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Envoi folklorique, par le patron de Carthage, d’une missive manuscrite à son homologue à la Kasbah
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Après sa révélation d’être un extraterrestre, Kaïs Saïd tient un langage d’une autre époque et d’un autre monde
Encore un épisode du feuilleton qui s’éternise entre le président de la République et le chef du gouvernement, entamé depuis le jour où Kaïs Saïed s’est immiscé dans la question de la formation du gouvernement qui revient, sans la moindre équivoque au patron de la Kasbah.
On se rappelle que le chef de l’Etat s’est ingéré publiquement et de la manière la plus humiliante en recevant le fameux Walid Zidi, non voyant, écarté par le chef du gouvernement chargé suite à son post Facebook assurant qu’il ne veut pas du portefeuille de ministre de la Culture.
Depuis, c’est le jeu de cache-cache entre les deux têtes de l’exécutif et qui a atteint son comble, aujourd’hui avec l’envoi d’une missive manuscrite remise à son directeur du protocole pour la porter à son destinataire tout en le sommant de ne retourner qu’avec la décharge attestant de sa réception. Le comble du ridicule ! Et comme dit le proverbe bien de chez nous, « trop de soucis fait rire… »
En effet, trois semaines après le vote de confiance par l’ARP au remaniement ministériel, le président de la République répond aujourd’hui par une correspondance manuscrite, comme au temps des Sultans et des Beys, pour reprendre les mêmes argumentations ressassées tout le long de la période écoulée.
En réalité, que veut Kaïs Saïed ? Concrètement, rien. Ou plutôt l’annulation du remaniement ministériel auquel il aurait pu s’opposer alors qu’il était en gestation ou même lorsque Mechichi est allé le voir pou l’en informer.
Pire. Même après le remaniement, il a laissé passer plus d’une semaine pour dire que le remaniement n’a pas respecté certaines procédures réglementaires que le chef du gouvernement s’est empressé de rectifier.
Ensuite, et en dépit des demandes pressantes de toutes parts pour révéler les noms des ministres sur qui pèsent de présumés soupçons de corruption, Kaïs Saïed a fait la sourde oreille se contentant de dire que les érudits en droit constitutionnel sont des ignares. Bien entendu, à part lui-même et, peut-être, Amine Mahfoudh qui défend avec acharnement les thèses du chef de l’Etat, alors qu’en réalité et de l’avis unanime de tous les spécialistes, y compris le Tribunal administratif, seule la Cour constitutionnelle, en attente de mise en place, est habilitée à trancher.
Et en ce jour où Mechichi, qui en a eu marre d’attendre une réponse justifiée et argumentée, a décidé de limoger les ministres, devant partir suite au remaniement et de nommer de nouveaux membres pour les remplacer par intérim, Kaïs Saïed, s’est décidé à bouger. Et de quelle manière !
Après avoir avoué, lui-même qu’il venait d’une autre planète, il fait savoir, d’une manière indirecte, qu’il appartient à une autre époque de l’Histoire sans oublier que pour lui, en respectant la justice, il ne faut pas se contenter de ce qui se passe dans ce « bas-monde », mais de penser à ce qui devait être dans « l’au-delà » !!! Qui dit mieux ?
D’ailleurs, la séquence où le président de la République remet le manuscrit au directeur du protocole et lui fait ses recommandations aurait été retirée du site officiel de la présidence de la République !
Morale de l’histoire : Si Hichem Mechichi avait dû démissionner dès le premier jour où le chef de l’Etat a commencé par lui marcher sur les plates bandes de ses prérogatives, il n’en est plus question aujourd’hui.
D’ailleurs, on est étonné des voix qui exigent la démission du chef du gouvernement ! Savent-ils que même en cas de démission, il y a de fortes probabilités qu’il reste à La Kasbah jusqu’à l’été en tant que patron de La Kasbah ?
Pourquoi critique t-on la nomination de ministres par intérim, notamment du côté d’Attayar, alors qu’ils n’ont émis aucune objection lorsque Fakhfakh l’a fait alors qu’il était un simple chef de gouvernement liquidant les affaires courantes ?!
Et puis pourquoi demande t-on à Mechichi de quitter le navire alors que la responsabilité de la crise incombe au président de la République qui se recroqueville dans son palais sans la moindre communication claire
Sans défendre le chef du gouvernement qui a une bonne part de responsabilité dans les événements récents, il serait plus décent de réclamer des comptes aux deux, plus particulièrement au chef de l’Etat qui serait enclin, selon ceux qui l’ont côtoyé de près, à agir d’une manière arbitraire et unilatérale !…
Noureddine HLAOUI