TUNIS – UNIVERSNEWS (SEF – MS) – Au printemps, l’odeur entêtante de la rose de Damas, une variété apportée selon certains par des voyageurs au temps du commerce caravanier, embaume la place des martyrs à Nabeul. Ici, tout tourne autour de cette fleur cultivée dans les délégations de Kairouan-Nord (El Gatrania et Dhraa Tammar), de Kairouan-Sud (Khazazia et Aouled Nhar) et de Chebika (Sidi Abdallah) où 110 agriculteurs pratiquent cette culture en intercalaire, et peu exigeante en eau et en intrants. Ainsi chaque année, Nabeul dévoile ses trésors et avec la Fête des roses, la ville souhaite apporter une couleur locale et soutenir cette fleur qui est le symbole de toute une ville, de ses habitants, de ses métiers et de ses vergers, avec une culture, des savoir-faire et des traditions ancestrales.
La cité des Potiers se met aux couleurs des roses pour un mois de récoltes, de réjouissances et de labeur. Pour cueillir délicatement les fleurs écloses ou les boutons fermés, il faut une main délicate. Ce sont généralement les femmes et les enfants qui sont préposés à la cueillette, déposant leur trésor dans un sac accroché à la taille. Chaque personne récolte environ 12 kg de fleurs fraîches par jour et il faudra 5 000 kg de roses fraîches pour faire 1 kg d’huile essentielle de rose. Le travail est pénible, car si la fleur est belle, elle est féroce, et les épines sont autant de défenses contre la main du cueilleur.
La production varie d’une année à l’autre, selon que les gelées de mars aient été clémentes ou pas avec la fleur. Cette source de revenus pour les populations locales est aussi le symbole d’un travail pénible. » On gagne juste de quoi vivre », souffle Fatma, mains gantées contre les épines. La récolte commence à l’aube, il faut environ six heures pour remplir les gros sacs que les femmes transportent sur leur tête jusqu’à la pesée. Ce travail saisonnier lui permet de nourrir sa famille de cinq personnes, grâce aux vingt kilos récoltés par jour pendant la floraison d’environ un mois.
Flambée des prix !
Certaines ont déjà entamé la cueillette des roses qui voient leurs prix grimper au fil des années en raison de la baisse de la production et de la cherté du coût de la main d’œuvre. Au marché des roses, tout n’est pas rose. Les prix affichés ont connu une flambée inhabituelle : 35 dinars le kg «C’est exagéré nous dit une femme habituée, en quête des prix accessibles. Cela fait vingt ans que je fréquente ce souk et jamais les prix des roses n’ont atteint ce seuil. On achetait, il y quelques années le kg à 20 dinars. Alors pourquoi ces prix excessifs qui dépassent nos bourses. Nous nous sommes approchés de Boutheïna Hammami, spécialiste dans la distillation des roses. «Ce métier est l’héritage de mes grands-parents. Je préfère toujours la méthode traditionnelle car elle nous donne une meilleure qualité d’eau de rose. Qui dit bonne qualité dit plus de bienfaits! Mais cette année, la production n’a pas beaucoup suivi. Elle est inférieure à celle des années écoulées. La plupart des rosiers sont résistants, mais il arrive que certains tombent malades. Certaines maladies (Oïdium, tâches noires, rouille) attaquent les rosiers. Ce sont des champignons microscopiques que l’on repère facilement sur les feuilles. Ce qui impacte la production et explique cette hausse des prix. Ceci n’empêche pas d’être sollicitée. Il faut compter au moins 4 kilos de pétales de roses pour avoir une bonbonne de 2 litres d’eau de rose distillée. Son parfum n’est pas son seul atout. Elle est réputée pour calmer l’anxiété, les problèmes émotionnels et psychologiques. En plus de ses qualités hydratantes, antioxydantes et antibactériennes, l’eau de rose est également connue pour ses propriétés tonifiantes et apaisantes pour l’épiderme. Cette lotion est considérée comme un tonique qui stimule la circulation sanguine. Elle est donc aussi bonne pour la santé de votre corps.