TUNIS – UNIVERSNEWS (CULT – M.S.) – C’est l’un des opéras les plus célèbres au monde : Carmen de Georges Bizet. L’histoire d’une jeune bohémienne rebelle et séductrice qui déclenche une bagarre dans la manufacture de tabac où elle travaille. Elle se fait arrêter, le brigadier Don José, chargé de la mener en prison, tombe sous son charme et la laisse s’échapper. 140 musiciens et choristes étaient samedi 13 juillet 2024 au rendez-vous lors de l’ouverture du festival international de la musique symphonique d’El Jem. Sous la direction artistique de Sofiane Abou Lagraa, cette collaboration exceptionnelle a donné naissance à une expérience artistique inoubliable dirigé par le grand Maestro Fadi Ben Othman, Ilyes Blagui pour la direction de chœur, Haïthem Hdhiri en tant que responsable de l’atelier lyrique et scénique, ainsi que le régisseur général de l’orchestre Sadak Hammami. Cette adaptation de “Carmen” a bénéficié également de partenariats importants avec l’Institut français de Tunisie (IFT) et l’Institut culturel italien de Tunis, renforçant ainsi les liens culturels entre la Tunisie, la France et l’Italie
Compassion, passion et amour: tels sont les éléments, tant sur scène qu’en coulisses, du nouveau spectacle du «Carmen» qui a mis en avant le talent de plusieurs musiciens, chanteurs et danseurs .L’Orchestre Symphonique Tunisien sous la férule d Fadi Ben Othman, en grande forme semble prendre beaucoup de plaisir à la partition. Les chanteurs ont tiré leur épingle du jeu. Maram Bouhlel dans le rôle de Carmen a ébloui tant par sa performance scénique que par son chant : elle chante Carmen avec énormément d’engagement, d’assurance, d’aisance, de nuances et de couleurs, et met ses charmes et son physique imposant de statue grecque au service du rôle. Amina Baklouti donne au personnage de Micaëla, devenue épouse délaissée en lieu et place d’une vierge amoureuse éconduite, beaucoup de substance vocale. Sa voix ravissante et sa présence scénique font merveille.
La satisfaction est plus grande du côté masculin : le Don José de Hassen Doss, tout en puissance a émerveillé l’assistance. Sa voix possède l’ambitus et le volume requis. Ce timbre-là contient plus de métal que de velours. Haïthem Hdhiri dans Escamillo était brillant. Sa voix, agréable dans l’aigu, avec de résonnances et de puissance dans le grave n’a laissé personne indifférent. Mais le rôle de Zuniga, chanté par Yahya Jaziri prend beaucoup de relief, grâce notamment à une présence physique imposante et un timbre puissant. Le duo Mercédès et Frasquita s’en sort bien également. La pièce impressionne surtout par la technique et la présence scénique des danseurs, parmi lesquels figuraient Houda Riahi, Oumaima Manai, Wael Margheni, Abdelmonem, Khemis Hazem Chebbi, Hichem Chebli, Cyrine Kalaï, Ranim Keffi, Omar Abbes, Baya Bouzgarrou, Sabrina Zehri, Fatma Balti, Abdelkader Drihli, Hamdi Trabelsi, Khouloud Ben Abdallah, Kais Harbaoui, et Houssemeddine Achouri. Entre le comique et le tragique cet opéra nous a ébloui encore plus par des décors fascinants. Les décors et costumes d’époque se marient finement et apportent une esthétique subtile et réaliste à cet opéra. Abou Lagraa a fait de la danse un formidable trait d’union entre les peuples, une danse emprunte d’amour, de liberté et de sensualité. Les chorégraphies célèbrent la complémentarité et le mélange des danses. Flamenco, danse classique, contemporaine, andalouse et même voguing, la fusion est éclectique mais réussie. Extrait de l’opéra Carmen de Bizet, « Le chœur des enfants » est une chanson de soldats qui se chante au moment du changement de la garde. En chantant suivant le rythme entraînant, les enfants de la chorale d’opéra de Tunis ont imité les gestes des soldats en marche. Un vrai et beau travail qui a permis à ces jeunes de toucher du doigt à l’opéra, au chant lyrique, et au travail en commun. Une belle expérience que leurs parents qui ont vécu, la larme à l’œil, lors de ce spectacle qui a fasciné tout le monde