Tawfik Bourgou*
- Dire que l’Algérie s’opposerait à quiconque veut attenter à l’intégrité de la Tunisie signifie que ce pays a connaissance d’un projet d’actes hostiles
- Rester dans le flou des formules ridicules, types années 1960 ne donne pas à Tebboune plus de crédibilité qu’il ne croit en avoir
- La principale menace à court, moyen et long terme pour la Tunisie est l’invasion subsaharienne… qui passe par le territoire de l’Algérie et de la Libye
- L’Algérie a accepté l’effacement de la Tunisie et sa vassalisation dans le cadre de ses propres agendas, voilà ce que semble ignorer certains chroniqueurs
- Dans le sommet tripartite, rien n’a été dit sur les Etats africains pourvoyeurs de vagues migratoires vers la Tunisie et la Libye via l’Algérie
TUNIS – UNIVERSNEWS Le comportement du président algérien est une honte nationale pour la Tunisie. Les phrases sibyllines distillées dans le pur style stalinien sont un affront total vis-à-vis de son hôte qui semble acquiescer à un protectorat de facto. C’est une injure faite à l’armée nationale tunisienne. C’est inacceptable.
La Tunisie n’a pas besoin ni de l’Algérie et encore moins de son armée pour être défendue. Si on devait le faire, nous le saurons. Nous connaissons tellement bien le cas syro-libanais.
Dire à qui veut l’entendre que l’Algérie s’opposerait à quiconque veut attenter à l’intégrité de la Tunisie signifie que le président algérien a connaissance d’un projet d’actes militaires contre la Tunisie, on peut supposer qu’il en a fait part à son homologue tunisien, lequel devrait informer sa population de l’imminence d’une guerre.
Rester dans le flou des formules ridicules, types années 1960 ne donne pas à Tebboune plus de crédibilité qu’il ne croit en avoir.
Pour le pouvoir tunisien, sans un démenti clair ou sans la confirmation d’une atteinte à l’indépendance du pays, il accentuerait le doute quant à la vassalisation de la Tunisie vis-à-vis de son voisin sous son règne. Ce qui serait une première historique.
La principale menace à court, moyen et long terme pour la Tunisie est l’invasion subsaharienne, nous soulignons et employons à dessin le mot invasion. Cette invasion passe par le territoire de l’Algérie et de la Libye.
Pour rappel, l’Algérie qui se gargarise d’être la seconde ou la troisième armée d’Afrique, avec pas loin de 520 000 hommes en plus des 270 000 réservistes, ne voit pas passer malgré ses trois satellites, les colonnes des envahisseurs qui traversent les trois quarts de son territoire, certains passent par des points frontaliers situé en pleine 2e ou 3e régions militaires algériennes, sans compter les gardes frontaliers et la douane algériens.
Cette douane a embastillé un Tunisien pour une bouteille d’huile mais n’a pas vu une colonne de populations subsaharienne envahissant la Tunisie par trois points frontaliers depuis au moins cinq ans. Si ce n’est pas de la complaisance, c’est alors de la corruption. En tout cas, l’Algérie qui veut protéger la Tunisie est bien incapable de se protéger elle-même à moins qu’elle ne soit partie prenante de l’invasion ce que nous pensons depuis des années et sommes en capacité de le montrer.
A l’adresse de Tebboune on dira qu’en droit international, il s’agit d’un acte inamical. Sauf à avoir une version sadique de l’amitié, ce qui semble être le cas.
L’Algérie qui soi-disant veut protéger la Tunisie, devrait d’abord s’adresser aux pays africains avec lesquels elle partage des frontières et leur imposer, fut-ce par la force militaire, puisqu’elle en a les moyens, de retenir leurs populations. Ce qu’elle ne fait pas, car l’envahissement de la Tunisie fait partie d’un agenda algérien dans le cadre d’un bras-de-fer qui ne concerne la Tunisie en rien, celui du Sahara occidental, dans lequel l’Algérie a piégé la Tunisie, qui s’est laissée bêtement piégée dans une affaire marginale sans aucune importance pour la Tunisie. L’envahissement de la Tunisie et la submersion de l’Europe sert aussi l’agenda de Monsieur Poutine, ami de l’Algérie qui veut noyer les Occidentaux par des migrants afin de soulager le front ukrainien en créant des troubles en Europe du sud. Dans l’un comme dans l’autre cas, l’Algérie a accepté l’effacement de la Tunisie et sa vassalisation dans le cadre de ses propres agendas, voilà ce que semble ignorer certains chroniqueurs.
Au titre des menaces extérieures, autre que l’invasion par l’immigration clandestine subsaharienne, aucun Etat ne menace la Tunisie. Nous mettons au défi les autorités algériennes de poser ne serait-ce que l’ombre d’un début d’une preuve. La seule menace ce sont les frontières ouest et sud, soit l’Algérie et la Libye. Les seuls Etats qui menacent la Tunisie par négligence, ou par corruption ceux sont les Etats subsahariens, mais là, il incombe au chef de l’Etat tunisien d’agir, ce qu’il ne fait pas.
D’ailleurs dans le sommet tripartite, rien n’a été dit sur les Etats africains pourvoyeurs de vagues migratoires vers la Tunisie et la Libye via l’Algérie. Rien n’a été dit contre le Niger, le Cameroun, le Burkina Faso, la Cote d’Ivoire, le Mali, le Nigéria qui entretient une mafia de la drogue et de la prostitution. Il suffit de lire le communiqué final pour comprendre l’indigence du sommet.
Bien sûr, il y a eu l’affaire du « raccordement électrique ». Mais là aussi on dirait un pied de nez à Madame Meloni, qui avait déclaré la même chose il y a quelques jours à Tunis. A moins que ça ne soit le prélude d’une alliance de circonstance, un mariage morganatique algéro-italien faisait de la Tunisie le corridor énergétique et le dépotoir des immigrations africaines. Un hotspot en somme. N’est-ce pas la dernière innovation du pacte migratoire européen ?
L’Algérie a ses propres problèmes au sud de son territoire, elle serait bien avisée de s’en occuper tant qu’il est temps, notamment ses affaires avec le Niger. Elle aura trop à faire.
T.B.
* Politologue