
Aux Nations unies… le discours au vitriol de Trump
Par Moktar LAMARI
Tunis, UNIVERSNEWS (Tribune) – Donald Trump a lancé mercredi une attaque d’une vulgarité unique, un discours au vitriol, avec une charge en règle et désinhibée contre les Nations unies. Il a averti les pays du monde entier qu’ils couraient à leur perte s’ils ne s’alignaient pas sur sa vision anti-immigration, anti-énergie verte et surtout climatosceptique.
En 2018, le discours plein de vantardise du président américain avait suscité des rires parmi les délégués étrangers réunis pour l’Assemblée générale de l’ONU à New York. Pas aujourd’hui, le danger est réel! Cette fois, c’est dans un silence presque complet que le milliardaire de 79 ans s’est félicité d’avoir lancé un «âge d’or» de l’Amérique, avant d’assurer qu’il méritait un prix Nobel pour avoir mis fin à «sept guerres», en faisant une liste hétéroclite de conflits pour certains déjà anciens.
La plupart des dirigeants occidentaux n’ont plus le cœur à rire depuis le retour au pouvoir du républicain, qui a lancé une vaste offensive protectionniste, remis en cause les alliances des États-Unis et taillé dans l’aide internationale.
«Quel est le but des Nations unies ?», a demandé Donald Trump, en reprochant à l’ONU de ne pas l’avoir aidé dans ses entreprises de médiation.
Panne de téléprompteur
«Les deux choses que j’ai eues des Nations unies, c’est un escalier mécanique défaillant et un téléprompteur défaillant », a-t-il ironisé. Le milliardaire, très sensible aux accrocs protocolaires, s’est également plaint sur son réseau Truth Social de ces problèmes techniques.
Donald Trump, qui a lancé une grande opération d’expulsions d’immigrés en situation irrégulière, a reproché à l’ONU de «financer une attaque contre les pays occidentaux et leurs frontières», en faisant référence aux programmes d’aide aux migrants. «Il est temps de mettre fin à l’expérimentation ratée des frontières ouvertes. […]. Vos pays vont en enfer ! » a-t-il déclaré. Il a aussi attaqué les pays européens pour leurs politiques de transition énergétique, affirmant que le changement climatique est la «plus grande arnaque» jamais vue.
« Si vous n’abandonnez pas cette arnaque verte, votre pays est condamné à l’échec. Et je suis vraiment bon en prévisions », a-t-il déclaré.
Donald Trump, qui semblait surtout décidé à faire la leçon au monde entier, est passé assez rapidement sur les conflits qui ensanglantent la planète.
Ukraine et Gaza
Il a déclaré que la reconnaissance d’un État de Palestine constituerait une « récompense » récomposant les « atrocités » commises par le Hamas.
La France s’est ajoutée à quelque 150 pays s’inscrivant déjà dans ce mouvement historique. Même si la France ne veut pas aller plus loin pour sanctionner Israël et appeler à des positions plus politiques contre les massacres commis à Gaza.
Donald Trump a aussi reproché à l’Inde et à la Chine d’être «les premiers soutiens financiers» de la machine de guerre russe en Ukraine.
Une réunion du Conseil de sécurité sera consacrée mardi à ce conflit en pleine impasse des efforts diplomatiques pour mettre fin à l’invasion russe.
Quant aux Européens, « ils doivent immédiatement arrêter tout achat d’énergie russe », a ajouté le président américain, qui a aussi répété sa menace de dures sanctions contre Moscou, jusqu’ici jamais mise en œuvre.
S’exprimant avant ce discours aux accents souverainistes, le secrétaire général de l’ONU Antonio Guterres s’est employé à promouvoir une conception opposée de l’ordre mondial.
Pour lui, le monde doit réaffirmer « l’impératif du droit international », « la centralité du multilatéralisme » et « renforcer la justice et les droits humains ».
Donald Trump n’a utilisé aucun de ces mots, pas plus qu’il n’a évoqué la notion de démocratie.
Trump et Lula
Il aura à New York des entretiens bilatéraux avec ses homologues ukrainien Volodymyr Zelensky et argentin Javier Milei, en plus d’organiser une réunion avec les dirigeants de plusieurs pays musulmans (Qatar, Arabie saoudite, Indonésie, Turquie, Pakistan, Égypte, Émirats arabes unis et Jordanie).
La guerre dans la bande de Gaza fera l’objet mardi d’une réunion du Conseil de sécurité de l’ONU, mais en l’absence d’Israël qui a déploré qu’elle se tienne en plein Nouvel an juif.
Avant Donald Trump, le président brésilien Luiz Inácio Lula da Silva avait pris la parole, jugeant que son pays avait envoyé un message en condamnant l’ex-président Jair Bolsonaro pour complot visant à renverser le gouvernement, malgré les pressions américaines.
« Le Brésil a envoyé un message à tous les aspirants autocrates et à ceux qui les soutiennent : notre démocratie et notre souveraineté ne sont pas négociables ».
Donald Trump a annoncé qu’il rencontrerait la semaine prochaine son homologue brésilien qu’il avait accusé de mener une « chasse aux sorcières » contre l’ex-dirigeant d’extrême droite.
M.L.