- Les informations relayées sur les réseaux sociaux concernant l’annulation de plusieurs voyages vers la Tunisie n’ont aucun fondement
- La Tunisie figure en bonne place parmi les destinations privilégiées par les vacanciers algériens en 2023
- Je recommande la révision des lois et législations régissant les agences de voyages, qui datent de 1973, pour considérer l’agence de voyage comme un exportateur de services
TUNIS – UNIVERSNEWS – La tendance positive perçue lors de la saison 2022 semble perdurer sur l’hiver, laissant présager une année 2023 radieuse sur le plan touristique. On peut néanmoins s’attendre à ce que la reprise du tourisme en cours dans de nombreux marchés, principalement en Europe, aide à rétablir la confiance parmi les consommateurs et à accélérer le redressement du tourisme en Tunisie en 2023. Parallèlement au sursaut du tourisme international, le tourisme interne devrait continuer de porter le redressement du tourisme. Les explications d’Ahmed Bettaieb, Président de la Fédération tunisienne des agences de voyages (FTAV)
- Universnews : Comment évaluez-vous le parcours de la FTAV depuis votre élection à sa tête ?
Ahmed Bettaieb : La FTAV s’est affirmée comme une force vive au sein de la filière touristique, un partenaire incontournable avec qui il a fallu compter. Elle continuera en 2023 à frapper du poing sur la table quand il le faudra pour défendre bec et ongles les intérêts des agences de voyage tunisiennes. Pour cette raison, elle compte sur ses adhérents pour faire évoluer le métier, pour s’adapter aux nouvelles attentes du consommateur. Bref, nous devons être des architectes du voyage et travailler ensemble pour faire avancer notre profession, étant donné que la conjoncture est trop difficile.
- Pouvez-vous d’ores et déjà dresser un premier bilan de la saison 2023?
L’activité touristique a repris en Tunisie. Au fil des mois, la fréquentation des hôtels retrouve des couleurs. Malgré d’importantes disparités, la plupart des régions et professionnels du tourisme reconnaissent un bon cru, durant l’hiver. Donc, comme vous pouvez le constater, c’est une saison de reprise, après deux années de crise jamais connue auparavant, et ce avec le retour des marchés classiques de la Tunisie. Les informations relayées sur les réseaux sociaux concernant l’annulation de plusieurs voyages vers la Tunisie n’ont aucun fondement. C’est de l’intox.
Cette reprise exige une restructuration de notre métier d’agent de voyage nécessitant des mesures exceptionnelles de soutien financier pour assurer la mise à niveau de nos agences afin de pouvoir répondre à la demande du marché. La profession veut décoller .Mais le manque de moyens financiers après une chute terrible du chiffre d’affaires due au Covid, n’a pas permis à de nombreuses agences d’investir, depuis 2 ou 3 ans, dans l’entretien des infrastructures et le renouvellement du parc roulant, devenu trop cher avec l’inflation qui touche le monde entier. L’activité souffre aussi des intrus à la profession qui s’adonnent à des activités légalement du ressort des agences de voyages, sans avoir à supporter les frais, les obligations et les charges auxquels nous sommes soumis
- La FTAV vient de participer au Salon international des voyages et transports à Oran. Qu’est-ce que vous attendez de ce marché ?
La FTAV a été représentée à ce salon par Sobhi Saïdi, vice-président chargé des Sections Régionales des Agences de Voyages, Karim Jaziri Président FRAV Centre Sahel ainsi que Zeineb Zayani, secrétaire générale de FRAV Centre Sahel. Ce fut un échange d’idées, de prise de contacts, de promotion de la destination, de proposition de nouveaux produits.
Cette manifestation, qui vise à mettre en valeur des potentialités de la Tunisie comme destination touristique, constitue un espace de rencontres entre opérateurs actifs dans les domaines du tourisme, des voyages, du transport et de l’hôtellerie. Le marché algérien reprend sa vitesse de croisière. C’est un bon signe. La Tunisie figure en bonne place parmi les destinations privilégiées par les vacanciers algériens en 2023, et ce, sur la base des premières tendances qui se dégagent chez les principales agences de voyages. 2.500.000 algériens sont attendus en 2023
- Est-ce que l’aérien suit ?
Le déséquilibre entre l’offre et la demande a entraîné, comme vous l’avez certainement constaté, une flambée du prix des billets qui a desservi la compétitivité de notre destination par rapport à la concurrence. Nous restons donc encore tributaires des vols charters des compagnies étrangères ou des TO, qui dans le contexte actuel, et vu le peu de visibilité, n’ont pas encore pris beaucoup de risques sur la Tunisie. Nous espérons que vu le retour de la demande qui se confirme cette saison, plus de vols seront programmés en 2023
- Mais malgré vos efforts, plusieurs chantiers n’ont pas encore été abordés ?
Il faut à ceci une volonté politique. Le ministère du tourisme ne pourra pas seul résoudre tous les dossiers. Aux décideurs politiques de prendre les décisions là où il faut. Le tourisme touche à tout et tous les ministères sont impliqués. Je recommande, à cet effet, la révision des lois et législations régissant les agences de voyages, lesquelles datent de 1973, appelant à reconnaître le rôle de ces agences comme entreprises d’exportation des services et de promotion de la destination Tunisie.
- Comment peut-on assurer la pérennité des agences de voyages ?
Pour assurer sa pérennité, le secteur doit se régénérer, se réinventer et innover, engager sa mutation basée sur ses acquis, mettre en place un nouveau tourisme en sortie de crise, qui soit plus durable, plus participatif et plus numérique, s’adapter à d’autres modèles économiques et réussir sa migration vers de nouveaux écosystèmes.
M.S.