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Le taux est très élevé et optimiste par rapport aux prévisions de plusieurs experts qui, dans les meilleurs des cas, ont avancé une croissance de seulement 2,1%
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Elaborer le PLF 2025 sur une hypothèse trop optimiste aura certainement des conséquences néfastes et bouleversera certes les calculs du gouvernement
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L’endettement intérieur aura également un effet négatif sur l’économie puisque cela va toucher directement le système bancaire et l’épargne nationale
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Le PLF aurait dû consacrer une grande partie à l’investissement et deux autres parties aux entreprises publiques et aux réformes, mais malheureusement, la grande partie a été exclusivement consacrée à la fiscalité
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L’économie tunisienne a besoin au moins de 5% de croissance, ce qui n’est pas et une bonne partie de la classe moyenne va se retrouver devant des difficultés financières énormes
TUNIS – UNIVERSNEWS (SEF) – Dans une déclaration accordée, ce jeudi 21 novembre 2024, à UNIVERSNEWS, Aram Belhadj, docteur en sciences économiques a affirmé que le projet de loi de finances 2025 a été élaboré sur une hypothèse de 3,2% de croissance, qualifiant toutefois, ce taux de très élevé et optimiste par rapport aux prévisions de plusieurs experts en la matière et des institutions financières internationales à l’instar de la Banque Mondiale (BM), du Fonds Monétaire International (FMI) ou encore la Banque Africaine de Développement (BAD) qui, dans les meilleurs des cas, ont avancé une croissance de seulement 2,1%.
« Il me semble qu’une hypothèse de 3,2% de croissance en 2025 est trop optimiste et difficile à atteindre et le fait d’élaborer un projet de loi de finances sur une hypothèse trop optimiste aura certainement des conséquences néfastes et bouleversera certes les calculs du gouvernement aussi bien au niveau des dépenses que des recettes », a-t-il dit.
Outre la croissance économique, Aram Belhaj a exprimé son étonnement vis-à-vis de la structure des ressources d’emprunt : « Aujourd’hui, on compte beaucoup plus sur l’endettement intérieur et cela aura également un effet négatif sur l’économie puisque cela va toucher directement le système bancaire et l’épargne nationale. Des sommes importantes à lever sur le marché national signifie un recours excessif aux emprunts obligataires et à l’épargne », a assuré Aram Belhaj, rappelant ainsi du projet d’amendement du statut de la Banque Centrale de Tunisie (BCT) qui devrait permettre à l’Etat tunisien d’emprunter directement de cette institution financière.
Il a par ailleurs expliqué que le recours excessif aux emprunts obligataires et à l’épargne national a des conséquences néfastes sur l’investissement, avant d’estimer que l’Etat tunisien s’endette généralement sur le marché intérieur non pas pour investir, mais plutôt pour payer les salaires et rembourser le service de la dette.
Aram Belhaj a en outre déploré le faible budget alloué à l’investissement et de son effet négatif sur la croissance et l’économie générale du pays.
Il a d’autre part indiqué que bien que le PLF 2025, bien qu’il incarne de nouvelles incitations et mesures permettant de renforcer l’économie verte et la lutte contre la pollution, porte plusieurs lacunes qui sont principalement liées à l’absence des mesures qui encouragent l’investissement : « Ce projet de loi aurait dû consacrer une grande partie à l’investissement et deux autres parties aux entreprises publiques et aux réformes à engager mais malheureusement, la grande partie a été exclusivement consacrée à la fiscalité », a-t-il dit.
Et d’estimer que les mesures fiscales n’ont touché que le barème de l’IRPP et l’IS : « L’idée est bonne mais les conséquences seront néfastes surtout sur une partie de la classe moyenne et sur les sociétés qui vont certainement s’abstenir d’investir à cause de cette nouvelle imposition qui ne sera plus calculée sur les bénéfices mais plutôt sur le chiffre d’affaires. Du coup, il ne faut pas attendre, selon lui, à ce que le climat des affaires connaisse une amélioration durant cette année.
De même, ce projet de loi ne peut en aucun cas créer un nouveau dynamisme ni relancer la croissance car il ne touche rien en profondeur, ni la fiscalité, ni la subvention ou encore les entreprises publiques, selon ce qu’il a dit.
Il a dans le même cadre indiqué que le PLF 2025 ne va pas permettre d’atteindre les objectifs escomptés notamment au niveau de l’investissement et du développement. Ainsi, la croissance sera très faible et loin des besoins de l’économie nationale.
Selon lui, pour redémarrer, l’économie tunisienne a besoin au moins de 5% de croissance au titre de cette année, ce qui n’est pas possible de le faire. Au contraire, une bonne partie de la classe moyenne va se retrouver devant des difficultés financières énormes suite à la dégradation de son pouvoir d’achat tout comme les entreprises qui ne vont plus investir à cause de cette nouvelle imposition sur le chiffre d’affaires.
« C’est un projet de loi qui ne répond pas aux besoins de notre économie et j’espère que les députés de l’ARP apporteront les amendements nécessaires », a-t-il ajouté.