TUNIS – UNIVERSNEWS – Le centre de formation commun de Nafta sera-t-il un point d’entrée pour faciliter l’installation des migrants irréguliers? Une grande ambiguïté entoure l’ouverture d’un centre dans la région frontalière de Nafta, sous la supervision du ministre tunisien de l’Intérieur Kamal Fékih et de son homologue autrichien, et en présence du ministre danois de l’Immigration et de plusieurs ambassadeurs étrangers, dont les Pays-Bas.
Ce centre, qualifié dans un communiqué du ministère tunisien de l’Intérieur de centre de formation conjoint à la gestion intégrée des frontières dans la région de Nafta (gouvernorat de Tozeur), avec le financement de l’Autriche, du Danemark et de la Hollande, vise à lutter contre le phénomène des migrations illégales, sans plus de précisions.
Contrairement à cette déclaration ambiguë, la déclaration de l’Autriche et du Danemark a indiqué… que ce centre financé par les pays occidentaux, en coordination avec le Centre de politique d’immigration en Autriche, sera consacré à la formation des garde-frontières en Tunisie pour faire face à l’immigration clandestine.
Il convient également de noter que la formation se déroulera selon une approche élaborée par les pays européens les plus soucieux de transformer la Tunisie en un centre pour accueillir les Africains et éviter leur passage vers l’Europe. Cela a amené un certain nombre de militants de la société civile à considérer ce centre « mystérieux » comme une attaque manifeste contre la souveraineté tunisienne.
Par ailleurs, certaines pages mobilisées contre l’installation des Africains en Tunisie vont jusqu’à accuser l’État tunisien d’être impliqué dans leur installation dans le pays. La preuve en est que des Africains sont entrés hier en grand nombre par la frontière algérienne, dans l’espoir de résider en Tunisie, surtout avec l’existence d’informations -qui ne sont pas vérifiées- sur des « facilités » et d’une nouvelle approche dans le traitement des Africains subsahariens, et leur installation en Tunisie.
Dans ce sens, certains affirment, aussi, que les campagnes sécuritaires de lutte contre l’immigration irrégulière visaient principalement à évacuer les rues principales de la ville de Sfax, alors qu’un nombre important d’Africains se sont installés dans les zones rurales environnantes, face aux plaintes des habitants de ces zones et l’indifférence des autorités.
Les questions qui se posent, aujourd’hui, est si la Tunisie est devenue un « gardien des frontières européennes en Méditerranée » ? En échange de quoi ? Quel est le sens de la souveraineté au vu des violations existantes ?
Il est à noter que les contours de l’accord conclu en juin par la Tunisie concernant l’immigration irrégulière et ses répercussions sont encore floues….