Interview de Dr. Saida Hajji Zarrouk
- Appel à instaurer un cahier de charge pour mieux encadrer la pratique de la médecine esthétique
- Le digital qui a donné une nouvelle impulsion ces dernières années au marché de l’esthétique médicale et chirurgicale
- Le pays est même devenu une destination très prisée des étrangers, notamment des européens en quête de beauté éternelle à moindre coût
TUNIS – UNIVERSNEWS (Interview) – Hammamet a accueilli le “Congrès SYTMES”, l’évènement de la médecine esthétique par excellence qui a eu lieu les 12 et 13 janvier à l’hôtel Océana. Organisée par le Syndicat tunisien des médecins esthétiques, cette manifestation est une occasion inestimable d’explorer et de débattre des innovations récentes en médecine esthétique. Ce congrès animé par des invités venus de la France, de Turquie, d’Egypte, d’Espagne, du Maroc, de Jordanie et de Géorgie sera non seulement une opportunité de perfectionnement professionnel, mais aussi une chance de renforcer les liens qui unissent cette communauté médicale. Les explications du Dr Saida Hajji Zarrouk, Membre du Syndicat Tunisien des Médecins Esthétiques (SYTMES), de la Tunisian Aesthetic Medicine Association (TAMAS) et de la Société Française de Médecine Morphologique et Anti-âge
- Universnews: Comment jugez-vous l’évolution de la médecine esthétique En Tunisie?
Dr Saida Hajji Zarrouk: La médecine esthétique a évolué vers une large gamme de soins et d’actes pour ralentir et gommer les effets du temps. Un éventail de prestations, a permis aux 300 praticiens de vulgariser la médecine esthétique et démocratiser ses prix, désormais pas uniquement réservés aux personnes plus ou moins riches. Dans la croissance de ce marché, il faut souligner aussi la contribution du digital qui a donné une nouvelle impulsion ces dernières années au marché de l’esthétique médicale et chirurgicale, tant en termes d’accès à de meilleurs diagnostics et simulations notamment, offrant une fenêtre pédagogique aux patients. Des patients qui ne cessent d’en demander encore plus.
Avant, en effet, il était plus question de restaurer les volumes, aujourd’hui il y a une multitude de soins et d’actes chirurgicaux en la matière qui se sont développés. Dans la course à avoir une esthétique irréprochable, les demandes des patients sont de plus en plus sans limites. Durant ces dernières années, la médecine esthétique a connu une ascension fulgurante en Tunisie. Les médecins généralistes qui ont suivi une formation, les dermatologues ou encore les chirurgiens esthétiques peuvent pratiquer les actes de la médecine esthétique.
Le pays est même devenu une destination très prisée des étrangers, notamment des européens en quête de beauté éternelle à moindre coût. Liposuccion, remodelage des seins, rajeunissement facial, chirurgie de la silhouette, du nez… tout est devenu possible pour retrouver une meilleure image de soi. Certes, les hommes recourent également à la chirurgie esthétique
- Pourquoi le recours à la médecine esthétique ?
La médecine esthétique est une discipline médicale dont le but est d’améliorer la qualité de la peau et de lutter contre les signes du vieillissement au niveau du corps et du visage. Elle utilise un ensemble de techniques et de soins spécifiques, sans chirurgie, dont essentiellement les techniques d’injections, les peelings, et divers agents physiques comme la lumière, les lasers, le froid intense, les ultrasons, etc.
Notre congrès organisé à Hammamet par le Syndicat Tunisien des Médecins Esthétiques a traité du 12 au 13 janvier différents thèmes tels que les inducteurs collagéniques, les nouveaux fillers, la beauté au masculin, la beauté au féminin, l’Intelligence artificielle au service de la médecine esthétique, la rhinoplastie ainsi que la communication sur les réseaux sociaux. Cette manifestation a vu la participation d’une pléiade de spécialistes et médecins venus des quatre coins du monde. Outre les conférenciers tunisiens, les séances plénières ont été animées par des invités issus de la France, la Turquie, l’Egypte, l’Espagne, le Maroc, la Jordanie et la Géorgie.
- Quels sont les risques qui menacent la profession?
Notre profession est menacée par la multiplication des intrus dans le secteur et l’augmentation des cas de fraude, en particulier via les réseaux sociaux et la publicité de services sans respecter les règles de base. Ces pratiques ont conduit à de nombreuses irrégularités et déformations chez certains clients, attirés par les offres et les prix bas des centres de beauté illégaux. Les kinés, les coiffeurs, les esthéticiennes et bien d’autres intrus dans ce domaine proposent des tarifs bradés et pratiquent des injections dont les risques peuvent être graves.
Heureusement que nous avons sollicité le ministère de la Santé et l’Ordre des médecins à agir contre cette anarchie qui risque de ternir la réputation de la spécialité et je peux dire que la compétence en médecine esthétique a été établie en 2023. Un cahier de charge est en train de se préparer par le ministère de la santé pour réglementer cette profession et les actes médicaux à visée esthétique. Pour mieux encadrer ces pratiques, le syndicat se déclare favorable à la création d’une formation inter-universitaire ouverte aux seuls médecins et permettant la pratique réglementée des actes médicaux à visée esthétique
M.S.