TUNIS – UNIVERSNEWS (SEF) – Certaines organisations internationales à la solde des Etats-Unis qui les manipule à sa guise et qui sont devenues la voix de leurs maîtres ne cessent de prédire d’un avenir sombre pour la Tunisie qui -quoi qu’on puisse dire et bien que les choix sont à prouver- a bravé les tabous établis par l’Oncle Sam et joué au bras-de-fer avec le Fonds monétaire international.
Le dernier rapport de Fitch-Solutions (filiale du groupe Fitch, spécialisé dans les services d’information financière) sur les perspectives alimentaires en Tunisie paru le 28 octobre courant, prévoit que les pénuries alimentaires auront tendance à se multiplier dans les prochaines années, face à un déséquilibre croissant entre offre et demande.
Le rapport analysé par l’économiste et professeur à l’Université du Québec au Canada, Moktar Lamari, prévoit « une trajectoire ascendante de la demande alimentaire en Tunisie, avec des hausses annuelles frôlant les 10%, par an, dans de nombreux groupes de produits de consommation face une offre nationale inélastique et archaïque, qui n’a pas suivi le changement de la demande».
«La croissance de la demande s’accompagne de hausses de prix tirées par des changements dans les habitudes alimentaires (probablement des mutations intergénérationnelles) et dans la restructuration des éléments constitutifs du panier de consommation des ménages. La hausse de la demande n’est pas nécessairement expliquée par une croissance démographique qui serait de seulement 0,8% en 2023».
Lamari indique, aussi, que le modèle de consommation agroalimentaire en Tunisie est en grande mutation. Les dépenses alimentaires continuent d’occuper une part importante des revenus du ménage, soit plus de 30%, en moyenne. « Cette réalité nous apprend, aussi, que les hausses de prix ne vont pas se calmer d’ici peu, et ces hausses moyennes vont osciller de 7 à presque 12%, par an, pour les 5 prochaines années, alors que les hausses de salaires n’excèdent pas les 3% par an, en terme nominal».
«La hausse des prix et donc des dépenses n’épargne aucun produit, des boissons alcoolisées jusqu’aux consommations d’épices. De l’eau jusqu’aux protéines d’origine animale. Dans cette évolution, la part des groupes de produits changent de pondération et de poids relatifs, entre 2010 et 2028 » a-t-il ajouté.
S’agissant de l’offre, l’économiste souligne que «le secteur agroalimentaire n’arrive pas à se moderniser et à innover suffisamment, pour intensifier ses processus de production et garantir plus de production, à moindres coûts. Les gains de productivité du travail sont négatifs ou nuls dans les différentes branches et filières de production ».
«Les cultures et les productions agroalimentaires demeurent sensibles aux changements climatiques et sécheresses à répétition. Les exportations d’huile d’olive, de fruits de mer, de dattes et d’agrumes procurent à l’économie nationale de précieuses sources de devises. Mais, les importations (céréales, sucre, café, fruits, semences, produits de traitement, équipements, technologies…) constituent un facteur déterminant dans les hausses des prix, alimentant une inflation importée à effet multiplicateur sur la plupart des filières agroalimentaires. Cette inflation alimentaire ruine le pouvoir d’achat et pénalise, surtout, la classe moyenne et les populations urbaines ».
Nécessité d’opter pour des politiques d’offre
Lamari estime, ainsi, « qu’il y a de quoi tirer les sonnettes d’alarme, et surtout savoir que les pénuries alimentaires auront tendance à se multiplier, si rien n’est fait pour revoir les stratégies agroalimentaires et repenser les mécanismes de la balance commerciale des échanges alimentaires ».
Selon lui « les importations de produits agroalimentaires seront, aussi, mises sous pression par les impératifs de remboursement de la dette et les menaces qui pèsent sur le taux de change du dinar. Ces importations injectent implicitement de l’inflation importée, dans l’ensemble des secteurs économiques liés».
Se référant au rapport de Fitch-Solutions, il a considéré que «tout indique que les politiques répressives contre les réseaux de spéculation en produits agroalimentaires, ne seront pas suffisantes pour atténuer les hausses des prix (inflation) et éviter les pénuries. Le marché agroalimentaire est donc dans une situation tendue, marquée par un déséquilibre structurel entre offre et demande d’un côté, et de l’autre par une perte du pouvoir d’achat des ménages. Le pouvoir d’achat est en chute libre depuis presque une décennie, et rien ne pouvait présager le contraire pour les 5 prochaines années».
Lamari pense que « les politiques agroalimentaires doivent s’organiser en fonction de la nouvelle donne, pour mieux encadrer les évolutions et favoriser plus d’ajustements de la productivité agricole. L’Etat tunisien doit désormais investir davantage et opter pour des politiques d’offre, plutôt que des politiques de demande, axées sur ce que certains politiciens jugent comme faisant partie les fondamentaux de «l’Etat social» en Tunisie. Ces trajectoires et tendances lourdes ne font qu’aggraver la dépendance alimentaire du pays et multiplier les risques liés aux chocs extérieurs»