«Chawq» au festival d’Hammamet: Un grand moment de théâtre!

TUNIS – UNIVERSNEWS – « Chawq » une pièce de théâtre signée par Hatem Derbal et produite par le Centre des Arts Dramatiques et Scéniques de Ben Arous a été présentée hier soir au festival d’Hammamet. Elle dépeint l’âme humaine, ses contradictions, son envie d’amour, ses désirs enfouis et ses remords. « Chawq », dont l’écriture est collégiale d’après un texte initial de Hamdi Hmaïdi, est mise en scène par Hatem Derbal et Moez Achouri est servie avec intelligence par des comédiens remarquables dont Emel Ferji, Nedra Toumi, Meriem Ben Hassen, Abdelmonem Chouyette et Hamadi Bejaoui. Une mise en scène sans artifices, qui éclaire cette pièce avec justesse pour nous raconter une histoire de famille, parfois drôle, mais au fond très désespérée. Un grand moment de théâtre!

« Chawq » est à la base tirée d’un texte du metteur en scène français Jean-Luc Lagarce, « Derniers remords avant l’oublié » et pour cette version Sergio Gazo s’est occupé de la scénographie et de la conception vidéo, Rihanna Abbes du costume, Mourad Mabkhout de la lumière et Youssef Bouajaja du son.

La pièce raconte l’histoire du retour du fils aîné au bercail après une longue période pour tenir au courant sa famille d’une maladie qui l’a terrassée. Se rapprochant de la mort à grands pas, des choses se remettent en question et la notion de « solitude » est repensée. « La famille » et « la mort », sont les deux notions clés de la pièce, à travers lesquelles les personnages de « Chawq » se confrontent, se confondent et se dénudent. Les mots sont importants .Les personnages répètent, reformulent, s’interrogent sur la définition de tel ou tel mot, hésitent, expliquent. Ils savent ou présentent qu’une parole peut-être définitive, qu’un mot peut tout gâcher. Alors ils sont vigilants, attentifs à leur propos… et malgré cela, aucun dialogue réel ne se met en place. Les personnages sont tellement attentifs à ce qu’ils disent, qu’ils en oublient d’écouter l’autre. Pourtant, à travers ce dialogue, émergent tous les non-dits, les rancœurs accumulées au fil des ans, la peur de l’avenir, le deuil difficile d’une part de leur jeunesse.

Le jeu est direct, sans affect. Les acteurs se dévoilent à la surface des choses, dissimulés sous l’apparence des mots qu’ils prononcent. Non-dits, sujets tabous, blessures anciennes… La pièce est tellement réaliste. Les personnages ont beaucoup de caractère et sont bien interprétés par une distribution joyeuse, heureuse de jouer. Le tout dans une mise en scène dynamique, originale et bien pensée. Lumières, musique, scénographie, rythme. Dans cette mise en scène de Hatem Derbal et Moez Achouri, on tente de se parler, on tente de se rencontrer, on tente de laisser de côté les griefs du passé pour résoudre les affaires du présent. Empêtrés dans une histoire trop forte, les personnages doivent trouver les mots, et traverser cette journée sans trop d’encombre. La part belle est donc faite aux personnages et à leurs trajectoires.

M.S.