
De Barack Obama à Donald Trump, les Etats-Unis fossoyeurs de la Tunisie moderne.
Tawfik BOURGOU
- La tâche du futur ambassadeur américain à Tunis, qui est déjà précédé par une ingérence directe dans les affaires du pays dans lequel il vient d’être nommé.
- La raison d’un soudain intérêt est à chercher dans l’œuvre et la patte d’un lobbyiste américain d’origine tunisienne
- Ces mêmes membres du Congrès n’ont pas versé une larme sur la démocratie syrienne quand leur président a rencontré le terroriste Al Joulani en grande pompe
- Les Etats-Unis ont été de vulgaires pompiers pyromanes comme ils l’ont toujours été. Et il n’est pas nécessaire de dresser la liste des pays victimes de ses ingérences
- La relation toxique avec les Etats-Unis mise en place à partir de 2011 a démoli les autres relations créant une sorte de vide et un huis clos
- La démolition de l’Etat tunisien avait permis à l’Islam politique de lever une armée de 9000 djihadistes, partis sur demande américano-qatari, participer aux immondes tueries en Syrie et ailleurs
Tunis, UNIVERSNEWS (Tribune) – Afin que les choses soient claires pour tous, nous ne sommes les supporters politiques de personne, nous n’avons aucune sympathie pour personne dans la classe politique passée ou actuelle. Ceci pour lever toute ambiguïté.
Des membres du congrès américain, manifestement émargeant dans la caisse d’un microscopique Emirat, ont introduit une motion pompeusement intitulée « Retour à la démocratie en Tunisie ». Outre l’incongruité de l’intitulé sur lequel nous allons revenir, les membres du Congrès vont compliquer la tâche du futur ambassadeur américain à Tunis, qui est déjà précédé par une ingérence directe dans les affaires du pays dans lequel il vient d’être nommé.
Le nouveau diplomate est déjà un indésirable avant de présenter ses lettres de créance. Nommé ambassadeur, le voilà avec le costume d’un Paul Bremer, l’inénarrable proconsul destructeur de l’Irak, de sinistre mémoire.
Une fièvre démocratique semble avoir contaminé des membres du congrès américain, (républicains et démocrates), dont certains ne sont même pas capables de situer la Tunisie sur la carte du monde, quand d’autres sont connus pour être des obligés de quelques émirs du Moyen-Orient. La raison d’un soudain intérêt est à chercher dans l’œuvre et la patte d’un lobbyiste américain d’origine tunisienne. Il est vrai qu’il avait été frustré que sa fille n’avait pas été nommée dans un ministère en Tunisie du temps de Ghannouchi. Il doit avoir la haine tenace. Tout le monde aura reconnu de qui il s’agit.
Il serait utile de rappeler le bilan de l’action américaine en Tunisie, en faveur de ce qu’ils appellent pompeusement « une démocratie » qui, en réalité fut une chienlit sous la férule des pires rétrogrades possibles, les frères musulmans, groupe que les mêmes membres du Congrès, s’apprêtent à classer comme groupe terroriste.
Ces mêmes membres du Congrès, manifestement de grande intelligence, n’ont pas versé une larme sur la démocratie syrienne quand leur président a rencontré le terroriste Al Joulani en grande pompe. Parmi ceux qui s’apprêtent à crucifier la Tunisie, certains font partie des lobbies chrétiens intégristes, qui paradoxalement n’ont pas versé une larme sur les chrétiens syriens lapidés par le régime daechiste de Damas. Il semble que ces mêmes membres ont de la démocratie une vision à géométrie variable. Une vision bien américaine en somme.
Mais revenons à l’argument central des défenseurs américains de la démocratie en Tunisie. Ils avancent, il est vrai un argument implacable : « Nous vous offrons des fonds, donc vous devez vous conformer au modèle que nous vous imposons. »
Autrement dit, les Etats-Unis achètent les régimes des pays auxquels ils transfèrent fonds et armements. Ceci est vrai et c’est la diplomatie de la transaction qui n’est pas l’invention de Monsieur Trump. On peut leur accorder cela et les Etats-Unis sont fondés à le demander, c’est l’argent du contribuable américain.
Nous l’avons souligné ici à maintes reprises, l’amitié entre les peuples est une baliverne ridicule, une faribole pour les idiots. Quand un pays aide un autre, il est en droit d’attendre une contrepartie. C’est ce que beaucoup de Tunisiens ne semblent pas avoir compris. C’est ce que nous appelons les aides toxiques de vassalisation d’où qu’elles viennent, y compris (on dira surtout) des pays arabes et musulmans. Personne ne déroge à cette règle, y compris le voisin de l’ouest.
Fallait-il que les Tunisiens acceptent une telle vassalisation dictée par l’accord signé avec Obama par Béji Caïd Essebsi ? Assurément non, car rien de bon ne vient de ce type de relation. Ce que nous disons à l’endroit de l’accord avec les Etats-Unis, nous l’avons dit de l’accord avec l’Italie. Les mêmes causes produisent toujours les mêmes conséquences.
Néanmoins, il y a deux points que les membres du congrès semblent passer sous silence dans les accords passés avec la Tunisie et dans bien d’autres pays. Le premier point concerne la conditionnalité.
