Tawfik BOURGOU*
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La Tunisie fait face à un phénomène qui dépasse ses capacités avec les arrivées et les montées qui se sont s’accélérées ces derniers mois
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Ce qui a été entrepris, en dépit du bon sens, a noyé le pays, notamment l’accord avec l’Italie qui est le pire accord depuis 1881
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L’arrivée massive de migrants clandestins a créé les conditions d’une explosion sociale et sécuritaire inédite qui va emporter les fragiles équilibres du pays
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Si la Tunisie s’effondre, cela emportera tout le bassin de la Méditerranée occidentale, en impactant directement et indirectement ceux qui en 2011 ont contribué à l’effondrement de l’Etat tunisien en installant à la tête du pays les islamistes
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L’effondrement du système frontalier a pris l’allure d’une vague, puisque la dispersion des personnes, en raison de l’immigration clandestine clanique a créé des clans là où les personnes se sont installées
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La Tunisie est en passe de devenir un archipel de nationalités africaines dont la densité est en train d’augmenter très rapidement
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Petit à petit, des secteurs, des espaces, des domaines économiques sont investis par des non-tunisiens en dehors de l’autorité de l’Etat tunisien, en dehors de tout contrôle
TUNIS -UNIVERSNEWS Le Général Langley nous a rendu visite en Tunisie, lundi 26 août, il aurait eu, d’après nos informations, un diner-débat autour sur la situation actuelle et future du pays. Nous allons nous employer à répondre à la question qui a été posée par les organisateurs de ce débat, auquel, bien évidemment nous n’avons pas été conviés. Cependant, notre article devait être publié et il était programmé de longue date. La venue du général, n’étant pas la cause de sa publication.
Le Général, natif de la Louisiane, que nous connaissons bien, comprendra mieux que quiconque ce que nous allons écrire, car la Louisiane fait face elle aussi, à un phénomène d’immigration massive, mais qu’elle gère avec les moyens d’un Etat fédéré des Etats-Unis et avec une aide non négligeable de l’Etat fédéral. Pourtant, comme le Texas, une des économies les plus riches au monde, elle peine beaucoup, comme tous les Etats du sud à endiguer ce que la vague apporte comme criminalités, drogues, trafics divers.
La Tunisie fait face à un phénomène qui dépasse ses capacités : un bassin démographique de quelques centaines de millions de personnes, en continuité territoriale, en capacité d’entamer partiellement la marche vers le nord, sans aucun des Etats limitrophe ne les empêchent. Les arrivées et les montées se sont s’accélérées ces derniers mois d’ailleurs.
La Tunisie fait face au pire problème existentiel qu’elle a eu à affronter depuis sa colonisation en 1881. Voilà de quoi situer les choses de façon claire et quasi-militaire à l’adresse du Général, qui ne doit pas trop méconnaitre la situation, eu égard à ses fonctions à la tête de l’AFRICOM.
A l’adresse de nos lecteurs tunisiens, qui sont notre objectif unique et principal, nous allons nous employer à reposer les termes du débat comme nous l’avons fait depuis deux ans. Nous nous adressons bien sûr à celles et ceux qui sont soucieuses de la pérennité du pays et la continuité de la société tunisienne. Les autres, les romantiques, les partisans de l’accueil de toute la misère et de la démographie de l’Afrique ne nous intéressent pas.
Notre objectif sera d’alerter une fois de plus celles et ceux qui ont encore la volonté de regarder la réalité en face, avec ses aspects crus et dramatiques et de résister à la disparition du pays. Car nous pensons qu’un drame immense est en train de se nouer et que la Tunisie est en danger de disparition, nous l’avons écrit il y a deux ans. Rien n’a été fait depuis, pire encore ce qui a été entrepris, en dépit du bon sens, a noyé le pays. Notamment l’accord avec l’Italie qui est le pire accord depuis 1881.
La digue va lâcher, ce n’est pas une question d’années ou de mois. C’est désormais une question de semaines. Le pays est à la limite de ses capacités pour sa propre population, mais l’arrivée massive de migrants clandestins a créé les conditions d’une explosion sociale et sécuritaire inédite qui va emporter les fragiles équilibres. Devant l’apathie des autorités, c’est une question de temps.
Si la Tunisie s’effondre, le risque est grand, cela emportera tout le bassin de la Méditerranée occidentale. Ce risque va impacter directement et indirectement ceux qui en 2011 ont contribué à l’effondrement de l’Etat tunisien en installant à la tête du pays les islamistes : l’Europe occidentale et les Etats-Unis via leurs installations militaires et via l’instabilité de leurs principaux alliés.
