Par Mustapha MACHAT
La Tunisie vit des moments parmi les plus difficiles de son histoire dus à une accumulation des ratages et à la mauvaise gestion tout au long de la décennie ayant suivi l’avènement de la prétendue révolution qui a profité, en premier lieu, aux Nahdhaouis, aux takfiristes et autres opportunistes. C’est dire que la tâche est ardue pour les gouvernants actuels du pays qui ne semblent pas être conscients de la gravité de la situation.
Or, au lieu de réfléchir aux moyens susceptibles de faire remonter la pente, de procéder aux réformes conjoncturelles et structurelles pour générer la croissance et les richesses, ils sont en train de s’occuper de secteurs, certes importants dont la lutte contre la corruption, la spéculation et autre assainissement de la justice, sans révéler au grand public la stratégie à suivre pour faire sortir le pays du marasme socio-économico-financier.
Ce marasme, accentué par le déclenchement de la guerre en Ukraine, peut, selon les experts, conduire le pays au pire dont notamment la faillite voire une crise alimentaire des plus aigues.
En effet, les spécialistes les plus optimistes s’accordent à dire que la Tunisie avait besoin de 4 milliards de dollars, mais peut avoir besoin, dans un proche avenir et hausse des prix du pétrole oblige, de 10 milliards de dollars, soit l’équivalent de 30 milliards de nos dinars !
Et plus optimiste encore, même si les négociations avec le FMI aboutissent à un accord, la Trésorerie du pays n’obtiendrait, d’ici mai juin, pas plus de 2 milliards de dollars. D’où proviendra, alors, le reste de nos besoins ? Et puis, à supposer qu’on ait eu ces montants, personne n’est sorti pour dire aux Tunisiens comment va-t-on et quand pourrions-nous rembourser ces nouvelles dettes qui s’ajouteront aux anciennes, déjà trop lourdes ? Le problème est que ni Nejla Bouden, ni encore moins, Kaïs Saïed ne se prononcent sur ces problématiques.
La première ne parle pas du tout, le second est préoccupé par les questions « d’assainissement ». Plus encore, selon certains, le chef de l’Etat aurait indiqué en privé qu’il n’adhère pas aux exigences du FMI. Bref, il y a trop de non-dits et de silence alors que le peuple veut savoir où il va. En tous les cas, l’UGTT s’impatiente et son secrétaire général crie en substance : “la Tunisie traverse, aujourd’hui, un virage dangereux et il est temps de rectifier la boussole”. Un homme averti en vaut deux !…
M.M