
SOTUVER, un géant de verre aux pieds d’argile!!!
- Des comptes qui brillent en surface, mais cachent des fractures profondes
- Des profits consolidés… sous perfusion bancaire !!!
- Un rendement industriel bien en-dessous des standards : un signal d’alarme rouge
Tunis, UNIVERSNEWS (Finances) – Présentée comme un levier de croissance, l’opération de partenariat stratégique étranger demeure, à ce jour, entourée d’incertitude et de scepticisme, dans une posture de « wait and see » en attendant sa concrétisation annoncée par la SOTUVER pour la fin septembre 2025.
Le groupe maîtrise-t-il réellement son outil industriel, ou ses résultats dépendent-ils avant tout de l’endettement et de la protection réglementaire ?
Le verre est poli en surface, mais les fissures internes pourraient bien s’élargir à la première secousse !!!
Un signal rouge
Derrière les vitrines étincelantes de ses bouteilles en verre, SOTUVER traverse une zone de fortes turbulences. Si la société affiche des résultats bénéficiaires et une trésorerie consolidée de 58,5 MDT, une lecture approfondie des états financiers et du rapport annuel 2024 révèle une situation nettement plus préoccupante :
- Endettement massif,
- Acquisitions surévaluées,
- Rendement industriel défaillant,
- Contentieux fiscal latent,
- Et une diversification incertaine.
Le rapport annuel 2024, approuvé par le commissaire aux comptes, dévoile un chiffre qui devrait alerter tout analyste sérieux du secteur industriel. Sur une capacité installée de 330 tonnes/jour (150 + 180), SOTUVER n’a produit en 2023 que 81.044 tonnes, alors que la capacité annuelle en fonctionnement normal aurait dû atteindre 120.450 tonnes, soit un rendement de seulement 67 %.
Mais le plus grave encore : si l’on tient compte de l’arrêt de 3 mois du four n°2 (mentionné dans le rapport du commissaire aux comptes), la capacité installée réajustée est de 104.025 tonnes, pour une production nette de 64.524 tonnes, soit un rendement réel de seulement 62 %.
C’est une catastrophe industrielle pour une verrerie, une industrie de feu continu qui doit fonctionner 24h/24, 365 jours/an, avec des rendements normalement compris entre 90 % et 95 %.
Les fours devaient tourner à 90-95 % minimum. Les 5 % restants ne sont tolérés que pour la maintenance. À moins de 90 %, on parle déjà de zones de danger. À 62 %, c’est le signal d’une industrie en déclin, voire d’un risque de faillite industrielle.
Un modèle sous perfusion bancaire
Au 30 juin 2025, le groupe affiche un résultat consolidé bénéficiaire de 26,7 MDT et des capitaux propres de 167,4 MDT. Mais cette performance masque une dépendance extrême à la dette bancaire :
- 161,8 MDT de dettes financières,
- 101 MDT d’emprunts levés sur le semestre, immédiatement recyclés en remboursements.
Ce mécanisme révèle une trésorerie sous tension chronique, qui ne repose pas sur une génération organique de cash-flows, mais sur un endettement roulant dangereux. En clair, SOTUVER vit à crédit, et la moindre contraction du crédit bancaire peut provoquer une rupture brutale de la chaîne financière.
Une filiale en Italie… mais une rentabilité toujours floue
La filiale italienne, censée servir de tremplin stratégique à l’international, reste entourée d’un flou total quant à son rendement industriel et commercial. Aucune donnée publique claire sur sa performance : ni volumes vendus, ni marges, ni parts de marché gagnées.
Partenariat étranger : une promesse encore non tenue
Depuis des mois, le groupe entretient l’illusion d’une acquisition stratégique avec un partenaire étranger, présentée comme un catalyseur de croissance.
Mais le dossier piétine, malgré les déclarations rassurantes. Le marché commence à douter :
- Les partenaires étrangers hésitent-ils en découvrant le vrai visage du groupe ?
- La performance industrielle décevante serait-elle un facteur de blocage ?
- États financiers individuels : les signaux sont au rouge
Les états financiers individuels de SOTUVER montrent également des fragilités inquiétantes :
- Hausse des dettes fournisseurs de +17,1 MDT,
- Augmentation des créances clients de +14,5 MDT,
- Résultat net individuel positif (13,7 MDT), mais construit sur des délais clients et un endettement fournisseur alarmants.
Un redressement fiscal qui plane toujours
La filiale SGI est visée par un contrôle fiscal portant sur l’exercice 2023, concernant l’application contestée de l’article 72 du Code de l’IRPP et de l’IS. Le dossier, encore non clos, pourrait générer des charges imprévues et plomber la rentabilité future.
Une diversification hors-sol
En parallèle, le groupe s’est aventuré dans des secteurs comme l’énergie solaire ou le commerce international, sans visibilité claire sur la rentabilité. Ces incursions hors du cœur de métier consomment des ressources sans créer de valeur tangible.
Verdict : SOTUVER, un géant de verre… aux pieds d’argile
SOTUVER apparaît ainsi comme un groupe fragilisé, dont la brillance des chiffres masque mal une structure financière sous tension.
Derrière des états financiers apparemment brillants, les fondations de SOTUVER apparaissent gravement fissurées :
✅ Résultats consolidés bénéficiaires
❌Mais générés sous perfusion bancaire,
❌ Un rendement industriel à 62 %, très loin des standards internationaux,
❌ Des acquisitions surévaluées,
❌ Un contentieux fiscal non résolu,
❌ Des tensions de trésorerie et une dépendance au crédit,
❌ Une diversification risquée et inefficace.
Le verre est poli en surface, mais les fissures internes pourraient bien s’élargir à la première secousse économique ou financière.
Et dans une industrie où le four doit tourner sans arrêt, un rendement à 62 % n’est pas un contretemps.
C’est une alerte. Une urgence. Une impasse.