- Youssef Chahed : « Sur le terrain, j’ai vu Tahya Tounès, Mourou et al ma9rouna… »
- Abdelkrim Zbidi : « je servirai la patrie et veillerai au respect des lois et des institutions »
- Le coup bas et mesquin fait à Zohra Driss a démasqué un clan et renforcé un autre
La soirée du vendredi 13 septembre 2019, à quelques petites heures du silence électoral, a été marquée par des interventions des différents candidats à l’élection présidentielle anticipée et l’inévitable cheikh du parti islamiste Ennahdha qui semble très inquiet pour son poulain, Abdelfattah Mourou.
Mais ce qui a retenu l’attention, ce sont les passages du chef du gouvernement, chef du parti gouvernemental Tahya Tounès, et candidat pour Carthage, Youssef Chahed sur la chaîne Attessiâ durant plus de deux heures pour ressasser ce qu’il a toujours dit, et Abdelkrim Zbidi, ministre de la Défense en congé et candidat, lui aussi, mais indépendant, à la même présidentielle.
En effet, contrairement à ce qui aurait dû se passer, d’entrée et dès que M. Zbidi a annoncé sa décision de se porter candidat à l’élection présidentielle anticipée, des attaques en règle ont été engagées de la part de pages et de profils connus pour leur allégeance à La Kasbah sans oublier les remarques acerbes faites par Youssef Chahed, en personne, quant à la démission de Zbidi de son poste de ministre de la Défense.
De par ses critiques, Youssef Chahed avait l’air de dire que M. Zbidi exerçait sous ses ordres avant de clamer carrément qu’il était son « patron », alors que tout le monde sait que le ministre de la Défense se trouve plutôt rattaché au président de la République.
Ainsi, le ton était donné par les partisans de Chahed et imposé aux supporters de Zbidi, deux candidats, censés appartenir à la même famille centriste et progressiste, même si Youssef Chahed s’est fait coller l’étiquette d’allié d’Ennahdha sans le soutien duquel, il n’aurait jamais pu terminer son mandat à La Kasbah, malgré le forcing de Béji Caïd Essebsi pour le mettre à l’écart puisqu’il l’avait appelé clairement, lors d’une interview, d’aller chercher le vote à l’ARP.
Mais on se rappelle qu’il n’est allé à l’Assemblée qu’après plusieurs mois, une fois sûr d’obtenir un vote positif dont notamment celui des élus de l’UPL de Slim Riahi qui, comme par enchantement, avait bénéficié de la levée de l’interdiction de voyage et d’un arrangement à propos de toutes les affaires de chèques sans provision.
D’autre part, dire qu’il était en symbiose avec BCE depuis mars 2019, est complètement faux. Et ce n’est pas la citation de la demande de Béji Caïd Essebsi de lever le gel de Chahed à Nidaa qui peut en témoigner, car tout le monde savait que le président de la République avait fait cette demande non pas pour les beaux yeux du chef du gouvernement mais c’était une manœuvre de retirer le tapis sous les pieds du nouveau parti Tahya Tounès.
Et le refus de Chahed de répondre à la levée du gel, témoigne, au contraire, de la poursuite du clivage et confirme qu’il continuait le bras de fer avec BCE.
D’ailleurs, des proches de BCE confirment que son refus de signer les amendements de la loi électorale, votés par l’ARP, était sa manière à lui, et de rejeter toute mesure d’exclusion et de riposter à Chahed pour tout ce qu’il a enduré à cause de lui.
BCE disait et répétait avec dépit et amertume : « que c’est lui qui l’a fait venir au gouvernement et qu’il ne comprenait pas une telle ingratitude (il exprimait cela en arabe, lors d’une interview par le terme « lou’m »).
Et jusqu’au dernier moment, YC a fait preuve d’un excès d’autosuffisance frisant l’arrogance en disant : sur le terrain, j’ai vu Tahya Tounès, Mourou et…en riant sous cape « el ma9rouna » pour désigner un homme et candidat à la présidence en prison sans procès !!! C’est dire cette attitude hautaine dans le sens où il n’a même cité l’autre adversaire en la personne d’Abdelkrim Zbidi.
Justement, parlons-en de M. Zbidi qui, interviewé par Sami Fehri sur la chaîne Al Hiwar Ettounsi durant moins de trois quarts d’heure, s’est montré clair, concis et tranchant dans ses réponses sans tomber dans les méandres des discours redondants.
Il a confirmé, une fois de plus, qu’il est un homme compétent, sûr de ses dossiers et à l’esprit cartésien tout en étant un être humain passionné et émotif qui a le sens de l’amour de la patrie et de la famille. « Je servirai la patrie et veillerai au respect des lois et des institutions », a-t-il clamé en substance.
Abdelkrim Zbidi, a prouvé qu’il est un homme réceptif qui apprend vite puisqu’en l’espace d’une quinzaine de jours, il a répondu présent à toutes les invitations des plateaux radiotélévisés et a honoré tous les meetings du nord au sud du pays avec une mention spéciale lors de la dernière journée en assurant à Sfax, à Gabès et à Tunis.
Abdelkrim Zbidi a démontré, après un début timide et hésitant, qu’il n’a pas froid aux yeux en répondant du tac au tac aux attaques gratuites et aux dénigrements par des faits et des vérités avérés et irréfutables.
Avant de terminer, il est nécessaire de revenir à l’épisode du soutien inconditionnel apporté par Zohra Driss à Abdelkrim Zbidi. Or, ceci lui a valu un acte mesquin de piraterie de son compte dans une tentative de prouver, frauduleusement, son soutien à Chahed, en faisant relayer des statuts montés de toutes pièces par des pages « connues » et par d’autres médias, spécialistes dans les infos en faveur d’un clan bien déterminé.
Ce qu’elle a démenti formellement par des déclarations et par une vidéo enregistrée à cet effet tout en assurant qu’elle saura retrouver les auteurs du piratage après le dépôt d’une plainte auprès de la justice.
Il s’agit là d’un épisode qui en dit long sur les méthodes insidieuses des uns et sur la spontanéité et la sincérité des autres. Toute la différence est là. Et les électeurs, appelés à se rendre en masse aux urnes, sauront faire le choix entre le bon grain de l’ivraie…
Noureddine HLAOUI