
Nos jeunes raffolent des réseaux sociaux… les conseils du coach Lilia Besbès!!!
Tunis, UNIVERSNEWS (INTERVIEW) – TikTok, Snapchat, Instagram, Facebook… Quels réseaux sociaux les jeunes utilisent-ils ? Il y a des différences en fonction du genre et de la génération. Cette adduction impacte la vie des jeunes. Il y a énormément de dérives malgré l’accompagnement des parents comme en témoigne le coach Lilia Besbès (M.S)
- UNIVERSNEWS : Les mineurs de 13 à 15 ans sont encore trop vulnérables pour être exposés aux réseaux sociaux. Quels sont les dangers de ces médias sociaux. Au-delà des risques physiologiques, l’addiction aux réseaux sociaux peut-elle gravement atteindre la santé mentale de ces internautes ?
Lilia Besbès : Les jeunes de 13à 15 ans constituent une vulnérabilité réelle face aux dangers numériques. À cet âge, les adolescents sont en pleine construction identitaire. Leur cerveau, encore immature dans la gestion de l’impulsivité, les rend plus sensibles aux mécanismes addictifs des réseaux sociaux. En Tunisie, près de 80 % de la population est connectée à Internet et plus de 7 millions de personnes utilisent activement les réseaux sociaux (57 % de la population). L’exposition des mineurs est donc massive. Côté santé mentale : des travaux récents menés en Tunisie montrent des liens entre usage problématique/ « cyber-victimisation » et détresse psychique chez les adolescents. Une étude tunisienne (Sfax, 2022 ; publiée 2024–2025) identifie une association entre cyberharcèlement et détresse mentale chez des lycéens, plaidant pour des stratégies de prévention en milieu scolaire. D’autres travaux décrivent des cas de dépression après cyber-victimisation chez des mineurs, illustrant un continuum « exposition–symptômes ». L’addiction aux réseaux, quant à elle, est de plus en plus documentée chez les collégiens et lycéens, avec Facebook, Instagram et WhatsApp comme plateformes dominantes.
- Les contenus de ces réseaux sociaux sont-ils néfastes ?
Ces contenus sont néfastes. On retrouve des contenus liés à la violence, l’automutilation ou la désinformation. Plusieurs recherches tunisiennes ont confirmé la présence de cyberviolences à l’école. Des signaux l’attestent : études locales sur le cyberharcèlement en collège/lycée (El Kef, Sfax, Sousse) montrent une prévalence non négligeable et des corrélats psychiques défavorables. Mais dire que “la majorité des contenus est néfaste” serait faux : les réseaux sont aussi des espaces d’apprentissage, d’entraide, d’ouverture culturelle et professionnelle. L’enjeu n’est pas de fuir, mais de développer l’esprit critique et la littérature numérique.
- Les mineurs ne sont pas des utilisateurs comme les autres : faut-il une protection renforcée ?
Les mineurs ne sont pas des utilisateurs comme les autres. Leur protection doit être multicouche . Il faut un cadre légal. La Tunisie a adhéré en 2024 à la Convention de Budapest sur la cybercriminalité, renforçant son arsenal contre les délits en ligne. L’école a un rôle à jouer avec des programmes anti-harcèlement, des mesures de sensibilisation et un soutien psychologique.. La famille pourra accompagner. Les campagnes publiques et actions associatives pourront renforcer la vigilance collective.
- Peut-on instaurer un « couvre-feu numérique » de 20h–8h pour les 15–18 ans ?
Le “couvre-feu numérique” est utile, mais à coconstruire. Le sommeil est le premier enjeu. Des études internationales montrent que l’usage nocturne des écrans entraîne fatigue scolaire et irritabilité. Un couvre-feu numérique 20h–8h peut être pertinent, mais il doit être adapté, souple et discuté en famille. L’idée n’est pas d’imposer une sanction, mais de protéger la santé. Exemple pratique : pas d’écrans dans la chambre, mise en mode avion la nuit, et usage nocturne autorisé uniquement pour les révisions ou les recherches scolaires.
- Faut-il renforcer l’éducation numérique des enfants allant jusqu’à insister sur l’existence de portables sans accès à internet ? Faut-il interdire aussi les portables dans les écoles ?
Il faut former nos jeunes à la citoyenneté numérique : sécurité, confidentialité, esprit critique, respect des autres. L’UNESCO recommande désormais d’intégrer aussi une éducation à l’intelligence artificielle. Interdire totalement les portables à l’école ou imposer des appareils sans Internet serait contre-productif : demain, les jeunes auront besoin de savoir utiliser ces outils de manière responsable. La bonne approche consiste à encadrer : un téléphone en consigne ou en mode avion pendant les cours, des règles claires d’usage à la maison (contrat familial) et des temps dédiés aux usages constructifs : révisions, créativité, orientation.
- Faut-il sanctionner les parents en cas de « défaillance » ?
Sanctionner les parents : Non, plutôt responsabiliser et accompagner. Il est plus productif d’outiller les parents que de les punir. Des ateliers de sensibilisation, des lignes d’écoute, des ressources numériques officielles devraient être développés. Sanctionner ne résout rien : c’est en créant une alliance éducative que nous préservons les enfants. Aux parents, je lance un message clair : ne coupez pas vos enfants des réseaux, mais apprenez avec eux à les utiliser intelligemment. Encouragez-les à exploiter l’intelligence artificielle pour leurs études (résumés, quiz, fiches de révision) plutôt que de s’y opposer. En tant que membre du Lion’s Club, je forme régulièrement les jeunes Léos. Leur enthousiasme et leur capacité d’adaptation me confirment une chose : la jeunesse tunisienne ne manque pas de talents, mais elle a besoin de repères. Nous avons la responsabilité collective de les préparer à devenir les leaders de demain : des leaders capables d’utiliser les réseaux sociaux et l’intelligence artificielle non pas comme des pièges, mais comme des tremplins vers l’innovation, la citoyenneté et l’entrepreneuriat.
Les réseaux sociaux ont également servi de tremplin pour mettre en lumière les réussites de nos jeunes tunisiens, récompensés dans des compétitions Internationales de robotique, des olympiades de géographie, de calcul mental et bien d’autres disciplines.