
Banques publiques tunisiennes: la BNA domine, la STB accélère et la BH en zone de vigilance!!!
- BNA – La locomotive du secteur public, en route vers le leadership régional !!!
- STB – Le phénix en reconstruction, mais lesté par ses coûts !!!
- BH Bank – Une croissance en trompe-l’œil, sous la menace des risques !?!
Tunis, UNIVERSNEWS (Finances) – À fin 2024, les performances des trois piliers publics du secteur bancaire tunisien, Banque Nationale Agricole (BNA), Société Tunisienne de Banque (STB) et BH Bank, tracent des trajectoires opposées.
La BNA confirme son statut de leader incontesté, portée par une rentabilité solide et une diversification réussie. La STB, après des années de turbulence, s’installe dans un rebond crédible. La BH Bank, en revanche, voit sa rentabilité s’éroder dangereusement, alourdie par la hausse des risques et un modèle encore trop concentré.
Ce panorama financier pose une question centrale : les banques publiques tunisiennes peuvent-elles conjuguer mission d’intérêt national et standards internationaux de performance ?
Tableau comparatif 2024 – Banques publiques tunisiennes


BNA – Un leadership consolidé par la rentabilité et la diversification
La BNA ferme l’exercice 2024 avec 22,46 milliards de dinars d’actifs et 12,67 milliards de dépôts clientèle, confirmant sa position de locomotive du secteur public bancaire.
Avec un résultat net de 254,6 MDT (+34 %), la banque affiche un ROA de 1,13 % et un ROE de 2,60 %, largement supérieurs à ceux de ses concurrentes.
Ce qui distingue la BNA :
- Un Produit Net Bancaire robuste de 976 MDT, tiré par une hausse exceptionnelle (+43 %) des revenus du portefeuille d’investissement.
- Une gestion proactive de la trésorerie et des marges d’intermédiation qui résistent à la compression des taux.
- Une diversification sectorielle lui permettant de limiter l’exposition à un segment unique.
Défi à relever : Le ratio frais du personnel / PNB (28 %) reste supérieur aux benchmarks internationaux. Une optimisation de la masse salariale et une digitalisation plus poussée pourraient améliorer l’efficacité opérationnelle.
STB – Le rebond s’installe et ouvre de nouvelles perspectives
La STB affiche en 2024 un résultat net de 82,5 MDT, en hausse spectaculaire de 63 %.
Ses 14,93 milliards d’actifs et 11,40 milliards de dépôts en font un acteur incontournable, bien qu’encore derrière la BNA en taille et en rentabilité.
Points forts :
- Amélioration nette des indicateurs : ROA à 0,55 %, ROE à 2,33 %.
- Rebond des revenus d’investissement (+41,6 %) et amélioration de la gestion du coût du risque.
- Capacité à capter de nouveaux segments clientèle, notamment les PME et le financement d’infrastructures.
Zone de vigilance : Le ratio frais du personnel / PNB (34,9 %) reste très au-dessus des standards, freinant la productivité et la capacité à investir dans des solutions technologiques de rupture.
Perspective : Si la STB parvient à réduire cet écart tout en maintenant sa dynamique commerciale, elle pourrait, à horizon 3 à 5 ans, rejoindre les meilleures pratiques en matière de rentabilité dans la région MENA.
BH Bank – Croissance masquant un risque accru
Avec 14,47 milliards d’actifs et 9,0 milliards de dépôts clientèle, la BH Bank affiche une expansion notable.
Mais derrière cette progression se cache une forte contraction de la rentabilité : le résultat net plonge à 70,4 MDT, contre 140 MDT en 2023.
Indicateurs préoccupants :
- ROA à 0,48 % et ROE à 1,29 %, les plus faibles du trio.
- Explosion des provisions, traduisant une hausse des créances douteuses et une pression sur la qualité d’actifs.
- Un modèle d’intermédiation bancaire encore trop dépendant du crédit classique et vulnérable aux défaillances clients.
Perspective : La BH Bank devra resserrer sa politique de crédit, renforcer les mécanismes de suivi et améliorer le recouvrement. À défaut, elle risque une dégradation structurelle de sa rentabilité à moyen terme.
Analyse transversale – Trois banques, trois équations stratégiques
Les chiffres 2024 des trois grandes banques publiques tunisiennes révèlent non seulement des niveaux de performance contrastés, mais aussi des structures économiques et des modèles d’affaires très différents.
L’analyse croisée de leurs bilans et comptes de résultat fait apparaître quatre axes clés : rentabilité, efficacité opérationnelle, gestion du risque, et diversification des revenus.
