TUNIS – UNIVERSNEWS (Monde) – La guerre menée par Israël à Gaza donne l’impression que tout avait été préparé d’avance, du moins au niveau de la désinformation et de l’intox… avec une arme majeure et fatale, celle de jouer la victimisation, afin d’attendrir les décideurs politiques occidentaux et de les attirer dans leur giron, en vue d’épouser leur cause.
Cette manigance a pris, surtout avec l’administration américaine qui est, déjà, acquise à la cause de l’entité sioniste… surtout qu’elle pullule d’infiltrés à la solde des Sionistes et du sionisme, comme c’est le cas du président grabataire des USA qui a épousé leur cause et qui légitime les massacres commis par la bande du criminel de guerre, Benyamin Netanyahu. L’article du journal français « Libération » dont nous avons publié des extraits, déjà, à deux reprises, présente, dans sa dernière partie, les agissements pour diaboliser les Palestiniens.
«Plusieurs récits douteux, ou infirmés et démentis par les faits, ont comme source une organisation non gouvernementale (ONG), «United Hatzalah», qui regroupe des secouristes, urgentistes et ambulanciers bénévoles pour intervenir sur les lieux de sinistres en Israël. Son responsable, Eli Beer, s’est rendu aux Etats-Unis fin octobre, avec l’intention revendiquée d’obtenir le soutien des dirigeants américains. Avant son départ, Beer – qui s’était entretenu avec Joe Biden lors de la visite du président américain en Israël – avait ainsi déclaré dans le Jerusalem Post : «Nous assistons aujourd’hui aux tentatives de la machine de propagande du Hamas de nier et de minimiser l’ampleur de ces massacres afin d’améliorer sa position internationale pendant la guerre, et il est de notre devoir, en tant que témoins de ces actes barbares, d’obtenir un soutien inébranlable des décideurs américains pour Israël. J’ai raconté certaines de ces histoires au Président, et maintenant je vais les raconter aux membres de la direction républicaine».
Des atrocités créées de toutes pièces !!!
Le 28 octobre, Beer a rendez-vous à Las Vegas, devant la Republican Jewish Coalition. Il y évoque les atrocités dont il affirme avoir été témoin (à partir de 32′16), et dont aucune n’a été confirmée. Le responsable commence ainsi par ce témoignage (qui est donc faux, comme indiqué) : «J’ai vu de mes propres yeux une femme enceinte de quatre mois, elle était dans un petit kibboutz. Ils sont entrés chez elle, devant ses enfants, ils lui ont ouvert le ventre, ont sorti le bébé et ont poignardé le tout petit bébé devant elle, puis lui ont tiré dessus devant sa famille. Et puis ils ont tué le reste des enfants.» Il enchaîne : «J’ai vu des petits enfants qui se faisaient décapiter, on ne savait pas quelle tête appartenait à quel enfant. […] Nous avons vu un petit bébé dans un four. Ils ont mis, ces salauds, ces bébés dans un four et ont allumé le four. Nous avons retrouvé l’enfant quelques heures plus tard.»
CheckNews est déjà revenu, fin octobre, sur cette affirmation selon laquelle un bébé aurait été tué dans un four. Elle n’a jamais été confirmée, et a été démentie par plusieurs journalistes israéliens. Le contexte de la mort des deux bébés qui figurent dans le bilan officiel des victimes du Hamas ne correspond en rien à ce que décrit Eli Beer. Plus d’un mois après, sa déclaration continue pourtant de circuler.
Aucune enfant de 8 ou 9 ans n’est morte à Be’eri
Lundi 4 décembre, le sénateur républicain de Louisiane John Kennedy a appelé Joe Biden à maintenir le soutien américain à Israël, en argumentant ainsi : «Vous n’avez pas besoin de lire un traité sur le Moyen-Orient pour savoir que seuls les monstres –des monstres au cœur noir– mettraient un bébé dans un four et allumeraient l’interrupteur, comme l’a rapporté un secouriste. C’est le mal pur». Après un bref échange le 6 décembre, United Hatzalah n’a finalement pas répondu à nos questions concernant ses allégations.
