- Journaliste de guerre, elle a couvert les conflits armés au Liban, en Algérie ; en Irak et dans le Golfe
- Grande militante pour les droits de l’Homme et les Libertés individuelles et d’expression
- Enseignante, elle est réputée être proche de ses étudiants
L’entrée à l’univers du journalisme n’est pas une chose aisée pour une femme à l’époque des années 80. Forte, brillante et audacieuse sur le terrain sont les principales caractéristiques de la journaliste Saloua Charfi Ben Youssef.
Saloua Charfi Ben Youssef a commencé sa maitrise en journalisme à l’Institut de Presse et des Sciences de l’Information(IPSI) en 1975, puis elle a continué ses études à la faculté des sciences juridiques politiques et sociales de Tunis pour obtenir son doctorat en 1995 après 10 ans d’étude dans cette faculté. Un an après, elle a commencé son parcours comme une enseignante à l’IPSI.
Professeure d’enseignement supérieur à l’Institut de Presse et des Sciences de l’Information (IPSI) et journaliste, Saloua Charfi a pu marquer de son empreinte plusieurs générations et s’imposer en tant qu’une femme intellectuelle et compétente dans son domaine tout en s’illustrant comme une grande militante acharnée dans la défense des droits de l’Homme et des libertés individuelles.
Saloua Charfi est une personnalité tunisienne respectable et appréciée dans le domaine du journalisme. En effet, elle a exercé dans plusieurs médias dont notamment le quotidien en langue française « Le Temps », les hebdomadaires « Errai », « Attarik Al Jadid » et « Al Mawkef », les revues « Réalités » et « Le Maghreb », « L’Economiste Maghrébin » et dans la chaîne de télévision « Canal Horizons ».
D’ailleurs, elle a commencé son parcours avant même de terminer ses études de journalisme à l’IPSI dans les deux journaux, «La presse » et «Assabah», sachant qu’elle a opté pour le journalisme de guerre qui est, à n’en point douter, le type de journalisme le plus ardu car il comporte des menaces pour la vie du journaliste.
En dépit de ces difficultés, Saloua Charfi Ben Youssef a réussi à couvrir certaines guerres dans le monde arabe dont notamment celle du Liban, d’Irak, du Golfe et la lutte contre les intégristes islamistes en Algérie.
Saloua Charfi est une journaliste révolutionnaire qui a des positions fortes et remarquables dans le paysage médiatique. Par sa plume, elle a défendu la femme, sa liberté et ses affaires et les droits de l’Homme en général.
Elle est féministe par excellence, « rebelle » et militante surtout dans les années 70 et 80, en relation avec les droits de l’Homme et les questions politiques. Son courage peut être expliqué de son appartenance à une famille militante (son oncle n’est autre que Salah Ben Youssef).
À la fin des années 80, elle a couvert, pour de nombreux journaux arabes et étrangers intéressés par les mouvements de la résistance palestinienne alors qu’elle vivait au Liban où elle avait approché le Front populaire de libération de la Palestine à la fin des années 70. Elle a rencontré, ainsi, les symboles les plus connus de la révolution palestinienne (Yasser Arafat, George Habach, Ghassan Kanafani).
Elle a, également, remporté le premier prix de l’Organisation des Nations Unies pour les meilleurs articles sur les droits des femmes, le prix de Bchira Ben Mrad pour son effort dans la couverture des conflits armés, les guerres civiles au Liban, en Algérie et dans le Golfe, et a obtenu la Médaille présidentielle à l’occasion de la Journée de la femme en 2015.
Saloua Charfi est connue par ses écrits courageux et audacieux non seulement journalistiques mais aussi académiques.
Elle a écrit sur les mouvements de l’islam politique dans les années 1980. « Les islamistes et la démocratie (en arabe) » (1999), « Femme, islam et violence (en arabe) » (2001), « La Ligue Tunisienne pour la Défense des Droits de l’Homme : discours et monographie de 1977 à 1994 (en français), et « Analyse de discours : messages politiques dans les médias (en arabe) »(2010), sont certains titres de ses travaux.
Saloua Charfi était la première femme directrice de l’IPSI par l’élection en 2014. Elle est actuellement la présidente de la commission de doctorat d’enseignement supérieur présentant des cours en analyses de discours.
Mervet Chaktmi