( Paris. De notre correspondant particulier Mongi Hazgui)
Ne dit-on pas que Paris est la « ville des lumières » et par ricochet la France aussi ? Oui mais dorénavant cette « lumière » devra être payée en monnaie sonnante et trébuchante et donc elle ne sera accessible qu’aux plus nantis.
Dans les années 80 les droits d’inscription universitaires ne dépassaient pas les 800 Francs tous diplômes confondus soit approximativement 130 Euros par an. Aujourd’hui une Licence coûte 170 Euros, un Master 243 Euros et un Doctorat 380 Euros. Ces droits d’inscription, selon le nouveau projet de réforme annoncé le lundi 19 novembre 2018 par le premier ministre Français Edouard Philippe, passeront à 2 800 Euros pour la Licence et 3 800 Euros pour le Master et le Doctorat…soit, respectivement, des coefficients multiplicateurs hallucinants : 16, 15 et 10.
Doublement hallucinant, cette réforme rentre dans le cadre d’une nouvelle « stratégie d’attractivité pour les étudiants internationaux ». Le Ministre, incohérent avec lui-même, souhaite par ladite stratégie attirer 500 000 étudiants étrangers à l’horizon 2027 alors que la France en compte actuellement 320 000 soit 180 000 étudiants étrangers de plus. Cette augmentation, des étudiants et des droits, rapportera, en moyenne, calculette en main, 500 Millions d’Euros sachant que le budget du ministère de l’Éducation Nationale 2018 de la France s’élève à 50 Milliards d’Euros. Question bête et méchante : Est-ce que la recette supplémentaire correspondant à 1% du budget global permettra d’atteindre « l’excellence », premier objectif déclaré et recherché par le Ministre ?
Triplement hallucinant, cette réforme est, ainsi présentée, injuste et discriminatoire. La France étant le quatrième pays d’accueil d’étudiants étrangers dans le monde, ces derniers (surtout les Africains), qui pouvaient jusqu’à présent venir faire leurs études en France en payant le même tarif que les Français, vont dès la prochaine rentrée, devoir payer beaucoup plus cher leurs cursus universitaires. En plus de la discrimination, insidieuse ou déclarée, on leur fait subir une discrimination institutionnalisée…
Etonnant que ce Ministre, un pur produit de l’École Nationale d’Administration, l’une des plus prestigieuses écoles qui forme les hauts fonctionnaires et les hommes d’état Français, mette en place une réforme de l’Education Nationale aussi bancale, incohérente et discriminatoire…
La France, avec ce genre de décision est en perte de vitesse sur la réforme en profondeur de son système d’éducation et sa «lumière» qui a tellement bien rayonnée sur le monde est sur le point de s’éteindre petit à petit !
Mongi Hazgui