- Rentabilité : un leadership BNA, une STB en rattrapage, une BH Bank en recul
- BNA : Avec un ROA de 1,13 % et un ROE de 2,60 %, la BNA surperforme largement ses concurrentes. Ces ratios, même s’ils restent modestes par rapport aux standards internationaux (souvent au-delà de 3 % de ROA pour les meilleures banques régionales), traduisent une capacité à transformer ses actifs en bénéfices plus efficacement que la STB et la BH Bank.
- STB : Ses ratios (ROA 0,55 %, ROE 2,33 %) confirment une trajectoire de redressement. L’écart avec la BNA se réduit, mais reste significatif.
- BH Bank : L’effondrement du résultat net à 70,4 MDT a ramené le ROA à 0,48 % et le ROE à 1,29 %, soit des niveaux inférieurs au rendement moyen du secteur. Ce recul traduit une rentabilité insuffisante pour couvrir le coût du capital à long terme.
Sans une amélioration rapide de sa rentabilité, la BH Bank pourrait voir son attractivité commerciale et sa capacité de financement de croissance compromises.
- Efficacité opérationnelle : un point faible commun
Le ratio frais du personnel / PNB varie entre 25,4 % (BH Bank) et 34,9 % (STB), tous bien au-dessus des standards observés dans les marchés bancaires matures (18-20 %).
- La BNA se situe à 28 %, ce qui reste lourd mais mieux contenu que la STB.
La STB, malgré ses progrès en rentabilité, souffre d’une structure de coûts qui réduit sa marge d’investissement.
- La BH Bank a le ratio le plus bas, mais cet avantage est effacé par le poids des provisions.
La maîtrise des coûts n’est pas seulement une question d’économie salariale, mais aussi d’automatisation, de réorganisation des agences, et de migration vers le digital pour réduire les charges fixes.
- Gestion du risque : le grand différenciateur
En 2024, la dynamique des provisions raconte une histoire très différente pour chaque banque :
- BNA : Politique prudente, provisions en hausse maîtrisée, ce qui laisse de la marge pour financer la croissance.
- STB : Amélioration nette de la qualité d’actifs, reflet d’un travail sur le recouvrement et la gestion du risque crédit.
- BH Bank : Forte augmentation des provisions, signe d’une hausse des créances douteuses et d’un portefeuille de crédits plus fragile.
Dans un contexte macroéconomique tunisien marqué par un risque de défaut plus élevé sur les PME et certains secteurs industriels, la gestion proactive du risque crédit est l’arme principale pour préserver la rentabilité.
- Diversification des revenus : le retard face aux standards internationaux
Le poids des revenus hors intérêts (commissions, services digitaux, produits de marché) reste faible dans les trois banques publiques, alors qu’il dépasse souvent 40 % du PNB dans les banques internationales performantes.
- BNA tire déjà profit d’une base clientèle large pour générer des commissions sur services et opérations de marché.
- STB commence à élargir ses offres sur les segments PME, trade finance et banque digitale.
- BH Bank reste très centrée sur le crédit immobilier et les marges d’intérêt, ce qui la rend vulnérable à la volatilité des taux et aux défauts clients.
Les trois institutions doivent développer des relais de croissance stables, notamment via :
- Les commissions sur paiements et services digitaux,
- La gestion d’actifs et l’assurance,
- Les opérations de marché et de trade finance.
Les données 2024 montrent clairement que :
- La BNA est en position de force, mais doit attaquer le chantier des coûts et accélérer sa transformation digitale pour conserver son avance.
- La STB est sur la bonne voie, mais son excès de charges et sa productivité encore faible freinent son plein potentiel.
- La BH Bank doit traiter en priorité la question du risque crédit et réinventer son modèle pour éviter une érosion durable de sa rentabilité.
À l’horizon 2025-2027, l’enjeu commun reste le même : passer d’un modèle bancaire public centré sur l’intermédiation classique à un modèle moderne, digitalisé et diversifié pour rivaliser avec les acteurs privés et internationaux.
Perspectives 2025-2027 – Le tournant stratégique
- BNA : Potentiel de devenir un champion régional si elle accélère sa transformation digitale et optimise ses coûts.
- STB : Trajectoire ascendante crédible, mais la discipline budgétaire reste clé.
- BH Bank : Nécessité urgente de sécuriser la qualité d’actifs et de repenser le modèle commercial pour éviter une spirale négative.
- A l’heure des choix stratégiques
2024 aura été l’année des contrastes pour les banques publiques tunisiennes. La BNA s’impose comme un leader solide, la STB confirme son redressement, mais la BH Bank entre dans une zone de vigilance critique.
Le défi commun est clair : passer d’un modèle public centré sur l’intermédiation à un modèle bancaire moderne, digitalisé et diversifié, capable de rivaliser avec les standards internationaux tout en soutenant l’économie nationale.
