TUNIS – UNIVERSNEWS – Tous les jours, dans tous les pays, des filles et des garçons souffrent et sont témoins d’actes de violence en milieu scolaire. La violence à l’égard des enfants est un phénomène que l’on observe dans toutes les cultures, indépendamment du milieu social, du revenu, de l’origine ethnique ou du cadre. Elle a un impact dévastateur sur les enfants, et ceux qui en réchappent peuvent souffrir toute leur vie de problèmes de santé, d’adaptation sociale, ainsi que de troubles psychologiques et cognitifs. Or, tous les enfants ont droit à une vie sans violence. Les explications de Malek Sassi Boughzala, coach parental
- Universnews : Quelles formes peut prendre la violence à l’égard des enfants scolarisés (crèche, jardin d’enfant, école)?
Melek Sassi Boughzala : La forme de violence la plus connue est la violence physique envers l’enfant, car elle est visible à l’œil nu pendant ou après les gestes violents (coups, traces sur le corps…). Mais ce n’est pas l’unique forme ou la forme la plus courante de violence au sein des structures de garde d’enfant !
Les violences psychologiques, moins repérables par les parents, sont encore plus fréquentes et aussi nocives pour les enfants. Je cite ici quelques exemples : Humiliation, critiques continues, comparaison, rejet, isolement, moquerie, insultes, intimidation, harcèlement, menaces, chantage, non-respect de l’espace ou la parole de l’enfant, non-respect du « non » de l’enfant et le forcer. C’est d’ailleurs la définition même de la violence : être forcé à faire ou subir quelque chose qui ne nous convient pas.
Je tiens à préciser que ceci ne veut pas du tout dire que l’on doit céder à tout ce que l’enfant demande ! Mais entre céder et violenter, il y a tout un chemin ! Accompagner les parents à respecter et entendre les refus de leurs enfants, sans forcément céder à leurs caprices est un l’un des piliers de mes consultations. Une dernière chose. Les violences sexuelles peuvent être physiques, mais aussi psychologiques et verbales !
- Quelles sont les conséquences à court et à long terme pour l’enfant agressé ?
Les violences physiques peuvent laisser, ou pas, des traces physiques. Les violences physiques, psychologiques et verbales que nous avons évoquées laissent à coup sûr des blessures émotionnelles très profondes ! La victime ne se rend souvent pas compte de ces blessures et peut les confondre avec des traits de personnalité par exemple ! L’enfant, en particulier, va généralement penser qu’il mérite ce châtiment, surtout si ça vient d’une personne de confiance (parent, maîtresse, figure d’attachement à la crèche…) et ça affecte donc en profondeur son estime de lui, sa confiance en ses capacités, son comportement, sa perception des choses, etc. Et ça peut aller jusqu’à des douleurs physiques et des soucis psychologiques plus sérieux.
- Comment les parents devraient réagir ?
Avant de réagir, il va falloir d’abord détecter ces violences ! Rester attentif aux comportements de nos enfants après l’école, les jeux qu’ils vont vouloir jouer spontanément, les questions, les réactions émotionnelles inhabituelles… Tous ces indices sont à prendre en compte. Je ne dis pas que la lecture de tous ces indices est évidente, mais ça s’apprend si besoin.
Si vous avez le moindre doute, alors n’hésitez pas à consulter pour mieux accompagner vos enfants, à faire des visites surprises à l’école et à prendre un rendez-vous pour échanger avec le personnel aussi. La réaction dépendra certainement de l’ampleur des violences et de l’impact sur l’enfant, mais ce que je trouve précieux à vous transmettre, c’est que votre réaction sera vis-à-vis la structure, mais aussi et surtout vis-à-vis de votre enfant pour l’accompagner à parler de ce qu’il vit, à se défendre et à mettre des limites au mieux qu’il peut si besoin, à exprimer son vécu afin d’extérioriser ses émotions et réparer les blessures psychiques.
Ce travail avec votre enfant est indispensable et peut-être fait à l’aide d’un professionnel qui aura la capacité d’être plus objectif que vous et donc d’accompagner l’enfant plus efficacement et de vous accompagner vous aussi dans tout ce que vous vivez !
- Quelles mesures devraient être mises en place pour mieux protéger et prendre en charge les enfants victimes de violence?
En complément de ce que j’ai évoqué dans la question précédente, je rajoute qu’il est important de ne pas attendre des incidents comme ceci pour apprendre à nos enfants à se défendre, à dire non, à parler de leurs vécus en toute confiance avec leurs parents, à réagir quand quelque chose ne leur convient pas et à gérer sainement leurs émotions.
C’est à la fois un travail préventif et curatif en cas de soucis ! Plusieurs techniques facilitantes sont transmises aux parents lors des accompagnements comme le jeu, le dessin, la communication avec un vocabulaire adapté, des outils d’expression et de gestion des émotions, etc. Nos enfants ont droit à une vie sans violence
M.S.