Hôte, pendant 50 minutes, d’Elyès Gharbi à Midi show, aujourd’hui vendredi 20 septembre 2019 sur les ondes de Mosaïque Fm, et ce à peine 24 heures après le passage de Salim Azzabi, secrétaire général du parti de Tahya Tounès, Youssef Chahed, chef du gouvernement et président du même parti, semble avoir sollicité ce passage pour faire passer un message bien déterminé.
En effet, M. Chahed a reparlé de tout ce qu’il avait ressassé, pendant sa campagne électorale, mais on but était de lancer un message « pour le rassemblement de la famille centriste et démocratique » qui a perdu la présidentielle à cause de sa dispersion ».
Cet appel a été adressé, spécialement et nommément à Abdelkrim Zbidi pour laisser de côté les clivages et de s’unir pour essayer d’avoir un bloc consistant au seine de la prochaine Assemblée des représentants du peuple (ARP), tout en affirmant que son parti est assuré d’avoir, d’ores et déjà, une trentaine de sièges s’il réédite sa prestation à lui lors de la présidentielle.
Or, dans une intervention incohérente, le chef du gouvernement, insinué que la seule candidature logique au 1er tour de la présidentielle était la sienne, alors que celle d’Abdelkrim Zbidi était parachutée. « On ne présente pas sa candidature un mois, seulement, avant le scrutin, alors que moi j’ai déjà tout un parti pour m’accompagner », a-t-il indiqué avec son autosuffisance habituelle.
Et dire, indirectement, qu’avec le ralliement des partisans de M. Zbidi, son parti pourrait avoir un poids influent. C’est-à-dire qu’il veut l’aide de M. Zbidi pour être le premier parti à l’ARP et, par voie de conséquence avoir l’opportunité de former le prochain gouvernement. Plus opportuniste, on n’en voit pas.
Youssef Chahed semble avoir la mémoire trop courte dans le sens où il a oublié que ce candidat «parachuté » (terme très péjoratif), et en dépit d’une candidature tardive, a obtenu trois point de plus au vote du 15 septembre ! Autrement dit, quand on est en position d’infériorité, on devrait adopter un profil bas.
D’autre part, il est bon de se rappeler que Youssef Chahed n’a jamais été un leader. Venu à Nidaa où il n’a pas dépassé les 4ème voire 5ème rangs, il a tout eu sur un plateau par la grâce de feu Béji Caïd Essebsi avec qui il a des liens de parenté par alliance (la sœur de BCE étant l’épouse du cousin du père de YC). Alors qu’il ne nous dise pas qu’il « déteste l’ascenseur familial).
M. Chahed savait très bien que BCE est son bienfaiteur et que de ce fait, il comptait, à travers lui, avoir les véritables commandes du pays. Et s’il avait accepté le poste, il savait ce qui l’attendait, à moins qu’il avait sa petite idée pour tourner, le moment venu, le dos à son bienfaiteur.
Venons-en maintenant au parti de Tahya Tounès. On se rappelle, tous, que ce mouvement a été créé de toutes pièces dans les couloirs de la Kasbah tout en bénéficier des ralliements massifs des élus de Nidaa, appâtés par la force du pouvoir. Ainsi, tous les cadres de Nidaa et de La Kasbah ont formé l’ossature de ce nouveau parti.
Et on se rappelle que, plusieurs mois durant, les Sahbi Ben Fraj, Leila Chettaoui et autre Walid Jalled ont fait la promotion de ce parti tout en faisant le culte de personnalité pour YC en assurant qu’il est le « sauveur de la Tunisie » ? Le tout, en faisant de la rivalité avec Hafedh Caïd Essebsi un fonds de commerce juteux dont il a continué jusqu’aujourd’hui à exploiter.
Tout ceci amène les observateurs, et après avoir entendu l’intervention, aujourd’hui à Midi show, à se poser la question si le locataire de la Kasbah, qui semble tenir à y rester, a bien tiré les enseignements de sa débâcle du 15 septembre.
Apparemment, non. Il semble, en effet, croire encore qu’il est le chef de file de la famille des démocrates tout en vouloir donner l’impression qu’il est l’unique ou le principal patriote et qu’il est le seul ou le principal qui a peur pour l’avenir de la Tunisie.
En tout état de cause, quand on a essuyé un cinglant camouflet et qu’en étant pointé du doigt comme étant à l’origine de tous les maux de la famille démocratique, il faut savoir se rendre à l’évidence qu’on est le plus mal placé pour se poser en « rassembleur ». Et ce n’est pas sûrement pas le poste de chef de gouvernement qui lui procure ce droit. Loin de là !….
Noureddine HLAOUI