Les administrations américaines auraient dû ab initio mentionner la relation directe entre transferts de fonds, aides et type de régime à mettre en place et surtout sa conformité à ce que les Américains veulent, ils auraient dû mentionner expressis verbis la mise sous tutelle et la volonté de faire de la Tunisie une sorte de Porto-Rico de la Méditerranée. Ce qu’ils n’ont pas fait. Car s’ils avaient été plus précis et transparents, il est vraisemblable que personne, sauf bien évidemment leurs amis les islamistes, n’aurait accepté un tel accord.
D’ailleurs, Joe Wilson qui a bien d’autres casseroles dans sa vie privée, demande purement et simplement un remboursement à la Tunisie. Vu sous cet angle, l’aide américaine prend une direction qui fait penser sur la Tunisie la menace d’une trajectoire haitienne !
Lisez l’histoire de Haïti, vous comprendrez que les responsables tunisiens ne lisent pas l’histoire avant de signer des accords et des traités. Ce que nous disons de l’accord stratégique signé avec les Etats-Unis, du temps de Béji Caïd Essebsi sous la direction de Mohsen Marzouk et avec la bénédiction d’Ennahdha, nous l’avons dit de l’accord avec l’Italie.
Le second point que soulève la motion du Congrès américain concerne la nature, la destination et l’impact de l’aide en question. S’agissant de l’aide sécuritaire. Les Etats-Unis ont transféré des moyens et des fonds pour juguler des menaces terroristes qui étaient la conséquence directe de leur ingérence en Tunisie sous la Présidence Obama. Le surplus d’aide militaire versé l’est depuis 2011 et correspond à la montée de la menace terroriste induite par la destruction de l’Etat tunisien postindépendance sous la férule du couple Obama-Clinton, par suite de l’adoubement par les Etats-Unis, des frères musulmans comme acteur de la transformation de l’Afrique du Nord et du Moyen-Orient au moyen du djihadisme terroriste.
De fait on peut dire que les Etats-Unis ont été de vulgaires pompiers pyromanes comme ils l’ont toujours été. Est-il nécessaire de dresser la liste des pays victimes de ce type d’ingérences ? A loisir, ils peuvent lire deux ouvrages : Kennedy’s Wars, Obama’s Wars, sans oublier la guerre d’Irak qui a eu pour conséquence la mort directe ou indirecte de 500 000 irakiens. Cette guerre à notre connaissance, fut une suite de crimes de guerre et de crimes contre l’humanité. Est-il nécessaire de leur rappeler Abou Gharib ? Certainement pas. Il leur suffit de regarder de près leur propre histoire.
Fallait-il que la Tunisie se jette dans les bras des Etats-Unis en 2011 ? Au vu du résultat, assurément non. La Tunisie s’est détruite de s’être laissée instrumentalisée par les Etats-Unis dans le cadre du projet Obamien d’un concordat planétaire avec l’islam politique dans lequel la Tunisie a servi de laboratoire et les Tunisiens de rats de laboratoires. Le bilan de l’ingérence américaine en Tunisie entre 2011 et 2025 est dramatique et si aujourd’hui la Tunisie se trouve dans une relation toxique avec l’Italie, c’est à cause de l’ingérence américaine qui a démoli l’Etat tunisien post indépendance, qui a été livré, sur injonction de Madame Clinton aux rétrogrades islamistes dont certains avait été liés à la nébuleuse qui a perpétré les attaques du 11 septembre 2001 contre leur propre ami : les Etats-Unis.
La relation toxique avec les Etats-Unis qui se met en place à partir de 2011 sous la férule de Ghannouchi et de ses acolytes a démoli les autres relations entre la Tunisie et d’autres pays créant autour de la Tunisie, une sorte de vide, un huis clos. Ce vide diplomatique ayant pour objectif l’enrôlement de la Tunisie dans un projet de transformation de l’Afrique du Nord et du Moyen Orient a entraîné une conséquence majeure pour la vie des Tunisiens.
La démolition de l’Etat, la fin du contrôle étatique des frontières et l’effacement de toutes les digues permettant ainsi à l’Islam politique de lever une armée de 9000 djihadistes, partis sur demande américano-qatari, participer aux immondes tueries en Syrie et ailleurs.
Voilà la conséquence directe de la démocratisation de la Tunisie sous férule américaine. En contrepartie d’armes déclassées, essentiellement utilisable dans la lutte anti-terroriste la Tunisie a aliéné son indépendance.
Nous ne sommes pas de ceux qui se réjouissent de la réapparition aussi soudaine qu’intéressée des Etats-Unis dans l’actualité tunisienne, nous savons que leur venue est synonyme de malheurs et de destructions, nous connaissons si bien leur histoire politique pour l’avoir enseignée et connu des années durant, y compris en ce qui concerne les jeux politiques internes.
Ceux qui se réjouissent de la future motion du congrès contre leur propre pays, devraient se pencher sur le sort de Chalabi, l’homme de l’invasion américaine. A l’indignité du vassal, ils se rajouteraient l’opprobre de l’histoire.
Tout est dit dans des termes directs et crûs, le temps n’est plus aux politesses, ni aux finasseries diplomatiques.
T.B.
Politologue