Relance des investissements agricoles : Pas question de brader le pays !!!

TUNIS – UNIVERSNEWS La relance de l’investissement agricole ne veut pas dire qu’on va brader le pays, à des investisseurs dont le seul but est l’exploitation et non la transformation, avec des projets bien ficelés et donnant une plus-value à la production.

Depuis des décennies, des Italiens, surtout, en plus d’investisseurs d’autres nationalités sont alléchés par la proportion de terres encore inexploités, en Tunisie, à cause des lacunes de la législation et la lenteur administrative. La majorité n’a d’autre finalité que de récolter les ressources, alors que la transformation et la commercialisation sous un label bien déterminé se fait chez eux et cela, surtout, pour l’huile tunisienne qui bat des records, à tous les niveaux dans le monde. C’est pour cette raison qu’on peut penser que cette décision de supprimer le plafond de participation étrangère au capital des entreprises agricoles, actuellement fixé à 66%, à 100% n’est pas aussi innocente.

La législation tunisienne est très arriérée, dans ce domaine et le premier objectif, à ce niveau est de donner la priorité aux compétences tunisiennes qui ont des idées, pour mieux exploiter ces terres laissées à l’abandon, après récupération auprès de certaines parties malintentionnées.

A ce propos, il suffit de se référer au « Projet Jinène Medjerda », dans le gouvernorat de Béja, un projet mort-né, alors qu’il aurait pu permettre de créer environ 20 mille emplois, il y a de cela plus de dix ans, mais qui avait fait face à l’obstacle des islamistes, avec un certain ministre Zied Ladhari qui a refusé de permettre aux promoteurs tunisiens de ce projet (La société Jinène Medjerda existe, encore, sur le papier), d’obtenir une ferme agricole.

L’Etat tunisien manipulé par les islamistes a empêché le démarrage de ce projet en refusant de payer la première tranche des frais de faisabilité. Pourtant, le Fonds koweitien de développement y avait cru et avait accordé une somme bien consistante pour cette étude. D’ailleurs, le défunt président Béji Caïd Essebsi a souligné, lors de l’accord avec le Fonds koweitien que Jinène Medjerda est « le projet du siècle ».

Lancé depuis 2011, le projet dont l’étude de faisabilité a été confié, le 27 janvier 2017, aux termes d’un appel d’offres, à un groupement de bureaux d’études Ernest Young/SCET pour un forfait de 1,7 millions de dinars, et ce après approbation de l’appel d’offres et du contrat d’études par le ministère du Développement, de l’Investissement et de la Coopération internationale et par le donateur, avec les fonds fournis par la partie koweitienne.

Seulement, après un début d’étude sans encombre pendant 4 mois et la consommation de l’ordre de 25% des travaux prévus par le contrat d’étude, le refus de transférer pour paiement de la première facture due à la signature du contrat a obligé le bureau d’études à suspendre le contrat (début juillet 2017).

Même la Caisse des Dépôts et Consignations représentée, alors, par son directeur général adjoint M. Abdelhamid Ghanmi et son chargé de projets M. Omar Sallami avaient assisté le 27 janvier 2017 à la cérémonie de signature de l’accord de l’étude du projet Jinène Medjerda, au siège du gouvernorat de Béja.

Cet accord a été signé par la société Jinène SA et les bureaux d’études Ernst &Young et Scet.

La Caisse des Dépôts et Consignations est actionnaire de Jinène Medjerda SA, projet stratégique pour le développement de la région de Béja. Ce mégaprojet prévoit de créer 20 mille postes moyennant des investissements de l’ordre de 2 milliards de dinars en PPP.

Le projet devait comprendre une université, une smart city, un pôle agricole, un pôle de production d’énergie verte, un centre commercial, un projet touristique et une zone industrielle, etc.

Dans un communiqué publié, le ministère a indiqué que sa décision vise à relancer l’investissement étranger dans le secteur agricole par les entreprises à participation étrangère et qu’il concerne seulement l’exploitation agricole par voie de location et ne concerne pas la cession pour vente au profit des entreprises étrangères. Toutefois, dans ce secteur vital, on doit offrir des possibilités, plutôt, aux Tunisiens qui ont des idées porteuses, et leur donner l’accès à des financements.

Le plafond a été fixé à 66% conforment à l’article 2 de la loi n°56 du 22 septembre 1969 relatif à la réforme des structures agricoles et modifié par la loi n°33 de l’année 1997 du 26 mai 1997.  Cet article concerne l’exploitation des terres agricoles par voie de location.

Réfléchissons mieux et réfléchissons bien, parce que le potentiel tunisien est immense et il est nécessaire de faire confiance aux compétences tunisiennes, d’abord, tout en rétablissant la confiance entre toutes les parties.

De nombreuses personnes ont cru en « Jinène Medjerda » et la société civile du nord-ouest s’est mobilisé pour défendre le projet, mais il a fallu que les islamistes mettent la main dans la pâte pour qu’il soit avorté. Peut-on espérer, encore, qu’il soit ressuscité ?

Faouzi SNOUSSI