Les Tunisiens doivent savoir que leur pays est en train de se dérober à eux et qu’à court terme ils seront réfugiés sur la terre de leurs ancêtres, ou au pire massivement en barcasses vers d’autres horizons. La cause de l’effondrement est simple à décrire.
Le système frontalier du pays, le contrôle des frontières, mais aussi la possibilité de maitriser un flux continue de populations étrangères arrivant en Tunisie par voie terrestre s’est totalement délité. Nous arrivons à un point de bascule, où cet effondrement peut amener une crise de l’Etat dans sa capacité à protéger et à encadrer la vie courante des tunisiens. Tout simplement la vie quotidienne.
Nous affirmons aussi que cette invasion est une menace immédiate pour la sécurité nationale tunisienne et la pérennité de la société tunisienne en tant que groupe social. Nous n’évoquons même plus la pérennité de l’Etat qui s’est évaporé de certains coins du territoire. C’est dire la gravité de la situation que certains feignent de ne pas voir.
Sans trop alourdir le propos nous assistons à l’effondrement de l’ensemble du système frontalier tunisien. Il n’y a plus aucune digue. Les patrouilles mobiles ou fixes, les garde-frontières, les postes frontaliers, tous sont dépassés. Leur rôle est de faire une simple palpation et d’emmener les arrivant vers les villes et de les lâcher en pleine nature. Les arrivées nocturnes, celles introduites par les chefs mafieux depuis l’axe central du territoire sont convoyées directement vers les zones sous contrôle des Subsahariens à El Amra par exemple ou dans des lieux à l’intérieur des villes.
La Tunisie ne pratique aucune rétention, aucun enregistrement des personnes, pas de prises d’empreintes, ni prise d’ADN, pas même une base de données de personnes auxquelles on ne réclame, ni pièce d’identité, ni passeport. Aucun décompte n’est réalisé. En Tunisie, les étrangers, immigrés clandestins, circulent au vu et au su des autorités, parfois ramenés depuis la mer et depuis terre, sans aucun document. N’importe quel criminel, terroriste, trafiquant peut entrer, circuler et entamer une activité criminelle transnationale sans que personne ne le contrôle. De facto une économie criminelle, de blanchiment d’argent sale, de prostitution, de trafic de drogues s’est mise en place.
Depuis le Golfe de Guinée jusqu’à la point extrême du Cap Bon, une personne est mesure d’entreprendre un voyage et personne ni rien ne peut construire aucune traçabilité de son passage, ni de ce qu’elle transporte sur elle, ni son passé criminel.
Plus rien ne tient car rien n’a été repensé depuis les deux dernières années depuis notre premier article. L’effondrement du système frontalier a pris l’allure d’une vague, puisque la dispersion des personnes, en raison de l’immigration clandestine clanique a créé des clans là où les personnes se sont installées.
La Tunisie est en passe de devenir un archipel de nationalités africaines dont la densité est en train d’augmenter très rapidement. Les Ivoiriens, les Camerounais sont massivement présents. La prostitution ivoirienne a explosé. Des Soudanais, en filiation des janjawid sont présents. Des Kurdes étaient présents à Kerkennah.
Les arrivants se sont saisis de portions du territoire de la Tunisie, que certains parmi eux revendiquent ouvertement, où les autorités tunisiennes ont été tout simplement balayées. Certains se sont saisis de métiers et d’activités en fraude de la loi et avec la complaisance de chefs d’entreprises tunisiens véreux et mafieux.
El Amra est exemple, mais ailleurs, nous rencontrons dans les espaces urbains des phénomènes de tribalisation des espaces et de début d’expulsion des nationaux tunisiens des zones investies par les populations subsahariennes. A El Amra, vols, viols, violences avec armes, attaques contre les maisons, vol de nourriture. Le quotidien prend l’allure d’une guerre sociale contre les nationaux tunisiens.
En l’espace de deux ans, depuis notre premier article sur la question, ce que nous prenions comme hypothèse s’est malheureusement réalisé et constitue l’horizon probable du pays et le début de son effondrement social. En effet, des sociétés, des systèmes parallèles se sont constitués et se substituent progressivement à la société tunisienne originelle qui est poussé de plus en plus sur le trottoir pour prendre un terme qui frappe les esprits.
