TUNIS – UNIVERSNEWS (CULT – M.S.) – Entre profane et sacré, «Ziara» a revisité sciemment le patrimoine du chant sacré soufi dans son plus beau déploiement dans le cadre du Festival international de Nabeul. Ce spectacle resplendissant en couleurs et lumières a été présenté devant un public déchaîné qui a participé pleinement au chant et à la danse. Ziara est incontestablement la production artistique tunisienne qui a eu le plus perduré avec des versions à chaque fois différente, en connaissant toujours le même succès et toujours le même accueil chaleureux et enthousiaste.
22h00 tapante, la scène s’allume, des femmes en safsari (voile) blanc se répandent sur la scène, les musiciens se mettent en place, puis le chœur et les chanteurs regagnent leur place. Snajeq (étendards) et bkhour (encens) éléments essentiels du spectacle mystique rehaussent le plateau. Le spectacle grandiose, à la fois spirituel, sonore, visuel et festif, réunit près de 103 artistes entre musiciens, danseurs et chanteurs qui ont interprété, quasiment à la perfection, une relecture des traditions et pratiques rituelles et musicales, inspirées notamment du répertoire de la «Issaouiya», «Al-Amiriyah», la «Chadhelia».
Sur les gradins le défoulement était total. Le public, par contagion, s’est livré à des transes. Aux côtés des standards habituels : « Ana jaytek zaier », « Saida Manoubia », « Sidi Ben Aissa », « Wa Kabirou », « Om zine Jamalia », « Sidi Abdelkader », « Ya Baba Ammar », « Sidi Agereb », « Rakeb ala hamra », « Naghara ».
Une communion s’est installée entre la scène et les gradins. La fusion entre instruments orientaux et occidentaux offre des sonorités modernes un peu rock, un peu jazzy qui participent à l’évolution d’un patrimoine musical longtemps relégué aux confréries et lui donne plus de relief. La danse est présente avec force. Des chorégraphies inspirées des transes, des danses bédouines ou de danse contemporaine procurent des tonalités nouvelles et agréables. L’introduction de nouveaux éléments sonores ou visuels dans Ziara a souvent été dominée par un souci purement créatif, afin que l’œuvre demeure vivante. Et quand on a un bel espace en plein air comme le théâtre de Nabeul et qu’on y rajoute un public impliqué corps et âme dans l’acte artistique, on obtient une soirée magique.