
- Profits records… mais un faisceau de risques qui s’accumule
- Des bénéfices astronomiques… mais un fisc aux aguets !!!
- Un redressement fiscal à plus de 21,5 MD et la CNSS monte au créneau : près de 2 MD en jeu !!!
- Litiges commerciaux et sociaux : un climat d’incertitude !!
- Une domination de marché qui inquiète… une amende historique de près de 20 MDT… et une trésorerie pléthorique… qui interroge ?!?
- L’enjeu dépasse désormais la simple défense juridique de ses positions : c’est la pérennité même de son modèle, fondé sur la rente et l’extraction maximale de dividendes, qui est mise en cause !!!
Tunis, UNIVERSNEWS (SEF) –La SFBT reste l’icône de l’industrie tunisienne. Mais son empire est désormais sous un feu-croisé: celui du fisc, de la CNSS, du Conseil de la concurrence et d’une opinion publique de plus en plus sensible aux inégalités.
Derrière les profits records, une question cruciale émerge : la SFBT est-elle en train de devenir un risque pour le pays ?
La Société de Fabrication des Boissons de Tunisie (SFBT) reste l’entreprise la plus rentable du pays. Ses bénéfices se comptent en centaines de millions, ses actionnaires encaissent des dividendes colossaux et sa trésorerie déborde. Mais derrière cette façade de prospérité, les signaux d’alerte se multiplient. Fiscalité contestée, redressements sociaux, amendes records, litiges en série et dépendance stratégique à un actionnaire étranger qui fait face à des déboires avec la justice, surtout en France… autant de menaces qui pourraient transformer le champion national en un colosse fragilisé.
La SFBT affiche des bénéfices records, distribue des dividendes massifs et conserve une trésorerie de plusieurs centaines de millions. Mais derrière cette réussite éclatante, la Société de Fabrication des Boissons de Tunisie (SFBT) accumule les zones d’ombre : redressements fiscaux et sociaux dépassant 23 millions de dinars, contentieux commerciaux de plus de 3,4 millions, dépendance stratégique à un actionnaire étranger ultradominant et position quasi-monopolistique sur le marché position quasi-monopolistique sur le marché. Le 8 mai 2024, le Conseil de la concurrence inflige au groupe SFBT une amende totale de 19 ,98 millions de dinars dans le cadre d’une auto-saisine ouverte depuis 2017, dont 12, 99 millions de dinars à la charge directe de la SFBT.
Ses propres commissaires aux comptes, dans leurs rapports 2024 et 2025, attirent expressément l’attention sur ces risques. De quoi placer le géant des boissons sous le radar du fisc, de la CNSS et du Conseil de la concurrence.
La Société de Fabrication des Boissons de Tunisie (SFBT) vient de publier ses états financiers semestriels arrêtés au 30 juin 2025. Si les bénéfices restent colossaux, près de 170 millions de dinars sur six mois, la lecture détaillée des comptes révèle des zones d’ombre qui pourraient bien attirer l’attention des autorités fiscales, de la CNSS et du Conseil de la concurrence.
- Bénéfices qui explosent, mais fiscalité en ligne de mire : un redressement à plus de 21,5 millions de dinars
Avec un résultat net de 169,6 MDT sur le premier semestre 2025, SFBT maintient sa position de mastodonte industriel. Pourtant, l’impôt sur les sociétés ne représente qu’une faible part du chiffre d’affaires (à peine 5,8 % des revenus), ce qui pose la question de l’optimisation fiscale et de la conformité avec l’esprit de la loi.
Les autorités fiscales ont notifié à SFBT un redressement portant sur les exercices 2017 à 2021. La SFBT conteste la totalité du montant, mais a tout de même inscrit une provision de 21 579 912 DT dans ses comptes 2024 pour couvrir ce risque. Une somme qui témoigne de l’ampleur du différend.
- Charges sociales : la CNSS pourrait s’inviter au débat – près de 2 millions de dinars en jeu !!!
Les charges de personnel (27,5 MDT au 30 juin 2025) paraissent contenues au regard de la taille du groupe, alimentant les spéculations sur la nature des contrats, la sous-traitance et la conformité des déclarations à la CNSS.
La SFBT fait aussi l’objet d’un redressement CNSS pour la même période, 2017–2021, avec une provision de 1 923 382 DT passée dans les comptes. Ce montant, bien que nettement inférieur au volet fiscal, questionne sur les pratiques sociales et la conformité des déclarations à la caisse de sécurité sociale.
- Des pratiques commerciales dans le viseur du Conseil de la concurrence : Une position dominante qui interroge ?!
Avec près de 50 % du capital détenu par Brasseries et Glacières Internationales, SFBT bénéficie d’une position ultra-dominante dans le marché de la bière et des boissons gazeuses. Une telle concentration pourrait soulever des interrogations sur la concurrence loyale, la fixation des prix et les barrières à l’entrée pour de nouveaux acteurs.
- Amende du Conseil de la concurrence : près de 20 millions de dinars
Le 8 mai 2024, le Conseil de la concurrence a rendu sa décision, en premier ressort, dans l’affaire de l’auto saisine engagée depuis 2017. Il a infligé au groupe SFBT une amende globale de 19,98 millions de dinars, dont 12,99 millions de dinars directement à la charge de la SFBT. Cette sanction illustre les préoccupations persistantes liées à la position dominante du groupe et à ses pratiques commerciales.
- Litiges divers : plus de 3,4 millions de dinars provisionnés
Au-delà du fisc et de la CNSS, la société fait face à divers contentieux commerciaux et sociaux, représentant 3 407 013 DT de provisions supplémentaires. Ces affaires, dont certaines seraient devant les tribunaux, concernent des différends avec des partenaires, fournisseurs ou ex-employés.
- Trésorerie pléthorique, dividendes généreux… mais investissements limités
Alors que la trésorerie frôle les 258 MDT et que les placements financiers atteignent plus de 69 MDT, la société consacre toujours une part massive de ses flux à la distribution de dividendes (plus de 214 MDT sortis au premier semestre), laissant peu de place à des investissements productifs susceptibles de renforcer l’économie nationale.
- Un modèle économique questionné
La stratégie actuelle, forte rentabilité, distribution généreuse aux actionnaires, investissements mesurés, pourrait être critiquée pour son manque de contribution au développement industriel et à l’emploi, alors même que SFBT bénéficie d’un marché quasi-captif et d’avantages fiscaux historiques.
Au final, la SFBT demeure un géant incontournable par ses profits et son emprise sur le marché. Mais cette réussite apparente dissimule une accumulation inquiétante de redressements fiscaux, de contentieux sociaux, de litiges et de sanctions concurrentielles. L’enjeu dépasse désormais la simple défense juridique de ses positions : c’est la pérennité même de son modèle, fondé sur la rente et l’extraction maximale de dividendes, qui est mise en cause. Dans un contexte réglementaire et social de plus en plus contraignant, la SFBT risque moins d’être un champion national qu’un symbole d’un capitalisme fragile, contesté et potentiellement explosif.