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« En critiquant les dernières nominations, Noureddine Bhiri commet, aussi, un crime… »
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« Inchallah Tabboubi organise un congrès démocratique de l’UGTT. Et tout le monde sait très bien ce que je veux dire… »
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Il est inconcevable que les défenseurs de l’Ecole de Regueb fassent partie du gouvernement… »
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« La décision de limogeage du représentant de la Tunisie à l’ONU est compréhensible… »
Dans une interview, qui pourrait être la dernière en tant que patron à La Kasbah, accordée à la chaîne Hannibal TV, dans la soirée de dimanche 9 février 2020, Youssef Chahed, chef du gouvernement sortant et président du parti Tahya Tounès a parlé comme il ne l’avait jamais fait auparavant.
Outre la récitation habituelle de son bilan de trois ans, M. Chahed a parlé de ses relations avec le président de la République, avec le président d’Ennahdha, avec le secrétaire général de l’UGTT, avec Nabil Karoui et Qalb Tounès, avec les autres partis, avec Elyès Fakhfakh, chef du gouvernement chargé…
Concernant les critiques, qui lui sont adressées à propos des dernières nominations, qualifiées de « crime » par Noureddine Bhiri, Youssef Chahed a reconnu qu’il s’agit effectivement de près de 600 désignations parues dans un numéro double du JORT, mais que ces critiques sont indigne de la part du chef du bloc parlementaire d’Ennahdha et constituent, également, un crime envers le gouvernement et l’Etat.
Revenant sur la polémique suscitée par l’inauguration du gisement de gaz de Nawwara, il a réitéré qu’il s’agit, bel et bien, d’une journée historiques Journée historique et que ce gisement va atteindre d’ici deux mois la vitesse de croisière.
Passant à ses relations avec la l’Union générale des travailleurs tunisiens (UGTT), M. Chahed a tenu à mentionner que le secrétaire général de la Centrale syndicale, n’a d’autre préoccupation que celle de faire chuter le gouvernement, et ce depuis l’émergence du document de Carthage 2, ce qui est loin d’être le rôle de l’UGTT
« Noureddine Tabboubi a toujours voulu faire chuter le gouvernement … »
« Tout ceci a fait que les relations entre le gouvernement et l’UGGT soient, depuis malsaines et pourries », assure t-il avant d’ajouter que « inchallah Noureddine Tabboubi organisera un congrès démocratique. Et tout le monde sait de quoi je parle… ».
Evoquant les entreprises confisquées, plus particulièrement celles journalistiques dont Shems Fm et Dar Assabah, Youssef Chahed indiqué que ce n’est ni El Karama, ni l’Etat qui doivent assurer le paiement des salaires employés dans ces médias.
« La coalition d’EL Karama n’est autre qu’une forme déguisée des LPR… »
Commentant la dernière la récente décision de limogeage de Moncef Baâti, le chef du gouvernement sortant a reconnu qu’elle est compréhensible. Ceci l’amené à parler de ses relations avec Kaïs Saïed, et à dire qu’elles sont bonnes, sans toutefois, leur conférer des dimensions spéciales Bonnes
Réagissant aux propos tenus par Yosri Dali et au comportement de Maher Zid de la coalition El Karama, Youssef Chahed les a traités avec dédain en rappelant qu’ils ne sont autres que les membres desdites Ligues de protection de la révolution avec tout leur passé sombre dont celui récent de leur défense acharnée de l’école coranique de Regueb. « D’ailleurs, j’ai refusé de faire associer ces LPR au gouvernement de Jemli et je continue d’avoir la même exigence… », clame t-il en substance.
« Et c’est entres pour cela, que j’ai voté contre le gouvernement de M. Jemli car c’est bien celui d’El Karama et d’une partie d’Ennahdha », précise t-il encore.
« Je dis à Fakhfakh de ne pas aller à l’ARP s’il n’est pas sûr de passer… »
Quant à son alliance avec Qalb Tounès contre le même cabinet de Jemli qu’il considère comme un « danger pour la Tunisie », M. Chahed, il en parle comme suit : « J’ai dit à Nabil Karoui qu’il avait permis l’élection de Rached Ghannouchi à la tête du Parlement, mais qu’il devrait empêcher Ennahdha de prendre le gouvernement dans le sens où Habib Jemli est désigné par le Conseil de la choura de ce parti, d’où l’obligation de sauvegarder l’équilibre des forces politiques… ».
Et de conclure ce chapitre en affirmant qu’il est inconcevable qu’un parti avec 52 élus seulement prenne le contrôle et du Bardo et de la Kasbah
Et après avoir perdu près de deux mois à cause de la mauvaise gestion par Habib Jemli de la première période consacrée à la composition du cabinet gouvernemental, j’ai conseillé à Elyès Fakhfakh de ne pas aller au Parlement s’il n’est pas sûr de passer… »
Le seuil des 5% est excessif, celui de 3% est plus raisonnable… »
Prié de donner son avis quant à l’amendement électoral, M. Chahed a précisé qu’il trouvait le seuil de 5% comme étant excessif et que la limitation à 3% serait plus raisonnable avant d’enchaîner en disant : «oui à la diversité, non à la dispersion… ».
Concernant son avenir politique, Youssef Chahed a tenu à assurer qu’il compte poursuive sa carrière politique dans la mesure qu’il est encore jeune et qu’il se met à la disposition du pays pour le servir sans, toutefois, briguer un poste bien déterminé.
En tout état de cause, les observateurs sont persuadés que M. Chahed na pas dit son dernier mot surtout au vu de ses bons rapports avec Kaïs Saïed qui, curieusement, semble subir une influence de la part de Youssef Chahed et des son entourage, plus précisément, Salim Azzabi.
En effet, les mêmes observateurs relèvent que les derniers soubresauts consistant en le départ du « noyau dur » du cabinet présidentiel formé de Tarek Ettaïeb, Abderraouf Betbaïeb et Tarek Hannachi, et la confirmation de Rachida Ennaifer renforcée par l’avènement de Nadia Akacha portent l’empreinte du secrétaire général de Tahya Tounès.
D’ailleurs ils estiment que le président de la République « obéit » trop aux desiderata venant du parti de M. Chahed dont notamment le choix de M. Fakhfakh pour la formation du futur gouvernement et qui a été proposé par le seul parti de Tahya Tounès. Comme quoi, on n’a pas besoin d’un dessin pour saisir la nature de l’influence manifeste et étrange du parti de Chahed sur le président Kaïs Saïed.
Noureddine HLAOUI