Au moment où Eli Beer témoignait devant les responsables républicains américains, une autre responsable de l’organisation, Linor Attias, donnait une interview à la chaîne américaine CNN. Le 1er novembre, la secouriste décrit cette scène d’horreur à laquelle elle dit avoir assisté à Be’eri : «Il y avait une petite fille, 8 ou 9 ans, ils lui avaient coupé la main, elle respirait encore, c’était son dernier souffle. Elle avait perdu tellement de sang, pendant des heures».
CheckNews a visionné plusieurs interviews de Linor Attias entre le 7 octobre et le 1er novembre. A aucun moment, dans les récits pourtant circonstanciés qu’elle a livrés de son intervention dans les kibboutz, elle n’avait fait référence à cette séquence. Interrogée par le journaliste de CNN sur les raisons la poussant à témoigner tardivement à ce sujet, Linor Attias a affirmé : «Après trois semaines, j’ai réalisé l’importance de parler de cela». Aucun autre témoignage, à notre connaissance, ne vient corroborer le sien. Selon les bilans aujourd’hui disponibles, aucune enfant de 8 ou 9 ans n’est morte à Be’eri. Ailleurs, trois enfants de sexe féminin entre 8 et 12 ans ont été tués le 7 octobre, mais les circonstances des décès connues sont incompatibles avec le récit de Linor Attias. CheckNews n’est pas en mesure de savoir s’il s’agit d’une déformation, ou d’une invention. Plusieurs titres de presse ont relayé ce témoignage, et le porte-parole du gouvernement israélien Eylon Levy l’a partagé sur les réseaux, avec ce commentaire évoquant le Hamas : «Il n‘y aura pas de cessez-le-feu avec le mal.» United Hatzalah ne nous a pas non plus répondu concernant ces allégations.
Tout le monde a mis son grain de sel !!!
Un autre récit, non vérifié, concerne enfin les otages, et le fait que le Hamas aurait pris en otage une femme enceinte proche du terme qui aurait accouché en captivité. Le 15 novembre, Sara Netanyahu, l’épouse du Premier ministre israélien, a écrit à plusieurs «premières dames», dont la femme du président des Etats-Unis, Jill Biden. Dans la missive, elle affirme sans aucune précaution : «Une des femmes kidnappées était enceinte. Elle a donné naissance à son bébé en étant prisonnière du Hamas. Vous pouvez imaginer, comme moi, ce que cette femme doit vivre mentalement depuis qu’elle est détenue avec son bébé par ces meurtriers». Cette lettre a été très largement relayée par de nombreux médias, tout d’abord en Israël (Times of Israel, i24News…), mais également en France (l’Indépendant, Ouest-France…) à la suite d’une dépêche de l’AFP. Le 18 novembre, soit trois jours plus tard, le tabloïd britannique Daily Mail a publié un article affirmant qu’une femme thaïlandaise, otage du Hamas, aurait accouché en captivité. Une information démentie les jours suivants par la famille de l’otage en question (qui a depuis été libérée). CheckNews a interrogé de nombreuses sources israéliennes pour avoir des précisions. Nous n’avons obtenu aucune réponse, ni identifié aucun élément confirmant l’affirmation – à l’inverse, nous avons identifié une source vraisemblable de confusion, liée à une homonymie. Aucune des femmes libérées n’était enceinte ou ne venait d’accoucher, et aucun élément disponible n’indique que l’une des femmes encore otages du Hamas soit dans cette situation.
Cette campagne, soufflée aux oreilles des dirigeants politiques, martelée sur les réseaux sociaux et aux journalistes, a eu pour but de rallier, puis consolider, le soutien de l’opinion israélienne et internationale aux violentes représailles à Gaza. Elle a aussi eu comme effet secondaire de nourrir, sur les réseaux sociaux, une puissante négation des crimes du 7 octobre, servant à mettre en doute les récits authentiques du massacre de quelque 800 victimes civiles. Un déni sur lequel CheckNews, a déjà travaillé, et reviendra en détail la semaine prochaine.