- Le cinéma sans prétention !
Au pays de l’oncle Salem est un film réalisé par le cinéaste Slim Belhiba. Il est question d’un gardien d’une école primaire rurale, qui en plein préparatifs pour la rentrée scolaire, décide de changer le drapeau lacéré et d’en acquérir un plus neuf et plus prestigieux. Il se déplace en ville pour en acheter un et au chemin de retour, il se heurte à des manifestants qui sont traqués par la police. Par mauvais chance, il finit par être accusé comme semeur de désordre.
Le canevas est tellement évident et lucide que les fils de fond se sont imbriqués les uns dans les autres, de manière aberrante qu’ils sont finis en un nœud incroyablement noué. 15 minutes ont synthétisé un parcours révolutionnaire absurde et tragique.
Cette sobriété du traitement, cette condensation des actions ont fait que le déroulement du film se passe comme un clin d’œil, un soupçon d’éclair qui fait ébranler le spectateur, le pousse à s’interroger sur cette absurdité, cette malédiction, cette ingratitude envers un pauvre citoyen dont le souci est de participer, depuis son propre lieu, à rendre son pays resplendissant.
Ce court métrage est une preuve que le langage cinématographique peut être simple et sans aucune prétention pour atteindre les objectifs les plus suprêmes. Le jeune réalisateur Slim Belhiba a réussi à toucher et à faire frémir son public, sans l’aspect ostentatoire, sans beaucoup de décor, sans beaucoup de lumière, humblement, tout humblement…
Faiza Messaoudi