malgré la présence intimidante du Fonds monétaire international… ».
Mais Youssef Chahed a oublié de dire que la croissance est au plus bas avec 1,1%, que le chômage est au plus haut avec plus de 15%, que l’endettement est à un record de plus de 70% et près de 80 milliards de dinars…
M. Chahed semble ignorer que la Tunisie est membre à part entière de l’Organisation des Nations Unies (ONU) et non un membre non permanent pour la simple confondre entre ONU et Conseil de sécurité de l’ONU… Il semble ignorer que sa priorité pour l’égalité des salaires entre l’homme et la femme existe bel et bien dans la Constitution tunisienne !
Concernant l’affaire Nabil Karoui, le mieux serait d’attendre l’issue du recours introduit par la défense auprès de la Cour de Cassation et les résultats de l’enquête ordonnée par le ministre de la Justice suant à la régularité des procédures suivies par la Chambre des mises en accusation dont la composition est remise en question par la défense.
Pour ce qui est de la chaîne Nessma, Chahed a eu l’audace de dire que le gouvernement est prêt à exécuter toute demande la Haica quelque soit le nom de la chaîne, et lorsqu’il a été confondu par Elyes Gharbi sur le cas de la Zitouna, le candidat à la présidentielle n’a pas hésité à le démentir même si le président de la Haica avait révélé qu’’un parti politique avait empêché l’exécution une décision de saisie par la Haica. Une révélation confirmée par Hichem Snoussi, homme fort de l’Instance, qui a cité nommément le parti islamiste d’Ennahdha.
Venons-en maintenant à la conduite de cette interview. Si certains observateurs estiment Elyes Gharbi s’en est bien acquitté comme il l’avait fait avec les candidats précédents, d’autres affirment qu’il a éludé certaines questions qui fâchent.
On citera, entre autres : Aucune question sur la nature des relations avec Ennahdha… Aucune question sur l’affaire de la réhabilitation de Marouane Mabrouk, un dossier sur lequel Youssef a été déjà épingle avec plainte déposée par I Watch contre le chef du gouvernement depuis janvier dernier… Aucune question sur le non lieu obtenu par les Néjib Ben Ismaïl et Fethi Jenayeh sachant que l’avocat du premier se trouverait en tant que numéro Deux sur une liste de Tahya Tounès… Aucune question sur l’appareil sécuritaire attribué à Ennahdha, pourtant posée à tous les candidats et sur le traitement du dossier de l’assassinat des deux martyrs, Chokri Belaïd et Mohamed Brahmi… Aucune question sur cette manière peu « élégante » de se débarrasser de certains ministres « encombrants » dont Mohamed Fadhel Abdelkefi, Abid Briki, Lotfi Brahem, Khaled Ben Kaddour, sans oublier la suppression pure et simple d’un ministère entier sans la moindre justification, pourtant promise, mais qu’on attend toujours…
Il y a lieu de mentionner son engagement à ne pas mélanger les affaires familiales à celles de l’Etat, et ce dans une allégation peu élégante à feu Béji Caïd Essebsi en disant de lui, le « disparu » au lieu de l’habituel « mar’houm » auquel il n’aurait jamais pardonné la non signature des fameux amendements à la loi électorale.
En effet, M. Chahed continue à induire l’opinion publique en erreur en osant affirmer que les amendements portaient uniquement sur l’ajout des documents tels le B3, le quitus fiscal et la déclaration des biens zappant les points essentiels ayant soulevé les protestations et les recours des députés à savoir les conditions visant à éliminer les Karoui, Olfa Terras et Abir Moussi…
Enfin, prié de dire pourquoi veut-il devenir président de la République, Youssef Chahed que cette candidature est faite dans une sorte de package avec l’espoir que son parti Tahya Tounès gagne les législatives, ce qui lui permettra de mettre à exécution sa politique pour l’ prochain quinquennat. Ce qui veut dire qu’il espère mettre la main sur les trois pouvoir puisqu’en remportant les législatives, son parti aura La Kasbah et le Bardo en plus de Carthage !
Que peut-on y dire sauf que le rêve est permis…
Noureddine HLAOUI