
Tawfik BOURGOU
-
C’est le début d’une autre ère qui semble ne pas correspondre à ce qu’attendaient certains des amis, ou certains des thuriféraires de la Russie, des BRICS ou de l’ordre mondial alternatif
-
Après avoir vendu la Syrie à la Turquie et à Israël, Poutine est en passe de lâcher l’Iran et possiblement la Chine
-
Ceux qui comptaient sur la Russie, la Chine et les BRICS devront vite déchanter… La Russie et la Chine sont des pays capitalistes comme les autres.
-
Dans la période qui s’ouvre, celle des grandes puissances mercenaires, les Etats-Unis n’aident que ceux qui payent au comptant et immédiatement
-
Obama avec un sourire gentil et entre deux blagues a démoli le monde arabe stable, dont la Tunisie, et il l’a livrée à la pire classe politico-mafieuse de son histoire
TUNIS – UNIVERSNEWS – Rome a eu Brutus, Washington a son « Brutal », un homme d’affaires grimé en président flaqué de la pire équipe possible à en juger par les curriculums vitae respectifs du vice-président, du secrétaire à la défense et même du secrétaire d’Etat. En quelques heures, les Etats-Unis sont passés de la diplomatie par la force (douce ou violente) à la diplomatie du traquenard, comme à Rome au temps de César. La victime ? Zelensky, une de leurs créatures, un des rejetons des révolutions colorées made in USA, même si on peut lui reconnaitre le courage de s’opposer au Brutal et ses acolytes. En ces temps de servilité et de brutalité, Zelensky a en quelques phrases, montré à la face du monde la nature profonde des Etats-Unis : la force et l’intimidation. La démocratie et le droit ne sont que des balivernes servies aux idiots qui y croient.
Justement, quelques jours avant Zelensky, un des rejetons des révolutions arabes made in USA était en déplacement chez ses amis pour relancer la «Démocratie dans le monde arabe» à en croire la ridicule banderole qui trônait derrière lui. Le jour même ses amis, bienfaiteurs, ceux qui l’ont créé, expulsaient douze étudiants tunisiens et songent désormais à fermer l’ambassade, là où il a exercé ses talents dans le département de l’agriculture (nous savons d’ailleurs que ce département ne s’occupait pas que d’agriculture) et ne maintenir qu’une ambassade à Rabat pour toute l’Afrique du Nord. N’oublions pas l’air servile du Roi de Jordanie et les claques distribuées à tous ceux qui ont le malheur de croiser la route du Brutal de Washington ou qui s’invitent à la Maison Blanche.
C’est le début d’une autre ère qui semble ne pas correspondre à ce qu’attendaient aussi, certains des amis, ou certains des thuriféraires de la Russie, des BRICS ou de l’ordre mondial alternatif. Eux aussi ont été floués par le maitre du Kremlin. Après avoir vendu la Syrie à la Turquie et à Israël, Poutine est en passe de lâcher l’Iran et possiblement la Chine dans le cadre d’un nouveau partage au moins partiel du monde. La Russie gardera son morceau d’Ukraine et les Etats-Unis prendront un bout plein de ressources. Israël aura son bout de Syrie et du Liban, la Turquie a déjà le reste avec Al Joulani comme factotum aussi bête que servile. Ceux qui comptaient sur la Russie, la Chine et les BRICS devront vite déchanter. La Russie et la Chine sont des pays capitalistes comme les autres. Ceux qui se croient à l’abri derrière Meloni, se trompent aussi, elle est en transaction avec tous à la fois. Elle vendra tout le moment venu. La Libye est objet de discussion en ce moment.
Quant à ceux qui se croient indispensables du haut de leurs égos surdimensionnés au point de demander l’assistance de Trump pour avoir un trône, ils semblent ignorer que les Etats-Unis ne s’intéressent qu’aux pays solvables. Ils semblent aussi ignorer que dans la période qui s’ouvre, celle des grandes puissances mercenaires, les Etats-Unis n’aident que ceux qui payent au comptant et immédiatement. Désormais l’action ne passe plus par les Soros et Freedom House, ce sera par le biais des sociétés militaires privées, plus connues par le qualificatif « sociétés de mercenaires ». La Russie a eu son Wagner pour piller l’Afrique, les Etats-Unis ont Bacroft, déjà présente en Libye, rappelons-nous l’Irak avec Blackwater et Halliburton.
La période qui s’ouvre n’est pas plus différente que les précédentes. Seuls les échanges sont moins polis et plus directs. George Bush Jr a provoqué la mort directe ou indirecte d’un demi millions d’Irakiens et démoli le Moyen-Orient sous de fallacieux prétextes avec des phrases sibyllines, Obama avec un sourire gentil et entre deux blagues a démoli le monde arabe stable, dont la Tunisie, il l’a livrée à la pire classe politico-mafieuse de son histoire. Lui et ses acolytes ont démoli la Libye et l’ont livrée à une nuée de milices. C’est d’une remarquable continuité, seul le langage a changé. Un dix-neuvième siècle avec les outils du vingt-et unième. Voilà la différence.
L’accord Poutine-Trump tient plus du Congrès de Berlin de 1884 que du Congrès de Vienne de 1814. C’est une vulgaire course aux ressources qu’une volonté d’asseoir le monde sur de nouveaux principes. Mais rappelons-nous, lorsque les troupes américaines sont entrées à Bagdad en avril 2003, ils ont d’abord été prendre et sécuriser le ministère du pétrole. En face des pillards étaient en train de mettre à sac le Musée de Bagdad dont certaines des pièces ont été vendues à New York. Mais l’armée américaine n’a rien fait pour dissuader les pillages. Seules les ressources intéressent les États mercenaires ce que les États-Unis semblent être devenus. Sous Obama et les printemps arabes ce n’était guère mieux : des pillards ont été mis à la tête des pays pour les ouvrir à d’autres pillards. La Tunisie est un exemple d’illustration majeur. Seule différence notable est que le pillage aujourd’hui concerne l’Europe occidentale qui est sommée de s’armer chez l’oncle Sam, de force ou de gré, de payer des droits de douane et de financer l’abyssal déficit américain.
Quant aux pays pauvres, ils fourniront le contingent des zones grises qui seront livrées aux milices hybrides armées par les puissances de second rang. Déjà la Turquie a dépêché des mercenaires issus des pays de l’Asie centrale en Syrie et Israël est en train de créer une force Druze dans la partie qu’elle occupe en Syrie. En Libye on verra apparaitre des milices sous la férule de la Turquie et du Qatar regroupées sous une quelconque bannière. L’aide au développement sera au moins diminuée ou même arrêtée. Déjà en Afrique subsaharienne des tensions commencent. La montée vers le nord, vers nos frontières sera massive. Rappelons-nous juste que celui qui fait récemment le voyage aux États-Unis pour réclamer l’aide de Trump a été de ceux qui ont ouvert le pays à un peuplement subsaharien de la Tunisie.
Il est en retard d’un épisode.