- Deuxième Partie Premier semestre 2025 : confirmation des tendances
Au 30 juin 2025, les trois grandes banques publiques tunisiennes confirment les tendances dessinées à fin 2024, mais avec des intensités différentes.
- La BNA consolide son rôle de locomotive, affichant une croissance soutenue et une rentabilité solide, renforcée par une politique de diversification.
- La STB confirme son redressement et gagne en crédibilité, même si ses coûts structurels demeurent élevés et freinent sa compétitivité.
- La BH Bank, en revanche, s’enfonce davantage dans une zone de vulnérabilité : son produit net bancaire recule, son résultat net chute, et l’affaire BEN ROMDHANE (450 MDT) continue de peser sur ses comptes et sa réputation.
Cette photographie intermédiaire de 2025 illustre donc un paysage bancaire public à trois vitesses : un leader affirmé (BNA), un redressement en cours (STB) et une banque sous vigilance critique (BH Bank).


BNA – Une trajectoire de croissance consolidée
La BNA confirme sa dynamique :
- Total Actifs : 23,8 milliards MDT (+14 % en un an)
- Dépôts Clientèle : 12,9 milliards MDT (+2,2 %)
- PNB : 537 MDT (+7,7 %)
- Résultat Net : 155 MDT (+16,8 %)
La banque combine croissance et solidité financière, tout en poursuivant ses initiatives sociétales et de transition écologique.
Au 30 juin 2025, la BNA franchit 23,8 milliards d’actifs et 12,9 milliards de dépôts, confirmant sa dynamique.
Le PNB atteint 537 MDT (+7,7 %) et le résultat net 155 MDT (+16,8 %).
La BNA poursuit une stratégie équilibrée entre performance et responsabilité sociétale, consolidant son rôle de pilier du financement de l’économie.
STB – Une dynamique de redressement confirmée
La STB poursuit sa trajectoire ascendante :
- Total Actifs : 15,2 milliards MDT (+6,3 %)
- Dépôts Clientèle : 11,7 milliards MDT (+10,6 %)
- PNB : 350 MDT (+11 %)
- Résultat Net : 22,3 MDT (contre 14,4 MDT un an plus tôt)
La banque améliore ses fonds propres (1,3 milliard MDT) et démontre une résilience appréciable, malgré des marges toujours contraintes.
Avec 15,2 milliards d’actifs (+6,3 %) et 11,7 milliards de dépôts (+10,6 %), la STB affiche un bilan en progression.
Le PNB s’élève à 350 MDT (+11 %) et le résultat net grimpe à 22,3 MDT contre 14,4 MDT un an plus tôt.
Malgré la loi 41/2024 qui a pesé sur les marges, la STB démontre une résilience croissante et renforce ses fonds propres à 1,3 milliard de dinars.
BH Bank – Rentabilité en chute libre et risques persistants
La BH Bank affiche une évolution préoccupante :
- Total Actifs : 15,0 milliards MDT (progression limitée)
- Dépôts Clientèle : 9,5 milliards MDT (+2 %)
- PNB : 343 MDT (en recul par rapport à 2024)
- Résultat Net : 54 MDT (contre 78 MDT en juin 2024)
La banque souffre d’une contraction des crédits (10,3 milliards contre 10,8 un an plus tôt), d’un niveau élevé de provisions (1,8 milliard MDT) et d’une rentabilité insuffisante.
L’affaire BEN ROMDHANE (450 MDT), révélée fin 2024, continue de peser lourdement sur sa réputation et sa solidité.
Le PNB chute à 343 MDT (contre 363 MDT en juin 2024), et le résultat net s’effondre à 54 MDT.
L’alourdissement des provisions (près de 1,8 milliard de dinars) et l’impact durable de l’affaire BEN ROMDHANE (450 MDT) renforcent les inquiétudes sur la solidité de la banque.
- Banques publiques : l’heure des choix stratégiques
Entre 2024 et le premier semestre 2025, les trajectoires des trois grandes banques publiques tunisiennes se sont nettement différenciées.
- La BNA s’affirme comme le véritable leader du secteur public, combinant croissance des actifs, solidité financière et diversification réussie. Elle apparaît comme la mieux armée pour rivaliser avec les standards internationaux, à condition d’accélérer sa transformation digitale et de maîtriser ses coûts.
- La STB confirme un redressement crédible. Son plan de restructuration commence à porter ses fruits, mais la lourdeur de ses charges demeure son principal talon d’Achille. Si elle parvient à rationaliser ses coûts, elle pourrait s’installer durablement comme un acteur compétitif dans la région.
- La BH Bank, en revanche, reste plongée dans une zone critique. Sa rentabilité en déclin, le poids croissant des provisions et surtout l’ombre persistante de l’affaire BEN ROMDHANE (450 MDT) mettent en lumière des faiblesses structurelles et un modèle trop dépendant du crédit classique.