
TRIBUNE – « Comment sont-ils arrivés jusqu’à Sfax ? »

Tawfik Bourgou
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La Tunisie a été désignée comme terre d’immigration et de peuplement. C’est écrit expressis verbis
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Les numéros de taxis dits « mafias » qui récupèrent les migrants à la frontière avec l’Algérie sont sur les réseaux sociaux, des numéros de passeurs tunisiens aussi
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La Tunisie n’est pas un point de passage, mais elle a été désignée comme un foyer de «somalisation»
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Des régimes africains vont s’effondrer et leur effondrement ouvrira la porte au retour des djihadistes qui vont devenir les contrôleurs et les parrains
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Un écosystème mafio-subsaharien s’est créé à Sfax et il a déjà éliminé la branche tunisienne et s’est imposé par la violence extrême
TUNIS – UNIVERSNEWS La question a été posée au Ministre de l’intérieur par le Président de la République, nous y répondons en la circonstance et de façon scientifique. Sans être désobligeants à l’endroit des autorités ont leur dit pour savoir pourquoi Sfax, suffisait de lire Universnews.
Pour être très précis, le 15 février dernier, Universnews a donné, dans l’un de nos articles l’itinéraire des voies migratoires, non pas depuis la frontière ouest de la Tunisie seulement, mais depuis les capitales de l’Afrique de l’Ouest, du Sud et de l’Est.
Une simple analyse de comptes Facebook, d’annonces parfois même gouvernementales (des Etats subsahariens) montre que la Tunisie a été désignée comme terre d’immigration et de peuplement. C’est écrit expressis verbis. Les ONG qui poussent des cris d’Orfraie feraient mieux de lire ce qui est écrit par ceux qui promeuvent ouvertement le « repeuplement » de la Tunisie. Nous sommes très loin des simples hères perdus sur un radeau et jetés par le ressac sur le sol de la Tunisie.
Les numéros de taxis dits « mafias » qui récupèrent les migrants à la frontière avec l’Algérie sont sur les réseaux sociaux, des numéros de passeurs tunisiens aussi, ceux d’africains installés illégalement en Tunisie. Sfax est une concentration, mais toute la Tunisie sans exception aucune est gangrénée par les mêmes métastases. Un simple survol d’hélicoptère permet de cerner les lieux de regroupements et de départ vers l’Europe.
Un simple logiciel de décryptage des communications téléphoniques par GSM qui ne coûte que quelques milliers de dollars donnerait une idée sur l’ampleur des connexions et de la nébuleuse qui a gangréné la Tunisie et qui est liée à l’immigration subsaharienne illégale.
De simples patrouilles de frontières, de simples contrôles des trains SNCFT depuis l’ouest vers la côte permettraient de voir l’ampleur du désastre. Un simple vol de drone avec caméra thermique, le long de la frontière permettrait de voir de nuit l’ampleur de l’invasion. Il suffit de se poster au petit matin dans les villes frontalières pour voir migrants illégaux poussés par les autorités algériennes, les passeurs et leurs receveurs et guides qui les amènent à venir s’implanter en Tunisie.
Sfax et les villes tunisiennes le long de la frontière ont été le théâtre de la contrebande qui a détruit l’Etat et l’économie, les mêmes contrebandiers ont investi dans l’importation d’africains en collaborant avec les mafias africaines directement ou les milices libyennes, certains, attendent juste que l’Algérie les pousse et les voilà à la tête d’un groupe qui va travailler en fraude pour payer le passeur tunisien et de plus en plus en plus le passeur subsaharien installé en Tunisie.
Quand le travail légal ne suffit pas, ce sont les trafics illicites : prostitution, drogues, trafic de paternité, trafic de document d’identité tunisien, faux diplômes, fausses inscriptions dans des écoles fictives ou des universités quasi-virtuelles.
Le 15 février dernier, sur la base d’une lecture et d’un croisement de rapports « blancs », ouvert que tout un chacun peut trouver sur internet, nous avons prouvé trois choses :
– Il existe désormais un axe qui va du Nigéria, de la Guinée, de la Côte-d’Ivoire, du Golfe de Guinée, jusqu’à l’Italie, en passant par la Tunisie. Cet axe migratoire a été au moins partiellement investi par des acteurs travaillant dans le giron d’autorités gouvernementales et de mafias locales (les Kults nigérians en sont un exemple). Cette mafia nigériane a éliminé la Cosa Nostra italienne, elle a mis la main sur les drogues dures à Marseille et remonte vers la Hollande. On comprend maintenant pourquoi le premier Ministre hollandais s’intéresse à la Tunisie.
– Les flux migratoires vers la Tunisie via l’Algérie et la Libye (avec le consentement et la participation de ces deux pays), en raison de leur ampleur, quasi-submersive ont été orienté dans le sens de la construction d’une guerre hybride par certaines puissances (Russie) qui ont pour objectif de créer un foyer de troubles dans le sud de l’Europe en détruisant la Tunisie et en créant un foyer de tension sur le sol italien et sur le sol français. L’objectif ultime étant d’affaiblir le flanc sud de l’Otan. Une simple relecture de ce qu’a dit Madame Van Der Layen à Tunis même ajoute un élément d’appui à ce point précis. C’est pour cela que nous avons appelé à la militarisation et la déclaration de l’état d’urgence sur toutes les frontières.
– Dans l’article du 15 février nous apportons un élément concluant à la future collusion entre les réseaux de l’immigration clandestine massive vers la Tunisie et le terrorisme international. Au risque de se répéter, nous disons que la Tunisie n’est pas un point de passage, mais elle a été désignée comme un foyer de «somalisation». Le moment que nous vivons nous rapproche de cette dangereuse échéance. La fin de la présence de l’armée française dans le Sahel n’a pas été compensée par Wagner, bien au contraire, les Russes ont créé les conditions d’une déflagration à venir au Mali, au Burkina, en RCA. L’échec du coup de force de Wagner en Russie va amener Moscou à récupérer les troupes dans l’espace sahélo-saharien, peu ou pas de candidats pour remplacer les troupes mercenaires russes. Il est vraisemblable que des régimes vont s’effondrer, leur effondrement ouvrira la porte au retour des djihadistes qui vont devenir les contrôleurs et les parrains des routes migratoires et celles des drogues et des armes. Peu ou prou, celles-ci seront les routes du terrorisme.
Sfax n’a pas été choisie par hasard par ceux qui l’ont investie, croire qu’il s’agit d’un choix fortuit est faux. Elle a été investie par une économie souterraine préexistante qui vivait de la contrebande et de la destruction de la Tunisie post 2011, elle s’est convertie dans l’immigration clandestine à tous les stades.
En réalité, nous assistons à une « napolitanisation » de Sfax. Un écosystème mafio-subsaharien s’est créé, il a déjà éliminé la branche tunisienne, il s’est imposé par la violence extrême. D’ailleurs, presque tous les quartiers sont devenus des zones en dehors de la souveraineté de l’Etat. C’est une question de temps avant que la ville ne devienne un furoncle dont le traitement coûtera très cher à mesure qu’on tarde à prendre les mesures nécessaires. Sfax en premier, mais partout ailleurs. Le temps n’est plus aux questions, il est aux réponses. La Tunisie n’a pas à payer le prix des errements de l’Afrique.
T.B.
Politologue