Des congrégations religieuses, certaines ambassades étrangères, des associations et les ONG, mais aussi des acteurs depuis l’étranger ont créé un appel d’air et un appel à un peuplement subsaharien de la Tunisie en lieu et place de la société originelle. Il ne s’agit plus d’installer quelques milliers de clandestins, absolument pas, il s’agit d’installer des peuples africains en entier dans un espace tunisien tribalisé. Cela s’appelle une multi-colonisation ou une colonisation multinationale de la Tunisie. C’est le ferment de la seconde étape de l’effondrement.
Dans un second temps, nous commençons à le voir d’ailleurs, les structures de l’Etat, incapables de résister à un phénomène pour lequel elles n’ont pas été créées ni proportionnées, se sont écartées pour laisser s’installer un phénomène par peur de le confronter. La police, la garde nationale, les gardes-frontières, s’écartent sur ordre ou par absence d’une politique claire et laissent entrer une invasion. C’est ce qui est en train d’arriver, accéléré par le funeste accord avec l’Italie qui a pris la population tunisienne en tenaille. D’un côté une invasion par la terre et de l’autre côté la zone SAR qui impose de repêcher en mer toute barcasse et de relâcher les personnes à terre et de les laisser dans les espaces urbains et ailleurs où ils créent des bantoustans qui à leur tour échappent à l’Etat, qui s’écarte pour laisser s’installer d’autres.
Le troisième temps est la substitution. Petit à petit, des secteurs, des espaces, des domaines économiques sont investis par des non-tunisiens en dehors de l’autorité de l’Etat tunisien, en dehors de tout contrôle. Ainsi, tous les subsahariens circulant en Tunisie n’ont aucun document officiel, très peu disposent de documents qui prouvent leurs nationalités. Les autorités ont perdu le contrôle sur une population dont elles ne connaissent ni le nombre, ni les nationalités, ni la composition, ni la démographie. Petit à petit, la Tunisie devient le dépotoir de toute l’Afrique. Certains secteurs de travail ont été investis par les subsahariens, le ramassage, mais aussi le bâtiment, sous prétexte d’indisponibilité des tunisiens, la mafia du travail clandestin efface les tunisiens du marché du travail local et leur substitue des subsahariens.
L’informel a grossi plus rapidement que dans un rythme économiquement explicable en raison de la présence des subsahariens sur le sol national. Les patrons véreux, les marchands de sommeil ont créé les conditions de l’exclusion et d’un racisme contre les tunisiens sur le sol de leurs ancêtres. Ils ont créé un secteur informel tournant autour d’une économie parallèle alimentant une société parallèle qui pousse dehors la société originelle tunisienne, notamment les franges les plus pauvres, les plus humbles. Nous l’avons constaté à El Amra, à Jébeniana et dans les environs des grandes villes. La concurrence pour le travail et pour le logement tourne totalement en faveur des clans subsahariens au détriment des Tunisiens dont l’appauvrissement s’accélère, accélérant ainsi leur départ par les voies de l’immigration clandestine.
Quatrième temps, c’est le temps des mafias à la place de l’Etat. Cette étape s’est enclenchée très tôt, elle est en cours et elle avance à une très grande vitesse. L’immigration clandestine s’est greffée sur l’économie de la contrebande, ce que nous avons appelé à maintes reprises les mafias des frontières qui agissent dans le champ politique.
De la contrebande, les mafias ont glissé vers le trafic d’êtres humains, ont créé autour du système frontalier effondré, une économie mafieuse qui agit par corruption, par pression, qui agit dans le champ sécuritaire comme elle a pu agir dans le champ économique. Dans le secteur sécuritaire, le contrôle de la frontière est passé entre les mains des mafieux de l’immigration clandestine qui achètent des droits de passage et qui rémunèrent l’effondrement du système frontalier. Il suffit de se poster aux environs de Hassi El-Frid.
Là aussi nous assistons à un glissement vers les trafics plus dangereux, notamment les drogues dures. Les mafias de l’immigration clandestine ont des contacts avec d’autres mafias dans le cadre des trafics transsahariens. L’étape prochaine, comme nous l’indique l’économie mafieuse, les trafics concerneront les armes de guerres qui vont immanquablement entrer sur le sol national. Ce n’est qu’une question de temps. Avec le retour du djihadisme et sa victoire au nord Mali, la Tunisie sera absorbée dans une ellipse de crises majeures qui va du Golfe de Guinée jusqu’aux rivages de la Sicile désormais.
Venir débattre de la démocratie dans un pays au bord de l’effondrement social c’est comme danser une valse joyeuse à côté du lit d’un mourant.
T.B.
Politologue