- 5% des inscrits au bac l’année dernière n’ont pas passé les examens et plus de 100 mille jeunes quittent l’école chaque année
- Le problème n’est pas la fraude en elle-même mais… les raisons qui laissent un élève prendre le risque
TUNIS – UNIVERSNEWS (NAT) – Dans son interview accordée, ce mardi 11 juin 2024, à UNIVERSNEWS, le président de l’Association tunisienne des parents et des élèves, Ridha Zahrouni a mis en garde contre la dégradation du système éducatif et de l’image de l’enseignement en général en Tunisie.
Selon lui, les indicateurs de performance de l’école tunisienne sont tous dans le rouge : Près de 1000 cas de fraudes enregistrés chaque année dans les examens du baccalauréat et plus de 100 mille jeunes quittent l’école chaque année sans perspectives d’avenir et aucune chance de réussir leurs parcours scolaires. Ainsi, depuis l’année 1984 à aujourd’hui, l’abandon scolaire a touché 4.500.000 élèves en Tunisie.
Ridha Zahrouni a dans le même contexte indiqué que 5%, soit 6 mille élèves parmi les jeunes qui se sont inscrits l’année dernière au bac n’ont pas passé les examens. Il a expliqué à ce propos que les jeunes qui arrivent aujourd’hui au bac et ne passent pas les examens sont des jeunes désespérés et convaincus qu’ils ne vont pas réussir les examens et ceci reflète, entre autres, l’échec de tout le système de l’enseignement en Tunisie, selon ses dires.
Outre le décrochage scolaire et l’abandon des examens, le président de l’Association tunisienne des parents et des élèves, a évoqué le taux de scolarité. Selon lui, 16 mille enfants âgés de 6 ans (nés en 2017 et doivent rentrer à l’école durant l’année scolaire 2023/2024) ont été empêchés d’aller à l’école. Et d’expliquer que ces enfants sont généralement retenus par leurs parents, lesquels ont une position négative vis-à-vis du système éducatif et sont généralement convaincus de la non-performance de l’école tunisienne.
Près de 1000 cas de fraudes
Par rapport à la fraude dans les examens du bac, Zahrouni a indiqué que ce phénomène n’est pas nouveau et qu’il est même en baisse par rapport aux années dernières où le nombre a été très important, atteignant près de 1000 cas de fraudes.
Il a par ailleurs écarté qu’un bachelier puisse vraiment tricher dans les examens du bac : « C’est de l’impossible car il s’agit d’un processus très compliqué car d’un côté, il y a des gens qui sont en train de vendre des rêves aux élèves et même aux parents en utilisant tous les moyens d’interconnexion et des nouvelles techniques de l’information et de l’autre côté, il y a des élèves désespérés et sans aucun espoir de réussir les examens », a-t-il assuré.
«Ma crainte est limité par rapport à la fraude. Il est impossible aujourd’hui quel que soient les moyens et les outils mis en place qu’on arrive à des cas de fraudes. Il s’agit tout simplement de quelques tentatives», a-t-il souligné.
« Le problème n’est pas la fraude elle-même… »
Sur le même sujet, il a estimé que le problème aujourd’hui, n’est pas la fraude elle-même ou même les tentatives ou encore l’ensemble des outils et des moyens à mettre en œuvre, mais il faut plutôt réfléchir sur les raisons qui laissent un élève prendre le risque et mettre en péril tout son cursus scolaire pour juste un coup de chance qui n’est pas à 100% garanti, selon ses dires.
Et d’expliquer aussi que ceux qui optent pour la fraude dans les examens du bac sont généralement des jeunes désespérés qui ont perdu toute confiance dans leurs capacités à réussir les examens et c’est pour cela qu’ils tentent l’impossible, selon ce qu’il a dit.
Face à ce fléau, le président de l’Association tunisienne des parents et des élèves a appelé l’Etat à revoir le statut de l’école tunisienne et engager une réforme réelle afin de limiter les cas de fraude dans les examens nationaux.