-
Confusion chez l’administration américaine, Trump calme le jeu
-
Un tournant faisant redouter une escalade régionale ou un conflit ouvert
-
Khamenei : «La présence des Etats-Unis dans la région devrait prendre fin »
Téhéran avait prévenu. Cinq jours après l’élimination du général Qassem Soleimani par les Etats-Unis, l’Iran a riposté mercredi en tirant des missiles contre deux bases abritant des soldats américains en Irak. Selon le commandement militaire irakien, ce sont 22 de missiles qui ont été lancés depuis l’Iran contre les bases d’Aïn al-Assad et d’Erbil.
« Entre 1h45 et 2h15 (soit entre 23h45 et 00h15 en France), l’Irak a été bombardé par 22 missiles – 17 sur la base aérienne d’Aïn al-Assad […] et cinq sur la ville d’Erbil – qui ont tous touché des installations de la coalition » internationale anti-jihadistes emmenée par les Etats-Unis, indique-t-il dans un communiqué le commandement militaire irakien.
Ces raids, revendiqués par Téhéran, marquent un tournant faisant redouter une escalade régionale ou un conflit ouvert, même si dirigeants américain et iranien ont rapidement semblé vouloir calmer le jeu.
Dans un tweet au ton particulièrement léger et plutôt apaisant, le président américain Donald Trump a indiqué qu’il ferait une déclaration mercredi matin et laissé entendre que le bilan n’était pas très lourd. « L’évaluation des dégâts et des victimes est en cours. Jusqu’ici, tout va bien ! », a-t-il lancé.
Si la télévision d’Etat iranienne affirme que ces frappes auraient causé le mort de 80 Américains, les autorités irakiennes expliquent, elles, qu’il n’y a « victime parmi les forces irakiennes ».
Dans un discours à la nation, le guide suprême iranien, l’ayatollah Ali Khamenei, a déclaré « nous les avons giflés [les Américains] au visage hier soir » avec une frappe de missiles, « mais l’action militaire ne suffit pas ». Khamenei a ajouté que « la présence corrompue des Etats-Unis dans la région devrait prendre fin », disant qu’elle avait causé la guerre, la division et la destruction.
De son côté, Mohammad Javad Zarif, chef de la diplomatie iranienne, a affirmé que son pays avait mené et « terminé » dans la nuit des représailles « proportionnées ». « Nous ne cherchons pas l’escalade ou la guerre », a-t-il insisté.
Votre adresse mail est collectée par Le Parisien pour vous permettre de recevoir nos actualités et offres commerciales. En savoir plus
L’agence fédérale de l’aviation américaine (FAA) a interdit aux avions civils américains le survol de l’Irak, de l’Iran et du Golfe. Les cours du pétrole s’envolaient de plus de 4,5 % mercredi matin dans les échanges en Asie.
Les Gardiens de la révolution iraniens, l’armée idéologique de la République islamique, ont conseillé à Washington de rappeler ses troupes déployées dans la région « afin d’éviter de nouvelles pertes », et menacé de frapper Israël et « des gouvernements alliés » de l’Amérique.
Ces tirs interviennent alors que se terminent à peine les funérailles du général Qassem Solimani, assassiné vendredi à Bagdad avec l’Irakien Abou Mehdi al-Mouhandis, leader des paramilitaires pro-Iran désormais intégrés aux forces de sécurité irakiennes.
Si Donald Trump, après un incroyable cafouillage de l’administration américain, a clairement écarté mardi toute intention de quitter l’Irak, certains des alliés occidentaux des Etats-Unis ont annoncé leur retrait militaire partiel, alimentant les craintes de voir les tensions actuelles saper la lutte anti-jihadistes. Un retrait des troupes américaines « serait la pire chose qui puisse arriver à l’Irak », a déclaré le locataire de la Maison Blanche, évoquant le danger que représente à ses yeux pour ce pays l’imposant voisin iranien.
Dans le reste de la communauté internationale, les frappes iraniennes de ce mercredi sont évidemment condamnées. L’UE les qualifie ainsi de « nouvel exemple d’escalade et de confrontation accrue ». L’Allemagne évoque une « agression » quand la Grande-Bretagne parle « d’imprudentes et dangereuses » de la part de l’Iran.